Bruno Wouters

13 DÉC 2009

K comme Kolossale!

BMW avait bluffé tout le monde en 2004 en présentant à Intermot sa K 1200 R, un roadster bodybuildé complètement extraverti. Ce roadster tout en puissance et en extravagance développe dorénavant 173 ch pour 243 kg tous pleins faits. Comme sa devancière, qui dérivait étroitement de la K 1200 S, la K 1300 R reprend toutes les évolutions de la 1300 S.

Le gros de l'évolution se situe, bien entendu, au niveau du moteur qui gagne près de 140cc, par une augmentation de la course et un réalésage d'un mm. Conséquence immédiate: un gain de 13 Nm (140Nm) et de 10 ch (173 ch), mais la K 1300 K, à l'instar de la K 1200 R, conserve un rapport de démultiplication final plus court, histoire de rester cohérent avec la définition "roadster" de l'engin. Les évolutions de la boite de vitesses apparues sur la S sont reprises aussi, ainsi que le très jouissif shifter, dont nous ne nous lassons pas!

Héritage de la "S"

La K 1300 S a évolué au niveau du châssis, la R fait de même avec une géométrie revue au niveau du train avant. Le roadster reprend aussi le tarage dorénavant plus ferme des combinés ressorts/amortisseurs à gaz. La R se différencie de la S par la taille de son pneu arrière, un 180/55 x 17, mais notre moto d'essai était équipée de la roue sport de 6" et d'un pneu de 190/55 x 17. Mêmes similitudes pour les équipements en option. La K 1300 R bénéficie à la demande du réglage de suspension ESA II. Pour rappel, ce système permet de régler, par le simple actionnement d'un bouton au guidon, l'amortissement des deux combinés, mais aussi la précontrainte du combiné arrière. Le freinage EVO est reconduit, mais, contrairement à la K 1300 S, l'ABS n'est livré ici qu'en option. Notre K 1300 R était aussi nantie du bloc instruments "HP" apparu sur la HP2 sport. Développé en collaboration avec société 2D Systems, ce combiné dispose d'un grand visuel numérique. En mode route, le pilote reçoit les infos habituelles comme la vitesse, le régime moteur, le kilométrage ou l'heure.

Querelle des Anciens et des Nouveaux

En mode "race", le visuel affiche des indications telles que les temps ou tours, le régime maxi, la vitesse de pointe ou le nombre de passages de rapports. Autant vous le dire tout de suite, nous n'avons pas été du tout convaincus! En mode route, il affiche moins d'infos que le tableau classique et il est, dans tous les cas de figure, beaucoup moins lisible, et plus particulièrement le compte-tours de type baregraph. Nous sommes passés, à une semaine d'intervalle, d'une K 1300 S au tableau classique à la K 1300 R avec son tableau HP. C'est l'éternel débat entre la montre classique à aiguille qui permet d'un coup d'œil d'estimer l'heure et de la relativiser, et la montre digitale qui vous précise qu'il est 10h15 minutes et 37,38,39… secondes. Les montres digitales ont fait long feu, et il suffit de regarder bondir les aiguilles du compteur et du compte tours sur le tableau de la K 1300 S pour vouloir jeter immédiatement le tableau HP! On ne l'aime pas, on vous dit!

Encore plus "Bad Boy"

L'habillage progresse subtilement. Rien ne semble avoir changé, on reconnaît la R entre toutes, mais toutes les pièces d'habillage en plastique se montrent d'un dessin plus musclé. Le jeu des couleurs et des matières évolue vers plus d'agressivité, le pot redessiné partagé avec la S allège le profil, mais la K 1300 R garde sa gueule inimitable. Le comportement de la R ne diffère guère de celui de la S, mais la position évolue légèrement, grâce au guidon plus relevé. L'inclinaison du buste, légèrement sur l'avant, rend la conduite plutôt confortable, d'autant que le pare-brise sport qui surmonte (en option) les phares apporte une réelle protection au vent. Il est tout à fait envisageable de "cruiser" au-delà des limites de vitesses permises sans souffrir. Une vitesse de croisière de 150 km/h est tout à fait concevable (en Allemagne, bien entendu!). Par contre, l'inclinaison des demi-guidons engendrent à la longue des douleurs au niveau des poignets: un peu désagréable à la longue.

Pour nous, les "Hommes"!

Pour le reste, la disponibilité et l'allonge du bloc 1300 nous impressionnent toujours autant. Ce moteur pousse avec vigueur à tous les régimes, reprend dès les plus basses rotations pour propulser le gros roadster à des allures stupéfiantes. Que du bonheur, pour qui possède un minimum de pratique. Les autres, passez votre chemin sous peine de vous sentir un peu débordés. Les vitesses atteintes à la moindre rotation de la poignée sont stupéfiantes, mais prudence,la K 1300 R n'a pas la légèreté d'une moyenne cylindrée. Le comportement mérite pourtant tous les superlatifs. Généreusement fournie d'options (ABS, antipatinage, contrôle de pression des pneus, réglages électriques de suspensions, poignées chauffantes), la R ne manque pas d'atouts!

Hors normes

À ceux-ci s'ajoutent les propriétés spécifiques du châssis équipé d'une fourche Duolever qui, en supprimant tout effet de plongée, préserve à la moto une assiette constante. Les suspensions rigoureuses paraissent fermes, mais contrôlent admirablement le mouvement de la machine sur la route. C'est sans doute ici que réside l'attractivité particulière de ce gros roadster teuton. Une gueule incroyable, un tempérament volcanique, mais aussi une incroyable efficacité en toutes circonstances, grâce à un châssis hors normes et un équipement pléthorique en option, hélas. Si la K 1300 R s'échange contre un chèque de 14.350 €, la nôtre valait près de 18.000 €…

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