Le coup de crayon, inspiré et respectueux du prototype, interpelle. La moto semble infiniment large et basse, ne ressemble à rien de connu, et surprend. On devine, plus qu'on ne voit, le bicylindre hérité de la Deauville, on aperçoit les fragments d'un classique cadre acier, on détaille une impressionnante roue arrière montée en 190/50 x 17, magnifiquement mise en valeur par le monobras, on s'attarde sur son nez de squale, semblant ne faire qu'une bouchée du bitume. La ligne de la DN-01 en déroute plus d'un et ne laisse personne indifférent. Nous, on adore!

Un custom…

En s'asseyant, le monde du scooter s'éloigne encore un peu plus. Nous sommes bien en présence d'une moto, et, au vu de la position, au guidon, d'un custom! Et avouez que pour un custom, il a plus d'allure qu'une Shadow ou que toutes ces pâles copies d'Harley, non? La position de conduite nous éloigne des scooters, l'absence complète d'aspects pratiques aussi. Aucun rangement disponible sur la DN-01, on aura même du mal à caser un cadenas sous la selle. La Mana, sans doute la concurrente la plus directe de la Honda, nous offrait dans son faux réservoir de quoi caser un intégral! A la conduite par contre, on retrouve avec plaisir la facilité d'un scoot, même si la technique diffère. Une fois le moteur démarré, la moto se trouve d'abord au point mort. Un basculeur au pouce droit enclenche la transmission, par défaut le mode "Drive". A main gauche cette fois, un basculeur permet de passer de "Drive" en "Sport". Si par nostalgie ou par goût de l'effort vous désirez rester maître de votre transmission, un petit bouton à l'avant du commodo droit balance la boîte hydraulique en mode manuel. Les rapports se montent et se descendent grâce au basculeur gauche (celui qui permettait de passer de "Drive" en "Sport). Capito? Alors on y va!

…Mâtiné de scooter!

Premiers tours de roues en ville, avec le mode "Drive", parfaitement adapté à la situation. Malgré son impressionnant empattement, la DN-01 fait merveille dans la circulation, tant la transmission se montre onctueuse. La position de conduite typée custom participe à l'approche "cool" du trafic initiée par la transmission automatique, et nous en venons à trouver ridicule et vain l'énervement des scooters. De toute façon et vu son gabarit, la DN-01 ne pourra se faufiler avec la même aisance qu'un T-Max, alors autant rouler détendu! Nous sortons de la ville et en profitons pour jouer de la boîte. Oui, bon, d'accord, on change les vitesses…mais si on a vraiment envie de changer de vitesses, achète-t-on une DN-01? Nous préférons repasser rapidement en automatique et choisissons le mode "Sport". Les réactions se veulent plus vives, les régimes de rotation du moteur plus élevés, et ce mode permet donc de mieux jouir d'un itinéraire plus tourmenté. Et là, la DN-01 étonne. Nous avons apprécié son aptitude à appréhender le trafic urbain avec sérénité, nous avions apprécié sa stabilité exemplaire sur autoroute, tout en mesurant les limites d'une position custom. Bras et jambes en avant, tout le poids du corps repose sur les fesses, et si la selle est moelleuse, le corps avoue vite ses limites, d'autant que l'avant effilé n'offre pas beaucoup de protection au vent.

Tout bon!

C'est paradoxalement sur route, là où on ne l'attendait guère, que la DN-01 se révèle la plus bluffante. Son empattement large, gage d'une stabilité sans faille, ne l'empêche pas de se jeter d'un virage à l'autre avec une vivacité surprenante. La DN-01 révèle ici un tempérament inattendu, joueur et sain à la fois, tant en solo qu'en duo. Les seules limites seront celles des repose-pieds qui viendront sans doute trop fréquemment racler le sol, sans que ce soit vraiment frustrant. L'agrément manifeste qu'apporte la conduite de la DN-01 est amplifié par la qualité du freinage. La Honda bénéficie en effet du freinage couplé. Pour rappel, ça signifie qu'en actionnant la pédale de frein, on agit sur le frein arrière et en partie sur l'avant. Une temporisation empêche qu'une faible sollicitation agisse sur l'avant, qui ne sera freiné qu'avec une action plus prononcée. Résultat, un freinage puissant, équilibré, rassurant.

Pari gagné

Décidément, Honda a réussi un pari audacieux: proposer une moto qui ne ressemble à aucune autre, capable de séduire les amateurs de scooters s'ils sont prêts à faire l'impasse sur certains aspects pratiques comme la protection ou les rangements, offrant une alternative spectaculaire à tous les customs éculés qui nous remettent la même sauce depuis trente ans, ou qui peut tout simplement apporter une nouvelle façon de conduire, détendue, efficace et amusante aux amateurs de motos classiques. Le poids de la DN-01, bien réel, ou les performances modestes du bloc éprouvé de la Deauville et de la Transalp ne tempèrent pas l'excellente impression que nous a laissée la DN-01 à laquelle peu de défauts peuvent êtres reprochés. Le compteur paraît un peu pauvre en information (compteur, compte-tours, jauge à essence fantaisiste, deux trips, horloge et indication du mode de transmission) et il disparaît à moitié sous la bulle horizontale. Et si la position typée custom est agréable à basse vitesse, elle devient très fatigante sur autoroute où pourtant la DN-01 semble pouvoir avaler sans fin les kilomètres. On lui reproche aussi son prix, 11.990€, celui de l'exclusivité et de la sophistication de sa transmission.