McLaren avait tant et tant dominé les essais, qu’ils soient libres ou qualificatif, qu’il était peu probable que les pilotes des «Flèches d’argent» ne décrochent ensemble la lune. Et si Raikkonen a rempli son contrat de maîtresse façon en remportant ce premier GP de Turquie, son équipier Montoya a gâché la fête en se montrant trop prudent ! À 3 tours du drapeau à damier, freinant plus tôt que de coutume, à 275 km/h au lieu des 317 « normaux », il se fit tamponner par Monteiro. Le pilote Jordan tout surpris par l’acte du Colombien n’a pu, malgré toute sa volonté, éviter l’arrière de la McLaren et l’envoya en tête-à-queue ! Un fait de course certes, mais dont la répercussion sur le classement final et surtout Constructeur pourrait être d’une importance capitale au décompte final. Sous pression, Alonso lui reprenant près de 1'3 par tour, il aurait dû se montrer au contraire plus véloce. En avait-il les moyens ? Il faut croire que oui puisque après avoir été dépassé par le pilote Renault, le radar le chronométrait au même endroit à… 317 km/h ! Cette bévue lui coûte non seulement la deuxième place du GP mais offre aussi sur un plateau 2 points de plus dans l’escarcelle d’Alonso et surtout de Renault. Au Championnat constructeur, l’écurie française compte encore 9 unités d’avance au lieu des 7 que l’on aurait pu entrevoir. Quant à Alonso, il ne perd que 2 points par rapport à «Iceman». Il reste 5 GP afin de préserver l’avantage de 24 pts. Préserver est beaucoup dire aussi car les McLaren sont en formes et … fiables ! La fin du Championnat promet ! McLaren pouvait donc réaliser le doublé et ce n’est hélas pas le cas. Au lieu de la lune, il ne leur restera que le dernier croissant !
Une première réussie !
Si le matin et par deux fois, la pluie vint perturber les courses annexes, notamment la deuxième manche du GP2, le ciel reprit une couleur plus chatoyante au meilleur moment. Mais il était dit que si la température locale devait être de circonstance, soit à 30°, celle sous les casques grimpait en flèche au moment du départ ! La pluie ayant nettoyé la piste, Fisichella prit l’ascendant sur Raikkonen. Le pauvre, tant à gauche qu’à droite, se retrouvait encadré par les Renault’s Boys. Pas pour longtemps car Fisico partait rapidement à la faute, ce dont le Finlandais profitait immédiatement. Désormais, les Jaunes et Bleus ne verront plus que l’aileron arrière de la McLaren Mercedes. En milieu de peloton, Massa (Sauber) vint percuter légèrement son futur équipier (sic !) Michael Schumacher. La Ferrari pouvait continuer sa route, mais Massa perdait d’emblée toutes ses illusions et son aileron avant. En moins d’un tour, le GP de Turquie venait de se découvrir vraiment : ce ne sera pas triste ! Du spectacle, il y en aura et on en aura !
Quand mon pneu fait… boum !
Incompréhensible, incroyable… On a cru tout d’abord à une blague, même si elle était de mauvais goût ! Mais non ! Michelin demandait bel et bien à ses clients de faire grande attention au pneu arrière droit. Webber fut victime d’un dégonflement aussi rapide qu’inexplicable le samedi et envoya sa Williams BMW en toupie. Le manufacturier insistait sur le fait que les pilotes ainsi chaussés pouvaient monter sur les vibreurs, mais pas aller au-delà ! Indianapolis Revival ? Heureusement, non, mais pendant la course, le fait s’est produit à 4 reprises et n’a concerné que… Williams BMW ! Heidfeld dès le 5e tour, et Webber, 3 tours plus tard ! La scène se reproduira au 24e tour pour ce dernier et au 29e pour Heidfeld ! Ce double abandon casse l’élan des Williams en regain de forme.
Le 13 porte malheur !
Fisichela fut le plus prompt à rentrer au stand afin de ravitailler. Alors 3e, il savait qu’il avait une très bonne carte à jouer. Hélas, le sort s’acharne sur l’Italien puisque l’embout de remplissage posa à nouveau problème et le préposé à la pompe n’arrivera pas à l’enlever de suite. Il ne pourra dès lors plus se mêler pour la lutte en tête. Si ce « drame » se joue dans les stands, un autre vient de se produire sur la piste. Webber alors à l’attaque de Schumi au freinage du virage 9 éclate son pneu arrière droit et emporte la Ferrari qui passait par là ! La BM a aussi l’aileron avant cassé alors que la Ferrari repart immédiatement après la toupie. Pas pour longtemps puisque la bête est blessée et rentre au stand. Vous savez quoi ? Ces faits se sont déroulés tous les deux dans le… 13e tours ! Schum perdra 40 secondes et repartira pour un petit tour au ralenti afin se ranger dans le box tout en gênant en piste Alonso.
Coucou, c’est nous !
Albers fait ce qu’il peut au volant d’une Minardi un peu plus performante. Hélas la fiabilité n’est toujours pas au rendez-vous et abandonne au 14e tour. L’histoire aurait pu en rester là. A la grande surprise de tous, il est reparti en course 15 tours plus tard, au moment même où Massa abandonne…vraiment ! Coucou, c’est moi ! Schumi qui a perdu désormais toutes chances au Championnat abandonne aussi dans le 14e tour. Copiant la méthode Minardi, il repartira en piste au 33e afin de faire de cette manche un test grandeur nature et de récolter ainsi un maximum d’informations et données diverses pour 2006 ! Et un, et deux… Coucou c’est nous ! Le septuple Champion du Monde finira par rentrer pour de bon au 51e tour.
Rendez-vous manqué
Williams BMW rate bien malgré lui ce périple (voir ci-dessus) alors que les regrets les plus profonds sont dans le clan BAR Honda. Sato a certes été discret, mais c’est que Jason Button a été constamment sous les feux de la rampe. Non seulement son transfert vers Williams est sujet à caution tant il désire rester chez son employeur actuel, mais par sa qualification ratée, il ne peut que se mordre les doigts. Ses performances pendant la course en attestent largement. Il termine 5e, mais il aurait pu viser le podium. La BAR Honda est redevenue rapide et fiable et c’est par elle que passera le dénouement du Championnat 2005. Plus qu’un outsider, ce team en sera l’arbitre ! Dans un second temps, Trulli qui tournait en fin de course dans les mêmes temps qu’Alonso, pourrait également jouer le rôle de perturbateur… sympa. Quel suspense pour Imola (Italie - 4 septembre)
Classement final
1 Raikkonen McLaren Mercedes
2 Alonso Renault
3 Montoya McLaren Mercedes
4 Fisichella Renault
5 Button BAR Honda
6 Trulli Toyota
7 Coulthard Red Bull Racing
8 Klien Red Bull Racing
© Patrick Hayot