La découverte des infinis réglages proposés par les différents menus, boutons, molettes qui équipent notre BMW K1600 GT, généreusement nantie en options puisqu'elle s'affiche à 24.045 €, donna l'impulsion de départ: nous irons à la découverte de l'Angleterre! Avec les phares adaptatifs, il est en effet loisible de choisir le réglage conduite à droite ou conduite à gauche, sans doute une première sur une moto! C'est donc chargés de bagages et de notre passagère préférée que nous partons au petit matin vers Coquelles pour prendre le Shuttle, le moyen le plus rapide et le plus simple pour débuter notre campagne anglaise.
A la découverte des Cornouailles
Et de la campagne, nous allons en parcourir, puisque nous partons à la découverte des Cornouailles. Nous enquillons donc nos premiers miles sur les autoroutes, l'idéal pour découvrir les différents réglages et équipements réunis sur cette moto. Notre passagère se régale de la selle chauffante en cette heure matinale, le pilote aussi, qui bénéficie en prime des incontournables poignées chauffantes. Pour éviter tout souci avec la maréchaussée, nous bloquons le cruise-control sur 130 km/h et jouons avec le pare-brise réglable électriquement pour nous mettre à l'abri du vent. Une fois pénétrés dans le Shuttle, nous en profitons pour chercher l'itinéraire soigneusement préparé sur notre laptop et injecté dans notre navigateur GPS BMW Navigator IV. Et m….! Il ne s'y trouve pas! Sans doute une fausse manipulation… Pas grave, nous avons les cartes Michelin et nous rentrons manuellement les étapes dans le GPS, ça nous occupe le temps de la traversée. Une fois débarqués, nous nous battons avec le GPS qui ne partage pas automatiquement notre logique et nous embarque sur des itinéraires moins attractifs que ceux que nous avions patiemment préparés.
Les limites d'un GPS
Qu'à cela ne tienne, nous corrigeons le tir et longeons la côte en direction de Rye, un petit port charmant, bien plus qu'Hastings, très "populaire". Nous tirons ensuite sur Lewes par des routes extraordinaires, pour contourner Brighton par le Nord. Brighton vaut le détour, mais nous avons envie de découvrir la campagne. Sur la route de Chichester, nous apercevons au loin le château d'Arundel, un souvenir des fortifications de la côte sud contre les français. Entre-temps, le GPS intégré au tableau de bord de la K refuse tout service en s'éteignant: perte de l'alimentation et batterie plate. B… de m…! Tant pis, on se la joue à l'ancienne, avec les cartes. Mais pour sortir de Chichester par la petite route qui mène à Lavant pour joindre Petersfield, c'est pas gagné! Après quelques laborieux demi-tours dans des culs-de-sac de banlieue, nous nous rappelons fort opportunément que notre smartphone possède un programme de navigation. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, nous avons le câble qui permet de le connecter à la moto pour assurer sa recharge, et notre casque Shark Vision-R est équipé du Shark-Tooth, un bluetooth particulièrement performant.
Le meilleur du Grand Tourisme
Et hop, nous réintroduisons une énième fois notre itinéraire, cette fois ci dans le téléphone. Heureusement, la beauté des paysages et l'agrément des petites routes anglaises parfaitement entretenues compensent largement ces (petits) désagréments, d'autant que la BMW se révèle absolument étourdissante à tous points de vue, alliant avec brio toutes les qualités requises pour briguer le titre de meilleure Grand Tourisme du marché. Les qualités routières déjà éprouvées sur les K1200 puis K1300GT sont magnifiées. Pourtant, la BMW K1600 GT n'a rien d'un vélo à l'arrêt: avec un poids conséquent de 320kg, on ne rigole pas trop en la manœuvrant, fût-ce pour l'entrer ou la sortir du garage, surtout quand on a dans un coin de la tête son prix: il s'agit de ne pas se louper! Mais une fois en mouvement, quelle différence! La K1600 se balance d'un virage à l'autre avec l'aisance d'un roadster de moyenne cylindrée. Sauf qu'ici, le bloc cube 1649cc et compte six cylindres, une offre unique si on excepte le flat six de la Goldwing.
Un tsunami
Avec ses 160ch, il n'offre pas plus de puissance que la K1300GT, avec pourtant un ressenti complètement différent. Si nous osions, la seule comparaison qui nous vient à l'esprit est celle d'un tsunami: une énorme vague, qui semble calme et placide, mais dont la force balaye tout sur son passage. Oui, c'est sans doute cela, le six en ligne de la BMW K1600 GT: une incroyable vigueur que rien ne semble pouvoir arrêter. Le moteur reprend en sixième sans problème depuis 40km/h et vous arrache avec vigueur jusqu'à 200km/h de plus que la vitesse initiale, sans avoir encore atteint ses limites. Inutile de préciser qu'en rentrant quelques rapports sur les petites routes sinueuses que nous empruntons, les dépassement ne durent qu'un instant. Les excellentes suspensions et les talents de metteur au point de nos amis allemands font le reste, et donnent à cette impressionnante moto un comportement absolument exceptionnel d'efficacité. Ses remarquables performances appellent un freinage en rapport, un sujet que les allemands maîtrisent parfaitement aussi avec des disques de 320mm freinés par des étriers à quatre pistons pour l'avant, le disque arrière du même diamètre se contentant d'un étrier à double piston. ABS et commande couplée complètent le dispositif. Rien à redire, c'est parfait, même si personnellement, nous aurions apprécié un poil de plus de mordant à l'attaque du levier. Nous profitons avec une joie sans mélange des aptitudes de la K sur les petites routes qui nous mènent vers Winchester.
La politesse des motards anglais
Au risque de nous répéter, les routes anglaises conjuguent toutes les qualités attendues des motards, et nous croisons sur notre chemin un paquet de "furieux" souvent au guidon de sportives, qui enquillent les virages le couteau entre les dents. Le petit signe de la main que s'échangent les motards continentaux est ici remplacé par un curieux hochement de casque, vraisemblablement pour cause de conduite à gauche, mais de poignée de gaz restée à droite. Comique! Petite halte à Hunsley sur la terrasse ensoleillée du pub "The Kings Head", le temps d'avaler un délicieux sandwich. Nous descendons vers Ringwood, contournons Bournemouth et filons sur Dorchester par des routes moins attractives qu'auparavant. La A35 en direction de Bridport compense largement les quelques miles inintéressants qui la précédaient et c'est comblés que nous nous posons à Lyme Regis, délicieux petit port de pêche, dont le "Cobb" servit de décor au film "La maîtresse du lieutenant français", avec Meryl Streep.
Gloire passée
Cette petite bourgade qui semble aujourd'hui endormie, possède pourtant un très riche passé, son port fut jusqu'à la fin du XVIIème siècle plus important que celui de Liverpool! Nous décidons d'y passer la nuit, avant de reprendre dès le lendemain matin et sous un soleil toujours aussi radieux (qui a dit qu'il pleut tout le temps au Royaume-Uni?!) la route vers Sidmouth en longeant la côte. De là, nous piquons à l'intérieur des terres vers Clyst St Mary puis Dunsford. Faut il encore l'écrire? Les routes anglaises n'ont rien à envier à celle du continent, bien au contraire: parfaitement entretenues, traversant des campagnes magnifiques, vallonnées et sinueuses à souhait, elles font le bonheur des amateurs de mécanique, autos et motos de toutes époques. Certes elles peuvent parfois nous déconcerter par leur étroitesse et la hauteur des haies bordant immédiatement le macadam, mais la "confrontation" avec un énorme tracteur qui prenait quasiment tout la largeur de la chaussée, au détour d'un virage sans visibilité se voit largement compensée par l'envol de faisans devant nos roues quelques courbes plus loin!
A suivre...