Nouveau rebondissement dans l’affaire, ô combien rocambolesque, qui concerne Carlos Ghosn, l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan. Une série d’e-mails internes à la direction du constructeur japonais viendrait conforter la thèse d’un coup monté à son encontre. Pour rappel, l’emblématique patron avait été arrêté fin 2018 au Japon sur fond d’accusations de malversations financières. Après un passage en prison puis en résidence surveillée, il a fui l’archipel nippon alors qu’il était en liberté conditionnelle. Depuis son arrestation, Carlos Ghosn a toujours affirmé qu’il était victime d’un coup monté.

Serait-ce effectivement le cas ?

Les extraits de correspondance publié par Bloomberg ce 15 juin mettent en tout cas en lumière une volonté manifeste dans le chef de l’establishment de Nissan d’évincer son grand patron, et ce près d’un an avant son arrestation en 2018. Ces différents échanges d’e-mails ont été confirmés par des personnes qui ont demandé à demeurer anonymes.

« Au centre de ces discussions, se trouvait Hari Nada, qui dirigeait le bureau du directeur général de Nissan et qui a ultérieurement passé un accord avec les procureurs japonais pour témoigner contre Carlos Ghosn. ‘Nissan doit agir pour neutraliser ses (Carlos Ghosn) initiatives, avant qu'il ne soit trop tard’, écrivait Nada, à la mi-2018, à l'adresse de Hitoshi Kawaguchi, responsable des relations gouvernementales au sein de Nissan », détaille le journaliste Reed Stevenson. « Le 18 novembre, un jour avant l'arrestation de Ghosn à Tokyo, Hari Nada a envoyé un document au PDG de Nissan de l'époque, Hiroto Saikawa. Dans ce document, Nada appelait à la résiliation de l'accord régissant l'alliance (entre Nissan et Renault) et à restituer le droit de Nissan d'acheter des actions au sein de Renault, ou même en devenir l'actionnaire principal. Nissan aurait cherché également à interdire au constructeur français de nommer le chef de opérations de Nissan ou d'autres dirigeants principaux de la compagnie japonaise », poursuit le journaliste. « L'éviction de Ghosn constituerait un changement au sein de la plus grande alliance automobile » aurait ajouté Nada, selon Bloomberg.

Star déchue

Après avoir ressuscité Nissan, Ghosn est rapidement devenu une star au Japon. Il a ensuite été nommé patron de Renault à partir de 2005, tout en continuant de diriger le constructeur japonais. Il était même parvenu à porter l'alliance au premier rang mondial en volume de ventes en 2017 et 2018. Un succès qui, manifestement, en a crispé plus d’un chez Nissan.

« Quelques jours avant l'arrestation de Ghosn, Nada a cherché à élargir les accusations contre le magnat de l'automobile, affirmant à Saikawa que Nissan devrait pousser vers des accusations plus sévères en matière d'abus de confiance, selon la correspondance datant de cette période et des personnes proches du dossier », explique Reed Stevenson. « Ces efforts doivent être soutenus par une campagne médiatique afin de s'assurer de la destruction de la réputation de CG (initiales de Carlos Ghosn), écrivait Nada », poursuit le journaliste.

Autant d'éléments qui viennent conforter la défense de l'ex-magnat de l'automobile !