Replongeons-nous dans le passé, à l'époque où des bagarres homériques confrontaient à Brighton et dans les autres stations balnéaires du sud de l'Angleterre des rockers à moto aux mods, qui se déplaçaient sur des Lambretta et des Vespa rutilantes et bardées de rétroviseurs. Un phénomène qui inspira l'album Quadrophenia du groupe "The Who". Ces temps ont bien changé, mais la nostalgie doit peser un poids certain pour de nombreux utilisateurs dont le choix s'arrête sur une Vespa. Piaggio doit dorénavant compter sur un nouvel adversaire, qui vient l'affronter avec de solides arguments. Si le groupe qui a acquis les droits d'exploitation du nom "Lambretta" gère bien son affaire, l'image encore forte de celle-ci représente en effet un solide atout.

Nostalgie

Certes, les Lambretta d'aujourd'hui n'ont, hormis le nom et la ligne sur laquelle nous reviendrons, rien à voir avec les Lambretta du passé, tandis que les Vespa n'ont jamais cessé d'être produites. Dès le départ, Lambretta a voulu jouer la nostalgie et le style caractéristique des modèles de l'époque, une silhouette basse et élancée qui ne manquait pas de charme. Le designer italien Alessandro Tartarini a particulièrement bien capté l'esprit " Lambretta", et la LN 125 se reconnaît immédiatement comme telle. Évidemment la comparaison avec l'un de ses ancêtres laisse immédiatement apparaître une solide différence de gabarit: les scooters des années '50 paraissent maintenant particulièrement menus, et cette remarque vaut aussi pour les Vespa, qui sont traitées à la même enseigne, hormis peut être le PX, dernier survivant d'une page qui se tourne.

Lambretta vs Vespa

Nous citons énormément Vespa dans cet article, le concurrent actuel de la LN 125 se nomme en effet Vespa LX 125. Nous nous sommes donc empressés de les comparer. Chacun des compères revendique fièrement son ADN, l'histoire se répète. On pourrait même dire que techniquement aussi l'histoire se répète! La Vespa conserve donc son châssis monocoque, certes agrémenté de pas mal de plastique (garde boue avant, habillage autour du tablier…), tandis que la LN 125 reprend la technique des Lambretta de l'époque: un châssis tubulaire habillé d'une carrosserie en tôle, complétée elle aussi d'éléments en plastique. Mais plutôt que de repartir d'une page vierge, Lambretta a choisi une collaboration avec un nom connu: Sym. Toute la partie mécanique et châssis est en effet héritée du Fiddle. rien d'handicapant en soi, Sym a réussi en quelques années à se forger une réputation enviable sur le marché. Les italiens ne seraient pas italiens s'ils n'avaient pas mis leur touche personnelle, et l'échappement de la Lambretta sonne particulièrement bien, nettement mieux que celui de la Vespa LX.

Comportement: 1. Lambretta, 2. Vespa

La Lambretta marque encore des points en dynamique, avec une stabilité bien plus rassurante que la Vespa. Un empattement plus long et des roues de douze pouces n'y sont certainement pas étrangers. Ajoutons y un freinage particulièrement efficace même avec le tambour arrière (partagé avec la Vespa) et vous comprendrez que la LN remporte facilement le set, d'autant que la LN 125 ne cède en rien à la Vespa en termes de maniabilité. Seule la fourche à balancier de la Vespa se fait apprécier en annulant l'effet de plongée d'une fourche classique, ceux qui pratiquent les BMW avec leur suspension Telelever comprendront. La position de conduite, assis bien droit, ne diffère guère de l'une à l'autre, avec un confort tout à fait correct. La selle de la Lambretta offre d'ailleurs un moelleux appréciable.

Finition: 1. Vespa, 2. Lambretta

La Vespa reprend des couleurs au niveau des aspects pratiques. Elle possède une clé codée, de quoi décourager quelques envieux, son coffre sous la selle permet d'absorber un casque, ce qui est loin d'être le cas du "vide-poche" de la Lambretta. L'importateur nous signale toutefois que l'usine s'est penchée sur le problème et qu'un nouveau bac acceptant un casque sous la selle va être monté incessamment, bac qui sera monté gracieusement sur les véhicules déjà vendus. De toute façon, la Vespa remporte la manche avec son coffre situé sur le tablier, pas immense, mais bien assez grand pour y laisser à demeure quelques objets, comme un pantalon de pluie par exemple. Mais c'est surtout au niveau de la finition que la Vespa écrase la Lambretta! Rétroviseurs plus flatteurs, plastique mieux ajustés, fixation du tablier invisible, câble de gaz masqué, les points sont vite gagnés!

Une affaire de détails

Ajoutons encore quelques fautes de goût incompréhensibles pour la Lambretta comme les épouvantables clignoteurs arrières, les plastiques peints en gris (entourages du phare, du feu arrière et du tableau de bord, baguettes latérales), les trois barrettes de plastique noir meublant le garde boue arrière, les pastilles de caoutchouc noir masquant les vis du tablier avant, visibles comme les points noirs sur la peau d'un ado, et la messe est dite! Damned! La Lambretta avait tout pour plaire: un nom, une ligne, un comportement et elle se "ramasse" pour des broutilles! Vu le prix demandé (3.799 €), le même qu'une Vespa qui n'a plus rien à prouver, on s'attendait à bénéficier du même soin dans la finition. Après en avoir discuté avec le dynamique importateur Lambretta pour la Belgique, il semble que la firme soit bien consciente de ces petits défauts et met tout en œuvre pour corriger le tir. Espérons que ces détails seront vite réglés, car alors la Vespa n'aura qu'à bien se tenir face à une Lambretta au comportement autrement plus efficace et à la ligne particulièrement craquante. Une gamme étendue d'accessoires devrait compléter l'offre très prochainement, avec notamment des pare-brises disponibles en trois hauteurs différentes, un porte-paquet et un top-case.