Ils ont vraiment produit ça ?

Si la gamme actuelle d’Opel est taillée pour les Européens, force est de reconnaître qu’il n’en allait pas de même dans les années 60 ! La preuve avec les Kapitän, Admiral et Diplomat : des engins carrés au possible fleurant bon le steak T-Bone et la Budweiser ! De quoi rappeler qu’Opel n’est jamais qu’un élément de la galaxie de General Motors…

Des chevaux, que diable !

Reprenant fièrement une appellation déjà utilisée avant-guerre, l’Admiral fût introduite en 1964. Et si son style joue les gros bras avec des accents franchement ricains, la motorisation paraît plutôt modeste : le 6 cylindres de 2,6 litres ne compte que 100 chevaux… Elle est loin, l’Amérique et ses gros V8… Quoique pas tant que ça finalement : en mars 1965, Opel se décide à installer un V8 Chevrolet sous le capot de l’Admiral, juste histoire de faire taire les railleries de la concurrence !

Du lourd !

Et ce V8, s’il est considéré comme un « small block » aux yeux des américains, il a néanmoins de quoi impressionner le chaland européen : 4,6 litres de cylindrée et une puissance de 190 chevaux ! Histoire de chanter « The Star-Spangled Banner» jusqu’au bout, Opel lui flanque d’office une transmission automatique Powerglide à 2 rapports. Ainsi armée, plus personne ne rigole et Opel annonce environ 200 km/h en pointe !

Décalée au possible !

Vue avec les yeux d’aujourd’hui, l’Admiral A V8 semble tout à fait hors du temps. La première chose qui frappe, c’est le décalage entre sa forte corpulence et la modestie de ses pneumatiques ! Taillée à la serpe avec un mépris évident envers les courbes, l’Admiral atténue son côté « frigidaire » avec des petits éléments chromés. Et puis, il y a ce porte-à-faux arrière absolument gigantesque ! Bigre !

Gouzi-gouzi admis !

En pénétrant dans l’habitacle, pas de doute, c’est l’Amérique ! Tout d’abord dans la couleur, avec un rouge cinglant, ensuite dans l’espace, avec deux banquettes lisses et longues comme une piste d’atterrissage, et enfin dans les détails, avec ce levier de vitesses derrière le grand volant et la multiplication des chromes ! Quand on voit la tristesse des habitacles des Opel postérieures, on regrette sincèrement cette débauche de flamboyance…

BRAOUM !

Coup de clé et le V8 éructe dans un grondement de tonnerre ! Non, vous n’êtes pas à bord d’une Corvette mais bien d’une berline allemande. Pied sur le frein, levier abaissé sur « D » et nous voilà en route pour un petit tour de pâté de maison ! Première impression, après moins de 10 mètres : pas de doute, il y a du Yankee là-dessous ! La direction (sur)assistée est aussi douce qu’imprécise, la pédale de frein semble s’enfoncer dans du marshmallow et le moindre coup de gaz fait trembler les murs !

American way of life

Oubliez son badge, l’Admiral est bien une berline US ! Au moindre virage, le paquebot prend un roulis impressionnant tandis que son museau se cabre vers le ciel au plus petit appel du pied droit ! En dépit de la poussée et de la bande-son du V8, la belle se destine surtout à la balade coude à la portière, le stetson vissé sur la tête, santiag aux pieds et une main nonchalamment posée sur le sommet du volant… Apprenez à flâner au gré des vagues de la suspension et à savourer les borborygmes saccadés du V8 qui barbote gentiment : vous ne trouverez pas mieux pour « cruiser » le long de l’Océan !