La traversée de Paris
Au menu, une 1000GT, une S4R S, une 848 et une 696. Chance, nous héritons de la 1000GT, sans doute la plus adaptée aux embarras parisiens. Nos deux collègues se rabattent sur la Monster, le pauvre Fabien se colle la 848, ce qui ne semble guère le perturber. Il nous avouera d'ailleurs lors du déjeuner qu'il part en vacances à son guidon dans une semaine avec le minimum syndical sur son dos, le reste en colipost! Pas con, le Fabien! Paris en juillet a déjà un petit goût d'août et la circulation, dense malgré tout, reste fluide. Confortablement installé sur la GT, on a presque du mal à croire que nous roulons en Ducati. Guidon droit, selle large, position de sénateur, ça nous change des canons habituellement en vigueur chez nos amis italiens. Nous retrouvons avec plaisir le moteur le plus produit par Ducati, puisqu'il a équipé indifféremment toute la gamme classique, la Multistrada et la Monster 1000. Un vrai plaisir: vivant, coupleux, souple, il ne manque pas de caractère. Sa disponibilité le rend idéal en ville, où il répond avec vigueur mais sans débordement de violence à la moindre sollicitation.
Le "chic" parisien
La 1000GT promène avec élégance et efficacité ses chromes et sa peinture deux tons raffinée. Très classe et distinguée, elle se fond parfaitement dans le paysage parisien. Après un passage obligé sur les Champs, les quais, la Tour Eiffel et autres incontournables parisiens, nos machines nous mènent au Trocadéro, où une terrasse de bistrot nous tend les bras. Nous posons nos quatre montures sur le trottoir devant la terrasse, le temps de siroter un petit expresso et de se demander quelle mouche a piqué les designers pour laisser un tel espace entre la roue arrière et le garde-boue de la GT…
696
Nous repartons au guidon de la 696, certes plus moderne esthétiquement que la S4R S qui nous accompagne, mais nous avons encore un peu de mal et continuons à préférer l'originale au "remake". Le guidon, perfectible, tombe un peu, mais la position de conduite offerte par la 696 reste excellente et dynamique. Compteur digital, moyennement lisible, embrayage d'une grande douceur, la 696 est facile à appréhender et se montre tout aussi accommodantes en conduite urbaine que la 1000GT, dans un tout autre style. Belle réussite côté moteur, avec du couple et de la patate. Aucune frustration, la 696 n'offre pas des performances au rabais et délivre sa puissance avec efficacité. Nous sommes loin des anémiques 600 d'il y a quelques années! Châssis méga rigide (il peut bien, au vu de la taille des tubes!), freins à la hauteur des performances, suspensions efficaces en comportement sans sacrifier le confort qui n'appelle aucune critique, la 696 se la joue polyvalente, et affiche d'ailleurs de bien jolis scores à la vente, preuve de la justesse du propos.
Cap à l'Ouest
L'ouest de Paris offre de bien jolis panoramas et de belles routes sinueuses; nombreuses sont les occasions de s'arrêter et de sauter d'une moto à l'autre. Nous voici sur la 848, et nous remercions immédiatement Fabien de s'être dévoué à son guidon durant le trajet parisien! Comme pour toute sportive qui se respecte, les poignets dégustent. Pourtant, une fois en mouvement, on se sent bien sur la 848, qui se laisse mener avec facilité. Excellent confort sur les routes pourtant un peu bosselées, la petite sportive rouge ne se désunit pas, son comportement rigoureux ne pâtit pas un instant des imperfections du revêtement, et le dos n'en revient pas d'être aussi bien traité. Des freins comme on les aime, puissants, facilement dosables, avec ce qu'il faut de mordant pour mettre en confiance. Le moteur affiche, comme pour les deux précédentes, une disponibilité réjouissante, reprenant avec vigueur dès 3.500-4.000 tr/min, pour pousser sérieusement vers le haut du compte-tours. Un vrai potentiel complètement exploitable sur route, la 848 peut s'échapper avec plaisir d'un circuit! Réjouissant de découvrir qu'un modèle "extrême", d'une marque "extrême", se montre aussi exploitable et joueur sur routes ouvertes, au contraire de pas mal de concurrentes qui ne trouvent plus de justification ailleurs que sur la piste!
Monster!
À notre tour maintenant de prendre le guidon du monstre: la S4R S, avec son moteur de 998 qui déborde de partout, cathédrale mécanique certes, mais aussi fameuse usine à gaz! Pas très correct politiquement, mais excitant de voir la puissance s'afficher avec aussi peu de retenue. La Monster est un monstre, ça se lit dans ses entrailles dès le premier regard! Si l'aspect du moteur impressionne, la position de conduite rassure. Guidon bien dessiné, commandes parfaitement placées, on s'y sent bien, prêt à dominer le sujet. De nouveau, on s'extasie de la facilité de prise en mains. Certes, nos motos, dont la S4, sont aux normes françaises, certes il ne faut pas trop lui en demander sous 3.000 tr/min, mais il est facile de la mener calmement. Et quand vous avez envie d'ouvrir, il suffit de demander (lire: il suffit de tourner la poignée de gaz!) et là, ça cause! La S4R S nous a apporté beaucoup de plaisir et, des quatre, c'est sans doute elle que nous aurions eu envie de ramener dans notre garage idéal (et imaginaire…), surtout dans sa livrée tricolore. Une gueule indémodable que n'a pas réussi à faire vieillir la nouvelle 696, un moteur qui déborde de partout, tout comme la puissance et le couple d'ailleurs, et malgré tout une moto gérable, grâce à un châssis au top équipé de suspensions Öhlins, et des freins à tomber! Ils se commandent d'un seul doigt en toutes circonstances, en vous offrant des freinages de trappeur, à la hauteur des performances. Bref, on a aimé ce roadster mythique, couillu et tapageur, dans sa livrée italienne vert-blanc-rouge sur un cadre champagne.
S'il n'en reste qu'une…
De la belle ouvrage, et certainement un collector en devenir! Le Monster nouveau ne démérite pas, bien au contraire. C'est une moto bien née, et donc le succès semble assuré, d'autant qu'on n'imagine pas Ducati se cantonner pour elle à la plus petite cylindrée. Nous avons juste un peu de mal avec son style, un peu trop dessiné, trop appuyé. Pas certain, qu'elle dure autant que l'originale, mais ceci n'engage que nous. Coup de cœur aussi pour la 848, bonne surprise de la journée puisqu'elle arrive à cumuler une ligne extraordinaire à un comportement irréprochable, et une efficacité d'exploitation sur route réjouissante. Oui, il est possible de s'offrir une belle sportive, et oui, il est possible de l'utiliser: c'est plutôt une bonne nouvelle, non? La plus sage, la plus raisonnable, ça n'étonnera personne, reste la 1000GT. Son moteur offre tout ce qu'on peut espérer, le châssis suit sans broncher, on se fait plaisir sans jouer les agités, et en ces périodes où la vitesse est de plus en plus mal considérée, elle permet de rouler différemment et racé, ce n'est pas la moindre de ses qualités!