La Transalp évitait avec justesse l'écueil d'une "Dakar Replica", fort à la mode en ces temps éloignés, mais par trop radicales avec leurs énormes réservoirs, leurs suspensions aux débattements infinis, et bien souvent leur mono refroidi par air. La Transalp reprenait l'idée du tête de fourche, ici joliment intégré à la carrosserie, mais surtout il ouvrait de nouveaux horizons et une nouvelle polyvalence avec un V-twin refroidi par eau de 600cc, développant initialement 50ch. Le reste, classique pour l'époque, se composait d'un cadre acier, d'une roue avant de 21 pouces, d'un frein à tambour à l'arrière, d'un guidon cross et de suspensions à grands débattements. La Transalp connut un sacré succès, évoluant par touches successives, parfois très discrètes, parfois plus marquées, comme en 2000. Le millésime bénéficia principalement d'une augmentation de cylindrée (650cc dorénavant) et d'une ligne complètement redessinée, dans le respect toutefois de son aînée. 2007 marque une nouvelle et importante étape de la saga des Transalp.

Evolutions sages et successives

Le moteur bénéficie à nouveau d'une augmentation de cylindrée, pour cuber dorénavant précisément 680cc, la puissance passant à 60ch. La partie cycle n'évolue guère, reconduisant quasiment in extenso le cadre existant, un double berceau en acier, et la fourche classique de 41mm. La roue avant abandonne toutefois 2 pouces de diamètre pour se contenter maintenant de 19". La refonte du modèle se ressent sur la balance, avec 20kg gagnés sur l'ancienne génération. Le look évolue plus franchement. Certes, les grands traits de la Transalp transpirent, mais la carrosserie se veut plus affûtée, plus moderne, un brin agressive avec un phare et une tête de fourche très stylés. On se pose quelques questions toutefois, avec un guidon qui touche pratiquement les caches latéraux lorsqu'on braque à fond, au point qu'on s'y coince les doigts! Nouveau tableau de bord aussi, mêlant habilement compte-tours analogique avec pavé digital pour la vitesse, l'heure, la jauge et les trips. La facilité, fonds de commerce de la Transalp depuis ses origines, se retrouve intégralement préservée.

Esprit, es-tu là?

La Transalp était une bonne à tout faire, elle le reste! Le moteur, plus vaillant, ne déborde toutefois pas d'exubérance et ne devrait pas vous mettre en difficulté, pas plus que le châssis, très sain, qui vous rappellera à l'ordre s'il vous venait à l'idée d'un peu trop le bousculer. Rien d'inquiétant, juste de quoi vous rappeler que vous êtes au guidon d'un trail, et pas d'un roadster pointu! Idem pour le freinage, efficace et rassurant, d'autant qu'il bénéficie de l'ABS et du système combiné couplant l'avant et l'arrière. Ça freine gentiment, mais sans guère de mordant. Amateurs de conduite "incisive", passez votre chemin! Grâce à une selle redessinée et plus étroite, la Transalp ne se destine plus exclusivement aux grands gabarits. D'ailleurs, la protection au vent nous a paru un peu limitée au niveau du buste, de la tête et des épaules. De quoi justifier l'achat d'une bulle haute proposée en option? Par contre, dix sur dix pour la protection des pieds, remarquable! Bon point aussi pur les poignées de maintien passager, amorçant un petit porte-paquet bien utile. Très bien aussi le phare monté de deux ampoules H7.

Oui!

À la conduite, la Transalp ne renie pas ses origines et se présente toujours comme une compagne bien agréable. Le moteur reprend dès 2.000 tr/min, vrombit gentiment sans montrer de lacunes particulières. Les 60ch seront peut-être à la peine lors de voyages en montagne à deux avec armes et bagages, il faudra alors profiter de l'excellente maniabilité offerte par un châssis qui se régale d'une roue avant de 19". Les suspensions, peu sophistiquées, s'acquittent honorablement de leur tâche, arrivant à concilier honorablement confort et rigueur relatifs. Tout serait sans doute dans le meilleur des mondes si nous n'avions pas souffert tout au long de l'essai d'une boîte de vitesse décidément bien revêche. Verrouillages durs, et même très durs au rétrogradage, incapacité quasi systématique à retrouver le point mort au feu rouge, notre essai citadin s'est rapidement transformé en véritable calvaire! Incompréhensible et tellement éloigné des canons de la marque que nous supposons être tombés sur un mauvais numéro de ce point de vue-là. Un galop d'essai sur une autre machine confirmera sans doute cela.

Pour le reste, la dernière monture de la Transalp devrait répondre à toutes les attentes des "aficionados" de ce modèle puisqu'elle a préservé, en s'améliorant dans tous les domaines, l'esprit initié par son aïeule il y a plus de vingt ans déjà. La Transalp est disponible pour 7.190€, 7.790€ avec l'option ABS.