Essai : Fisker Ocean, qu'est‑ce qui n'a pas marché ?

Autant être honnête avec vous, le Fisker Ocean ne nous a pas vraiment séduits en photo : les phares et feux arrière semblent perdus dans un design très massif, tandis que les jantes ne paraissent pas très réussies non plus. Dans la réalité, le SUV électrique est beaucoup plus attrayant. Nous avouons même avoir été charmés par quelques détails, tels que les logos lumineux, les petites lumières orange dans les montants C et les prises d'air à l'arrière.

Avec une longueur de 4,775 m, une largeur de 1,994 m et une hauteur de 1,631 m, l'Ocean est à peu près aussi imposant que son principal rival, le Tesla Model Y (4,751 m x 1,921 m x 1,624 m). Le clou du spectacle de cet Ocean Extreme, c’est bien sûr le « California Mode » qui ouvre toutes les vitres latérales, ainsi que la lunette arrière et le toit ouvrant photovoltaïque. L’idéal pour ventiler la voiture par temps chaud !

L'intérieur de l'Ocean est aussi minimaliste que celui des Tesla, tout en étant un peu plus ergonomique. Ainsi, derrière le volant, vous trouverez de bons vieux leviers, tandis que quelques boutons physiques pour la climatisation et le volume ont pris place sous l'écran central. Tout n'est cependant pas parfait : quelques fonctions ne sont pas très intuitives, à l’instar des boutons sur le volant, le réglage du volant et celui de la ventilation… Notez qu’il y a pire !

Au centre du tableau de bord se trouve un énorme écran tactile vertical de 17,1 pouces, que l'on peut également faire pivoter horizontalement (uniquement à l’arrêt) pour regarder des vidéos tout en rechargeant le véhicule. Cette immense dalle propose des applications telles que YouTube, Amazon Prime Video et Disney+, mais la question est, bien sûr, de savoir pour combien de temps encore !

Longue procédure de démarrage

Si cet écran est assez facile à utiliser, il faut néanmoins faire preuve de patience lorsqu’il est en phase de démarrage. De plus, ce système a la mauvaise idée d’ « oublier » vos réglages de volume et de ventilation, ce à quoi Fisker répond qu'il est possible d’y remédier, en laissant l'Ocean en veille plus longtemps, ce qui coûte évidemment en énergie. En outre, si Android Auto et Apple CarPlay ne sont pas intégrés ; le GPS, lui, reprend des cartes TomTom. Spotify, pour sa part, est disponible en tant qu'application intégrée, de même que quelques autres applications de musique et de podcasts.

Face au conducteur, on retrouve un deuxième écran, plus petit, qui n'affiche que les informations essentielles et qui aurait pu être un peu plus complet, notamment en renseignant la consommation d’énergie. Le système a également connu quelques ratés au cours de notre semaine d'essai, avec des notifications occasionnelles indiquant que le hayon était ouvert ou que la caméra avant avait cessé de fonctionner. Des problèmes connus, selon Fisker, et qui ont donc peu de chances d'être corrigés…

Écologique et spacieux

Le reste de l'habitacle se pare de matériaux pour le moins originaux, dont la plupart sont annoncés de sources durables. Si la qualité de ces matériaux n’est cependant pas uniforme, on doit bien avouer avoir aimé l’excellente luminosité à bord.

Bonne nouvelle, le Fisker Ocean est vraiment l’ami des familles tant son habitabilité est énorme ! Les passagers arrière profitent en effet d’une garde aux jambes digne d’une limousine ! En outre, le plancher parfaitement plat permet au passager central de trouver ses aises. En revanche, on regrette un manque de relief dans cette banquette arrière : si elle est moelleuse à souhait, elle manque de soutien ! Affichant un volume de 476 litres, le coffre n'est pas particulièrement grand, mais il dispose d’un double fond pour les câbles de recharge (il n'y a pas de « frunk »), ainsi que d’une prise 230V qui peut délivrer pas moins de 3 000W !

Le Fisker Ocean était proposé en trois versions : Sport, Ultra et Extreme. Finalement, seule cette dernière a été livrée, avec son duo de moteurs de 421 kW/573 ch et son énorme batterie de 113 kWh, dont 106 kWh utilisables. Ainsi équipé, ce SUV annonce une autonomie WLTP de 707 km, soit bien plus que ses concurrents. De plus, le toit de l'Extreme est équipé de panneaux photovoltaïques qui peuvent générer environ 15 km d'autonomie par jour dans des conditions optimales. Au cours de notre semaine d'essai, nous avons pu récupérer environ 2 kWh, ce qui nous a permis de gagner environ 10 km d'autonomie. C'est mieux que rien !

Si, fort curieusement, le Fisker Ocean n’indique nulle part sa consommation d’énergie, nous avons atteint une autonomie réelle d'environ 500 km avec une batterie pleine, ce qui équivaut à environ 20 kWh/100 km. Ce n’est pas terrible, mais l'énorme batterie compense et permet donc au final, une autonomie des plus confortables. Sachez également que vous pouvez charger jusqu'à 11 kW sur une borne en courant alternatif et jusqu'à 250 kW sur un chargeur rapide en courant continu, ce qui vous permet de passer de 20 à 80 % en 26 minutes.

Sur la route, l'Ocean se révèle particulièrement confortable, même sur ses gigantesques jantes de 22 pouces. Les nombreuses aspérités de notre bitume belge sont filtrées avec maestria et sans rossignol ! Le roulis reste également parfaitement maîtrisé, mais nous devons avouer que le très épais volant, ainsi que les sièges manquant de soutien ne donnent pas envie de pousser le mastodonte dans les virages. Bref, on se plait plutôt à rouler souplement avec cet engin qui doit toutefois composer avec un régulateur de vitesse dépourvu de radar de distance… Un autre élément qui devait être ajouté par la suite ! Au rayon performances, notez que ce Fisker Ocean Extreme abat le 0 à 100 km/h en 3,9 secondes et atteint 205 km/h.

Prix du Fisker Ocean 2024

Fisker ayant fait faillite, il n'est plus possible de commander un Ocean neuf. Seuls les modèles en stock sont encore disponibles et, à ce sujet, sachez que vous devrez en prendre livraison à Rotterdam, le Centre Fisker de Rumst (Anvers) ayant déjà fermé ses portes. Ces exemplaires sont vendus à un prix compétitif, avec une ristourne de 20.000 euros sur le prix affiché (de 63.790 à 65.400 euros pour l'Extreme) ! Il reste évidemment à savoir pour combien de temps encore et comment se fait le paiement… Quid également des assurances, sachant que les pièces sont extrêmement rares ? Un petit accident pourrait donc rapidement conduire à une perte totale…

Le Fisker Ocean aurait pu être un digne concurrent des Tesla Model Y et consorts. Cependant, la marque américaine semble s'être précipitée sur le marché avec un produit inachevé pour pallier au manque de financement. Le résultat est une voiture très réussie en termes de style intérieur et extérieur, mais dont le software n'est tout simplement pas encore mûr pour une voiture de série. Si vous êtes à la recherche d'un SUV électrique original offrant une grande autonomie, de l'espace et du confort, et que vous êtes prêt à accepter le risque d’un problème de software ou de suivi pour la maintenance, l’Ocean est un produit à considérer, surtout si l’on considère son prix raboté ! Pour les autres, mieux vaut opter pour un produit d’une marque encore en activité...