Produite de 2003 à 2012, la Quattroporte cinquième du nom aura connu un assez large succès, avec plus de 25.000 exemplaires produits. Un joli score pour une voiture quasiment artisanale, face à ses concurrentes que sont les BMW M5, Audi S6 et autres Mercedes E AMG. La Maserati Quattroporte, c’est bien plus qu’un dessin sublime : c’est aussi une mécanique racée.

Cœur de Ferrari

Sous le long capot avant, nous retrouvons un moteur qui a non seulement fait la joie de nombreuses Maserati, mais qui a également officié sous le capot de quelques Ferrari ! La Quattroporte proposait cette mécanique en versions 4,2 ou 4,7 litres, avec des puissances allant de 400 à 440 chevaux. Et ce V8, c’est une véritable tuerie, surtout en version 4,7 litres : relativement souple sous les 4.000 tr/min, il se déchaine au-dessus dans un cri strident à vous glacer le sang ! Le 4,2 l manque d’un peu de coffre à bas régimes…

Transmission : au choix !

Lors de son lancement, Maserati affublait d’office sa Quattroporte à une boîte robotisée « Duo Select », accolée au pont arrière. Cette unité est certainement le point noir de la voiture : lente et un peu brutale en usage urbain, elle n’est agréable qu’en usage très sportif. Heureusement, Maserati a introduit une bien plus agréable boîte automatique en 2007. La voiture perd un peu en sportivité, son moteur abandonne le carter sec et l’équilibre est légèrement pénalisé car la boîte est accouplée au moteur et non plus au pont arrière. Mais la douceur et la facilité d’usage y gagnent beaucoup…

A conduire

La Quattroporte n’est vraiment pas une berline comme les autres. Rageuse, elle hurle avec une voix digne des plus emblématiques supercars, mais elle transporte quatre personnes ! Son équilibre routier permet de se régaler des virolos, mais il faudra composer avec une suspension assez ferme qui pénalise le confort. Quant à l’habitabilité, elle n’a rien de vraiment extraordinaire…

Mauvaise réputation

« Maserati ? C’est mal fini et ça tombe toujours en panne ! »… Voilà ce que l’on entend à longueur de journée. Est-ce pour autant vrai ? Non. Certes, la finition n’est pas au niveau des voitures allemandes et si la présentation est très flatteuse, on ne peut en dire autant des ajustements et de quelques détails. Non, une Maserati ne résiste pas à l’épreuve du temps comme une Subaru !

En revanche, côté fiabilité, la réputation sulfureuse semble surfaite. Il est vrai que beaucoup de modèles ont souffert de la cote très basse et sont tombés entre des mains désargentées qui n’ont pas eu les moyens de les entretenir correctement. Car cette Maserati est exempte de grossière erreur de conception ! Le V8 est costaud, de même que la transmission. Certes, quelques pépins électroniques sont possibles, mais cette Maserati est loin d’être la seule dans ce cas…

Entretien

L’entretien est forcément plus onéreux que pour une Audi ou une BMW de puissance équivalente. Mais il n’est pas non plus hors de prix, si l’on considère le prestige du V8 : il y a du Ferrari là-dessous, après tout ! Comptez un peu moins de 1.000 € par an pour l’entretien classique, près de 2.000 € pour une grosse révision et 3.500 € pour le remplacement de l’embrayage des versions à boîte robotisée. Concernant ce dernier, il tient entre 60.000 et 80.000 km si vous roulez prudemment, mais nettement moins en utilisation musclée ! Au sujet des pneus, on trouve de tout, mais tablez sur un grand minimum de 1.000 € pour le remplacement des 4 pneus… Oui, c’est costaud ! Enfin, n’oubliez pas de vérifier les niveaux très régulièrement, le V8 pouvant consommer jusqu’à 1 l/2.000 km.

A quel prix ?

Les premiers modèles accusant plus de 100.000 km s’échangent parfois à moins de 20.000 €. Mais rares sont les Maserati à avoir autant roulé ! Une moyenne de 25.000 € pour un modèle de 2003 à 2006 avec moins de 100.000 km semble raisonnable. Les versions 4.7 l à boîte automatique réclament, pour leur part, près de 40.000 €. Enfin, les versions spéciales et modèles à l’état neuf peuvent prétendre à environ 55.000-60.000 € !

Outre les taxes, assurances et autres éco-malus (Région Wallonne) dissuasifs, la Quattroporte souffre d’une consommation conséquente : entre 18 et 25 l/100 km en utilisation courante ! Certes, il est possible de brûler moins d’essence, mais c’est au prix d’une auto-flagellation peu en rapport avec le statut de l’engin.

Conclusion

Non, la Quattroporte n’est pas la Mata Hari de l’automobile : une beauté sensuelle qui n’attend qu’une seule chose, à savoir vous piéger… Certes, ses coûts d’entretien sont élevés et le V8 demande une attention soutenue, mais comment pourrait-il en aller autrement pour une voiture italienne de race, dont les dessous portent les noms les plus prestigieux ? Si vous cherchez une familiale pour enchaîner les longs rubans autoroutiers en tout confort, coude à la portière, optez pour l’une de ces indécrottables Teutonnes mazoutées. Mais si vous cherchez plutôt un art de vivre, une voiture qui vous sied comme une montre suisse à votre poignet, et que vous êtes prêt à y consacrer un budget relativement important, alors, vous faites sans doute le bon choix…