Bruno Wouters

15 FÉV 2013

Egoïsme et force tranquille!

Parmi les grosses Harley, la Street Glide conjugue à merveille le charme des Electra avec le dépouillement stylé de la première Fat Boy de 1990, se montrant aissi une des plus désirables machines de la marque américaine. Reprenant le célèbre carénage Batwing des Electra, la Street Glide surfe sur la mode "bagger" avec ses deux valises assorties à la carrosserie. Et comme le châssis provient de la gamme Touring, il n'en fallait pas plus pour proposer à notre belle une petite escapade à son guidon. 

Ça tombe bien, nous sommes invités à un barbecue à 150 km de la maison et exceptionnellement il ne pleut pas. Ni une ni deux, nous tapons la bouteille de rosé, les combines de pluie (on n'est jamais trop prudent!) et le sac à dos dans les valises, et "let's go" sur les petites routes. C'est une chance, notre passagère nous aime tellement qu'elle ne nous fait pas l'affront, après trois kilomètres, de nous demander de la ramener à la maison! Ben oui, la selle vachement stylée qui participe au look démentiel de la Street Glide descend en pente douce vers le feu arrière, l'obligeant à s'agripper désespérément à son aimé, sans espoir de repos.

C'est beau, l'amour!

Au feu rouge où elle essayait d'un peu détendre ses muscles crispés, nous avons failli la laisser sur le macadam en redémarrant! 300 km dans ces conditions, si c'est pas une belle preuve d'amour, ça! Ceci dit, au bout de quelques kilomètres, on faisait déjà un peu moins le fiérot au guidon de la belle américaine. La position du pilote devient vite éprouvante pour le dos et les jambes. Dommage, parce que le châssis, au contraire, ne demande qu'à enquiller de la borne. Sain et rigide, il se montre aussi à l'aide à grande vitesse où il fait preuve d'une belle stabilité, que sur les petites routes, où seule la garde au sol limitée calmera nos ardeurs. Certes, le carénage et son lourd équipement (six cadrans et une radio) ne rendent pas la direction particulièrement légère et réactive, mais on s'y adapte vite. Le moteur cube dorénavant 103ci soit 1690cc.

Au supermarché

Une vraie force tranquille, qui travaille sur le couple. Notre ami Umberto, le chef d'atelier de feu Harley-Davidson Brussels, une concession sacrifiée sur l'autel de la nouvelle image de la marque qui privilégie dorénavant les concessions "supermarchés", paraît-il plébiscitées par une clientèle de plus en plus propre sur elle, Umberto donc me disait "et encore, tu n'as rien vu! Un petit stage 1, cartographie, admission, échappements avec des pièces Harley d'origine, et c'est une merveille!" On veut bien le croire, vu le plaisir que nous procure déjà cet impressionnant V-twin, pourtant émasculé par de contraignantes normes d'homologation. À 130 km/h, il tourne à un petit 3.000 tr/min, et accepte de reprendre dès 1.500 tr/min, pour peu que l'on tourne la poignée avec délicatesse.

Harley forever

On retrouve presque avec plaisir certains traits caractéristiques à la marque, qui peuvent selon d'autres passer pour des défauts, comme le levier de vitesse au mouvement ample et au "clong" caractéristique, comme ces énormes poignées aux leviers non réglables qui requièrent des paluches conséquentes. On retrouve aussi, et c'est beaucoup moins drôle, un poids vraiment conséquent de 355 kg (à sec!) de quoi vous donner des sueurs froides lorsqu'il s'agit de rentrer ou de sortir la belle du garage, ou tout simplement au moment de s'arrêter, en veillant impérativement à la positionner de manière à pouvoir repartir dignement et sans risquer de la vautrer par terre.

Un soupçon de modernité

Attention aussi à l'ABS, qui a le mérite d'être présent, mais le défaut d'être assez peu réactif. En usage normal pas de soucis, mais dans certains cas, comme à très basse vitesse, on peut se retrouver sans frein sur un demi ou un mètre, le temps que le système, qui a détecté une amorce de blocage, relâche puis remette la pression dans le circuit. D'autres constructeurs proposent nettement plus réactif, même si dans la plupart des cas, sa présence sauve la mise.

La Street Glide possède une gueule d'amour à laquelle il est difficile de résister. Un petit travail sur le moteur pour le laisser s'exprimer et un peu de recherche dans le catalogue des accessoires pour la rendre plus confortable devraient suffire à la rendre complètement irrésistible! Mais si on pouvait avoir la même sans la radio, à un prix plus abordable…

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