Toyota a un faible pour les collaborations. Cela fait sept ans que les Japonais ont présenté leur GT86, le coupé sport 2+2 à propulsion, doté d’un moteur boxer atmosphérique qu'ils ont développé avec Subaru. Ce modèle a d’ailleurs une sœur jumelle : la Subaru BRZ. Aujourd'hui, dix-sept ans après la disparition de son prédécesseur du catalogue, les patrons de Toyota pensaient que le temps était venu d’enrichir la gamme d’une nouvelle Supra. Afin de limiter les coûts de développement astronomiques d'un tel modèle de niche, les Japonais se sont tournés vers BMW, et plus particulièrement vers la Z4.
Que partage cette Toyota Supra avec la BMW Z4 ?
Plus que vous ne le pensez, car BMW cherchait également un partenaire pour réduire les coûts de sa nouvelle Z4. Le point de départ commun est donc la plate-forme CLAR à propulsion de BMW. Le moteur est à l'avant et dans les deux cas, il s'agit d'une création BMW, à savoir un six cylindres en ligne. La boîte de vitesses, une unité automatique à huit rapports, est aussi allemande, de même que le reste du matériel hardware. Les réglages et le software sont japonais.
Les fondations communes sont évidentes à l'intérieur : montez à bord de la Toyota GR Supra (à l’instar des Toyota sportives les plus récentes, cette Supra navigue sous le drapeau de Gazoo Racing') et vous vous retrouvez dans une BMW. Le tableau de bord, le volant, le levier de vitesses et le système multimédia avec molette sont fabriqués en Bavière. Bien sûr, cela fait une grande différence pour Toyota de ne pas développer son propre intérieur, mais il est dommage que les Japonais se soient limités à un logo différent sur le volant, quelques morceaux de cuir rouge et leur propre présentation du tableau de bord numérique. Ce dernier est toutefois une nette amélioration par rapport aux écrans numériques modernes de BMW.
L'apparence extérieure est résolument différente !
Absolument. Au Japon, ils savent dessiner une voiture de sport, et cette nouvelle GR Supra est aussi très typée japonaise. Le museau est bas et large, le capot long et incliné et le dos court, musclé et large. La Supra est bien sûr dotée d'un aileron et d'un diffuseur, bien qu'il soit dommage que les nombreuses ouïes de refroidissement soient purement factices et non fonctionnelles.
Et bien sûr, Toyota ne serait pas Toyota si ses ingénieurs n'avaient pas laissé leur marque sur la base. Selon les Japonais, le rapport entre l'empattement et la largeur de voie donne un équilibre parfait entre stabilité et dynamisme. Le centre de gravité est plus bas que celui de la GT86, la répartition des masses est idéale avec 50/50.
Quid du moteur ?
A l’instar de ce qui se faisait dans le passé, la nouvelle Supra fait appel à un six-en-ligne. Mais ce moteur vient aujourd’hui de BMW : le 3 litres utilise un seul turbo pour produire 340 ch et 500 Nm. Il faut 4,3 secondes pour atteindre les 100 km/h et atteint une vitesse de pointe de 250 km/h. La boîte automatique à huit rapports fait transiter la puissance aux roues arrière, où elle est contrôlée par un différentiel actif. Il y a deux modes de conduite : Normal et Sport, chacun ayant une influence sur la réponse de l'accélérateur, les temps de changement de vitesse, les amortisseurs adaptatifs de série et la consistance de la direction.
La Supra est-elle un monstre de drift ?
Non, comme nous l'avons découvert lors de notre première rencontre dans l'arrière-pays vallonné de Madrid. La Toyota ne fait cependant pas appel à d’énormes boudins arrière, mais elle préserve un comportement équilibré et efficace. Nous oserions presque dire qu’elle est plus professionnelle que la GT86, qui a été équipée de pneus expressément plus fins. La Supra écoute docilement et énergiquement vos directives, et les roues arrière restent sur la bonne voie. Vous pouvez certainement la provoquer, mais même dans ce cas, elle réagit de manière transparente. La suspension maintient la carrosserie bien en ligne, tout en gardant un œil sur le confort de conduite. Cette Supra est clairement polyvalente.
La boîte de vitesses automatique et le six cylindres forment une excellente combinaison, mais l’ensemble manque de panache. Le moteur est doux et délivre sa puissance de manière linéaire, ce qui signifie qu'en pratique, vous roulez sur le couple et changez de vitesse plus tôt. La sonorité est assez sage à l’intérieur et à l’extérieur, le six cylindres reste (trop ?) discret.
Combien Toyota demande-t-il pour cette nouvelle Supra ?
La nouvelle Toyota GR Supra est affichée au prix de 65.500 €. En plus de la couleur métallisée, les Japonais proposent également quelques options : un pack avec cuir, un système stéréo complet, un chargeur à induction pour votre smartphone et un affichage tête haute. Un pack à 2.300 € qui est pris par presque tous les clients, annonce l'importateur belge.
En matière de concurrence, Toyota lorgne sur la BMW Z4. Son prix est d’ailleurs proche, avec 65.050 €. Une Alpine A110 moins puissante coûte nettement moins : 56.100 €. L'Audi TT S Coupé est également moins chère (56 850 €), mais il faut y ajouter des options. La Porsche Cayman S coûte 69.671,80 €.
Que dois-je savoir d'autre ?
Que cette Toyota GR Supra n'est pas seulement une copie coupé de la BMW Z4. À un certain moment de son développement, Toyota a fait expédier le moteur au Japon, l'a démonté et a examiné chaque vis. A Munich, ils ont reçu une liste détaillée des vis que Toyota aurait aimé remplacer par des vis plus solides !
Enfin, la boîte automatique à huit rapports restera la seule boîte de vitesses pendant un certain temps encore. A la demande d'une boîte de vitesses manuelle, les spécialistes japonais du produit ont répondu que " cette possibilité est à l'étude, mais qu'il n'y a pas de projets concrets pour l'instant ".
En conclusion ?
La Toyota Supra est de retour, mais n'est plus la Porsche 911 d'antan. Cette génération-ci cible la BMW Z4, avec laquelle elle a beaucoup en commun, la Porsche 718 Cayman S et l'Audi TT S. L'Alpine A110, bien que moins chère, est aussi une indéniable concurrente. La GR Supra, comme on l'appelle maintenant, est plus haut dans la hiérarchie que la GT86, mais elle réclame moins d'efforts et est plus polyvalente. Et plus facile au quotidien.