François Piette

13 JUL 2005

Bugatti Veyron 16.4 : cet automne, c’est promis !

Quelles péripéties ! La Veyron a été maintes fois annoncée, maintes fois reportée. Mais cette voiture extrême avec un moteur monstrueux W16 de 1001 chevaux sera enfin mise en production en septembre. Ce qui fait que le premier modèle de série sera livré en octobre… Les onze prototypes ont donc enfin permis la mise au point définitive d’un engin hors normes. 400 km/h Les futurs clients très fortunés auront entre les mains une véritable fusée. D’autant que sur le terrain d’essais Volkswagen de Ehra-Lessien, la Bugatti Veyron 16.4 a dépassé, ce printemps, les 400 km/h, performance vérifiée par le Service de contrôle technique de l’Allemagne du Sud, le « TÜV Süddeutschland ». Une vitesse qui surclasse toutes les autres voitures sportives mises sur le marché. Même si ce n’est pas souvent qu’on en verra à cette vitesse-là, même sur circuit. Aérodynamique Avec de telles performances en vélocité, on comprend que l’aérodynamique de l’ensemble est un élément essentiel dans la conception de l’auto. D’une part, la carrosserie doit offrir une résistance aérodynamique aussi faible que possible pour permettre des reprises brillantes même aux vitesses supérieures à 200 km/h tout en autorisant une vitesse maximale de plus de 400 km/h. D’autre part, la portance négative mesurée aux essieux avant et arrière doit être répartie de manière à ce que la voiture colle littéralement à la route. Dernier point : tous les agrégats de haute performance regroupés sous la carrosserie en aluminium doivent être refroidis de manière optimale, quelle que soit la vitesse. Au cœur du dispositif de régulation se trouve un système hydraulique central géré par ordinateur. Il gère la garde au sol de la Bugatti Veyron à transmission intégrale en prenant en compte trois niveaux, selon la vitesse du véhicule. Système complexe Pour augmenter la portance négative à l’avant, la partie inférieure de la carrosserie possède des clapets diffuseurs, disposés de chaque côté pouvant se fermer ou s’ouvrir grâce à deux cylindres hydrauliques. Les flux arrière sont gérés par des diffuseurs inférieurs ainsi que par un aileron. Lors de la conduite de tous les jours, la garde au sol sera de 125 mm, aux deux essieux. Dans cette utilisation, les clapets de diffusion resteront ouverts, l’aileron arrière et les spoilers accolés à la carrosserie. Sauf dans un seul cas : lorsque la température des gaz s’échappant du moteur central dépasse un seuil critique, l’aileron situé au-dessus s’ouvrira à un certain angle. Cette position, dite « cool down », s’enclenchera de manière automatique. À vive allure À partir de 220 km/h, l’ensemble de la caisse de la Bugatti s’abaisse automatiquement pour adopter une garde au sol de 80 mm à l’avant, 95 mm à l’arrière. Les clapets de diffusion demeurent ouverts, l’aileron arrière comme les spoilers s’extraient automatiquement. Dans cette position, définie comme celle de « handling », la portance négative augmente, tant à l’avant qu’à l’arrière du véhicule. Lorsque la vitesse retombe au-dessous de 140 km/h, l’aileron réintègre sa position de repos. Libre au conducteur de piloter au-dessous de 220 km/h avec une portance négative accrue : une touche sur la console médiane lui permet de sélectionner en tout temps le mode « handling ». Ce n’est qu’en annulant cette fonction que le système retrouvera son mode de réglage automatique. À 375 km/h, la voiture subit une portance négative de 350 kg. La décision d’évoluer au-delà de cette vitesse nécessite une manipulation du pilote. Cela doit lui permettre, notamment, de prendre conscience des dangers qu’une telle conduite impliquera. S’il estime qu’il peut frôler les 400 km/h, il doit utiliser une seconde clef, placée dans le cylindre à gauche du siège du conducteur. Il s’autorisera alors l’accès à une vitesse maximale située au delà de 400 km/h. L’affichage mentionnera alors « Topspeed ». Pour des raisons de sécurité, il faudra suivre une liste de contrôles indispensables. Dans cette configuration à grande vitesse, la carrosserie affiche une garde au sol de 65 mm à l’avant, de 70 mm à l’arrière. Les clapets de diffusion demeurent résolument fermés et l’angle d’attaque de l’aileron arrière est réduit au minimum – la portance négative s’approche alors de zéro, afin de réduire au maximum la résistance aérodynamique de la Bugatti Veyron. Le cœur Le groupe motopropulseur est l’assemblage de deux V8. Ce 16 cylindres à 64 soupapes incliné à 90° dispose de quatre turbocompresseurs. On l’a déjà vu, la puissance est phénoménale (1001 chevaux à 6000 tr/min), tout comme le couple de 1250 Nm disponible dès 2200 tr/min. On ne parle pas de passage de 0 à 100 km/h ici, aucun chrono n’est assez rapide ;-) Parlons plutôt du passage de 0 à 300 km/h négocié en moins de 14 secondes. La transmission fait appel à une boîte DSG (Bugatti appartient à Volkswagen) à sept rapports. Bugatti indique que la DSG en question a été améliorée pour offrir des passages de rapport aussi rapides que l’éclair. On peut aussi la commandée par palettes derrière le volant. Cette boîte est disposée longitudinalement devant le moteur central. Celui-ci est implanté devant l’essieu arrière. Tout le groupe est conçu comme un ensemble mécanique à carter à sec pour abaisser le centre de gravité. Ça freine La Bugatti Veyron 16.4 est équipée d’un système de freinage basé sur des éléments en carbone/céramique. Le freinage est assisté par les fonctions de décélération autorisées par l’aileron arrière. Par ce qu'on appelle « l’airbrake », il peut exercer une résistance aérodynamique élevée. La mise en action s’effectue avec la pédale des freins, dans la configuration « handling », à des vitesses entre 200 et 375 km/h à partir d’une certaine force de pression. En seulement 0,4 secondes, l’aileron arrière adopte alors un angle à 113° par rapport au sens de la marche, générant ainsi une résistance supplémentaire. Simultanément, la portance négative exercée sur la poupe s’accroît pour atteindre les 300 kg, en faveur de couples de freinage accrus sur les roues arrière. Cela se traduit par une réduction du transfert des charges vers l’avant du véhicule, conséquence d’une décélération rapide. Bref, un effet digne des acrobaties de Maverick dans Top Gun. © Olivier Duquesne

Source : Bugatti
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