Mais d'abord un peu d'histoire! Kwang Yang Motor Co naît le 5 février 1963 pour importer, puis assembler des Honda à Taiwan. Si l'entreprise comptait à ses débuts 150 salariés, elle en emploie maintenant 4000, répartis sur trois sites qui assemblent un véhicule toutes les 16 secondes, soit 600.000 par an, dont 207.000 destinés à l'export! Leader de son marché domestique, Kymco possède encore trois sites de production en Chine, mais aussi au Vietnam et aux Philippines. Les collaborations ne manquent pas avec d'autres constructeurs, comme Kawasaki ou encore BMW: les moteurs des scooters allemands sont produits par Kymco. Le constructeur Taiwanais (et BMW aussi!) insiste lourdement sur ce point: le moteur Béhème est conçu par BMW et produit par Kymco, tandis que le bloc qui anime le MyRoad 700 est un pur produit Kymco, depuis les premières esquisses jusqu'aux lignes de production.
Bloc maison
Le fameux bloc bicylindre en ligne à huit soupapes cube précisément 699,5cc. Nanti d'une injection électronique et d'un arbre d'équilibrage, il développe 59ch avec un couple de 63Nm. Il aura fallu quatre ans à Kymco pour étudier et développer ce nouveau bloc d'une importance capitale, puisqu'il ouvre à la marque des nouvelles perspectives. La tutelle de Honda a porté jusqu'en 1993, la marque en tant que telle n'existe donc que depuis vingt ans et doit encore asseoir sa notoriété. On comprend donc bien volontiers le temps consacré à la mise au point de ce vaisseau amiral. Et en y réfléchissant, on se dit que le challenge n'est pas simple. Chasser sur un terrain de jeu occupé par d'aussi solides pointures que le TMax ou le Burgman, envahi par des marques aussi prestigieuses que BMW ou des modèles aussi innovants que la Honda Integra, représente un sacré défi pour une marque qui a débarqué en Europe en 1996, et qui ne s'est jusqu'ici aventurée que dans les petites cylindrées. Pas question dès lors de bousculer les valeurs établies, mais plutôt essayer de se faire une petite place au soleil et travailler à la notoriété future de la marque en amenant de la légitimité à une enseigne nouvelle sur le marché.
Style convenu
Le MyRoad vise clairement le segment GT, avec un style et un gabarit l'apparentant plus à un Burgman qu'à un Tmax. Très conformiste de ligne, très conformiste aussi techniquement, le MyRoad n'innove guère. Il reprend un cadre en acier avec un bras oscillant en aluminium amorti par deux amortisseurs réglables hydrauliquement en trois positions depuis le guidon. De dimensions généreuses, il est plus grand, plus long, et nettement plus lourd qu'un Burgman ou un SW-T600. Inutile de préciser qu'il en impose un maximum, même à l'arrêt! Du classique encore avec les roues, 15" à l'avant, 14" à l'arrière, ou le freinage confié à trois disques secondés par un ABS Bosch. Sous la selle, le coffre accueille deux intégraux malgré sa forme tourmentée. Le tableau de bord, propret et bien lisible, ne croûle pas sous les informations: heure, jauge, trips, indication du réglage de suspensions et basta! Tant mieux, au vu des boutons de commande placés directement sous le pavé numérique! Un bon point pour le réservoir d'essence, très accessible, et les repose pieds arrière qui se déploient aisément, ou encore pour les feux arrière et clignotants à LEDs. Bémol pour le frein de parking, peu accessible au bas du tablier. La finition, sans imagination mais sans lacunes, pêche toutefois par la qualité de certains plastiques, comme celui des couvercles des vides poches.
Efficace
Grand, le Kymco se montre accueillant et prévenant. Le conducteur trouve immédiatement ses marques et apprécie de pouvoir tendre complètement les jambes sur l'avant. On l'avait compris, même les plus grands se sentiront à l'aise. Le bruit du moteur à l'arrêt "sonne" mieux que le BMW, sans pour autant pâmer son auditoire. Il en sera de même sur la route. Vigoureux, il emmènera facilement la masse conséquente du Kymco (280 kg à sec!), mais semble s'essouffler un peu passé les 120 km/h. A vérifier lors d'un prochain essai, notre prise en main s'étant déroulée dans l'arrière pays cannois, les longues lignes droites manquaient! Le terrain de jeu exigeant a mis par contre en valeur les excellentes qualités d'un châssis qui ne s'est jamais désuni. Garde au sol autorisant un rythme soutenu, confort préservé, trajectoires précises, nous n'attendions pas le MyRoad à pareille fête! Certes, le poids se fait sentir, mais honnêtement, qui ira s'exciter sur ce genre de route avec un gros GT tel que celui-ci?
Le bon choix?
Le moteur semble gagner en agrément avec les kilomètres. Une première boucle au guidon d'un Kymco qui n'avait que 3-400 km au compteur nous avait laissé entrevoir un moteur peu onctueux et peu avare en vibrations. Le lendemain, notre choix s'est porté sur une machine avec 1500km au compteur et le progrès était net: beaucoup moins râpeux, le bloc 700 se montrait sous un meilleur jour. qui dit petites routes, bon comportement, puissance et masse respectable, dit aussi freins. Ceux du Kymco remplissent parfaitement leur office, même si personnellement nous préférons un mordant plus franc à l'attaque. Ce n'est certainement pas le cas de la clientèle et de l'usage visé. Alors ce Kymco, une affaire? Un bon produit en tous cas, et qui n'a pas à rougir de la concurrence. Son prix, 8.295€, bien placé face à un Tmax, un Suzuki ou un BMW, ne suffira peut être pas à faire la différence face à un Integra, certes moins conformiste, ou à un SW-T600 en fin de vie, il est vrai, mais avec encore de beaux restes.