Calmons tout de suite les enthousiastes qui n'ont pu se procurer une CVO Breakout, produite en seulement 1900 exemplaires, la Breakout de "série" fait l'impasse sur le bloc 110 ci pour se contenter du classique 103B de 1690 cc, et abandonne la spectaculaire mise en peinture de la CVO pour une livrée plus discrète (et plus abordable!)
La Breakout est construite sur le cadre Softail qui, pour rappel, se donne des petits airs de hardtail, en dissimulant les suspensions sous la machine. L'illusion est parfaite, les Softail arborent un petit air de cadre rigide délicieusement rétro. Et comme pour toutes les Softail, le moteur, équipé d'un arbre d'équilibrage, est monté rigide dans le cadre. La ligne de la Breakout, basse, longue et épurée, s'inspire librement d'un dragster. Le caractère viril de la machine est amplifié par une monte pneumatique conséquente et largement exposée aux regards.
Drag
Le pneu arrière de 240/40, monté sur une jante de 18", et le pneu avant de 130/60, monté en 21", sont en effet protégés par des garde-boue minimalistes. Le faible débattement des suspensions a permis aux designers yankees de faire passer le garde-boue arrière, supporté par deux magnifiques pièces d'alu poli, au plus près de l'énorme gommard. Effet visuel garanti! La fourche est élargie pour équilibrer l'ensemble.
Attardons nous encore un instant au niveau des roues pour contempler ces magnifiques jantes "Gasser" noires brillantes, rehaussé d'éclats d'aluminium usiné sur les dix rayons et le pourtour de la jante: une splendeur! Le noir est d'ailleurs copieusement dispersé sur la moto: le moteur se la joue bicolore noir et chrome, tout comme les échappements sont les pare-chaleur se recouvrent de noir brillant, une finition appliquée aussi sur le bac à huile dorénavant en aluminium injecté, sur la fourche, le phare minimaliste, le guidon "dragbar" et le cadre.
Less is beautiful
Le dépouillement volontaire de la Breakout est accentué par le tableau de bord minimaliste, un compteur chromé accroché au rehausseur de guidon, au réservoir qui se contente d'un seul bouchon de remplissage (pas de jauge, donc!) et qui ne s'habille que d'une sobre bande de cuir qui complète un cache chromé aux dimensions réduites.
Techniquement, les recettes sont connues et éprouvées. Le freinage est confié à des disques flottants pincés à l'avant par un étrier quatre pistons et à l'arrière par un étrier à double piston. L'ABS est soigneusement camouflé et indécelable. L'angle de chasse impressionne, avec un respectable 35°. Ajoutez un empattement de 1710 mm et la largeur du pneu arrière, et vous commencerez à comprendre que la Breakout risque d'offrir un comportement particulier!
On track
Ca se confirme immédiatement une fois installé à bord. Notre mètre quatre-vingt suffit à peine à meubler la longueur de la moto, et c'est bras et jambes jetés en avant que nous nous mettons en route. Hormis la position contraignante, nous nous régalons de la disponibilité du V-twin américain, qui se complaît dans les basses rotations. C'est toujours avec plaisir que nous retrouvons ces sensations typiques qui nous donnent la banane, même aux vitesses les plus basses.
Pour le reste, circulez, oserions nous si ce n'était pas si pénible de circuler, justement!, il n'y a plus rien à voir! La Breakout se classe définitivement dans le panier des Harley belles à tomber mais avares en plaisir de conduite. La position n'aide pas, bien sûr, mais décidément ce gros pneu arrière n'arrange rien! Prenez le guidon d'une Softail Slim, par exemple, et vous découvrirez alors le vrai plaisir que peut apporter la conduite d'une Harley, un plaisir unique, qu'il faut avoir goûté dans une vie de motard!