Genèse d’une lignée à succès
1954 : mythique 300 SL
La gamme SL a débuté en 1954 avec la mythique 300 SL. Avec ses portes type « papillon », son moteur à injection directe d’essence (oui, vous avez bien lu, en 1954 !), elle était à l’époque, un summum de technologie ! Ses performances ébouriffantes (240 km/h !) anéantissaient aussitôt toute idée de concurrence ! C’était là, la première supercar des temps modernes, les Alfa 8C 2900 et autres Bugatti Atalante ayant tenu ce rôle avant guerre. Aux côtés de cette voiture de légende, la 190 SL charmait l’œil par sa présentation aguicheuse. Une robe flatteuse, cinglant celle de la 300 SL, mais cachant un ramage nettement plus modeste… En 1957, la 300 SL roadster fut lancée. Déjà plus confortable et moins pure et dure que le coupé, mais sans toutefois vraiment compromettre les performances, elle a orienté la philosophie de ce qui allait devenir une lignée à succès.
1963 : la Pagode, mutation esthétique
L’arrivée du nouveau roadster succédant aux 300 SL et 190 SL surprît par son aspect inhabituel. Les lignes tendues marquaient une véritable rupture de style avec les arrondis des modèles précédents. De plus, le hard-top, qui s’enfonçait en son milieu, fit surnommer la voiture « Pagode ». Les moteurs, des 6 cylindres en ligne de cylindrées allant de 2.3 l à 2.8 l, permettaient à la Pagode de dépasser les 200 km/h.
1971 : l’arrivée d’un 8 cylindres
La génération de SL qui apparût en 1971 resta pendant 18 ans sur le catalogue ! Ligne classique et intemporelle, moteurs puissants (le V8 développait 200 chevaux !) et niveau de sécurité élevé, cette voiture se dotait de tous les atouts pour devenir un classique incontournable.
Au volant
C’est avec une 300 SL de 1986 que je fis mon premier contact avec la génération R107. Son 6 cylindres en ligne de 3 litres développe 180 chevaux, soit une puissance fort honorable. « Mon » exemplaire était doté d’une boîte 5 rapports, mais une unité automatique était également disponible.
Tout d’abord, à l’admirer sous tous ses angles, on se dit qu’elle n’a pas vieilli. Sa ligne, qui semble hermétique aux changements de modes, traverse les années sans réellement prendre de rides. J’ouvre la porte et… tente de m’installer ! Le volant Nardi de cet exemplaire (qui remplace le classique volant à quatre branches d’origine) est certes magnifique, mas ne facilite pas l’accès à bord et… la position de conduite ! Descendant bien trop bas, il m’est tout simplement impossible de passer la jambe sous ce volant. Voilà qui promet une certaine gymnastique pour freiner ! Les matériaux de la planche de bord accusent certes leur âge, l’équipement est franchement limité, mais l’assemblage ne supporte pas la critique et aucun bruit parasite n’est venu « accompagner » ma petite balade !
Contact, démarreur et le 6 cylindres en ligne s’ébroue dans un feulement maîtrisé. Hier comme aujourd’hui, les boîtes manuelles n’ont jamais vraiment été le point fort de la marque à l’étoile et la commande caoutchouteuse manque de précision ! Première engagée, je relâche doucement l’embrayage, très progressif au demeurant, et c’est parti ! Le moteur semble très souple, ne rechignant pas à enrouler dès les régimes les plus bas. La réponse à l’accélérateur est franche, et l’ensemble ne manque pas de vivacité, sur les trois premiers rapports du moins. Sur un rythme plus soutenu, la SL semble un peu moins à son aise, la voiture prenant un certain roulis. En revanche, le moteur n’hésite pas à monter gaillardement dans les tours dans une sonorité sportive ! On revient alors à un tempo plus calme et cette 300 SL se laisse savourer. Son confort, la douceur de ses commandes, les performances de son moteur et la qualité de construction restent parfaitement dans le coup aujourd’hui. Incontestablement, cette voiture pourrait servir encore maintenant à un usage quotidien. Sa modernité et son charme en font une véritable surprise à (re)découvrir !
1989 : encore plus sûre
Barre anti-tonneau, montants renforcés, rigidité excellente, la nouvelle génération de SL se veut encore plus sûre et entend offrir le même niveau de sécurité qu’une berline de la marque. Cette voiture était également la première voiture de production au monde à recevoir en série un siège avec ceinture de sécurité intégrée trois points. La SL 600 de 1992 était le premier roadster Mercedes à être équipé d’un moteur V12.
Au volant
Et ce n’est pas n’importe quelle version qu’il nous a été donné d’essayer ! Il s’agissait en effet de l’ex-voiture du Prince Laurent, qui a bénéficié de quelques aménagements par AMG. De quelle nature exactement ? Difficile à dire, le département sportif de Mercedes ne pipant mot sur les modifications. Ce que l’on sait, c’est qu’il s’agit d’un V12 de 6 litres. Quant à la puissance, elle est estimée à plus de 400 chevaux environ.
L’habitacle, sombre mais bien fini et très bien équipé, ne possède certes pas le charme des versions précédentes, mais séduit tout de même par sa qualité. La position de conduite est moderne et une fois le moteur en route et le levier sur Drive, me voilà en route ! Il faut bien avouer que ce n’est le genre de voiture à vous séduire au premier contact. En revanche, au fil des kilomètres, on finit par découvrir une fabuleuse voiture à deux visages. Souple et confortable à faible allure, elle se déchaîne sur une pression prononcée du pied droit ! La voiture se cabre et file droit devant ! La poussée est colossale mais l’ensemble reste doux. On roule vraiment sur du velours ! Très éloignée du concept dragster des AMG modernes, cette SL600 retravaillée laisse percevoir une personnalité qui finit par être attachante à longue ! Seule petite déception : la sonorité du V12. Inaudible au ralenti, il se laisse seulement entendre en charge. Un peu comme si la ventilation était à fond… On est bien loin des envolées lyriques des V12 italiens…
2001 : high-tech !
Sur la dernière génération de SL, on a assisté à un festival de technologies embarquées, avec une kyrielle d’aides à la conduite et un véritable arsenal d’équipements de confort. Sur le plan sécuritaire, Mercedes n’a pas failli à sa réputation en proposant des coussins antichocs à deux étapes pour le conducteur et le passager, des sièges intégrés des airbags tête/thorax, une barre de protection anti-tonneau,… Le toit rigide escamotable apporte un confort bienvenu et ne vient nullement briser une ligne plus arrondie, mais également plus sportive.
Au volant
SL600
Hors AMG, il s’agit de la version la plus puissante. Et les caractéristiques ont de quoi faire frémir : V12, 5.5 l, 2 turbos et pas moins de 517 chevaux ! A l’intérieur, c’est évidemment un monde de luxe où le confort est opulent ! Contact, démarreur, le V12 se fait pratiquement inaudible. Il faut vraiment décapoter pour percevoir son feulement, qui reste grave et sourd de toute manière. Pas de montées vers les aigus au programme, avec une puissance distillée au fur et à mesure, ici ça pousse tout le temps et très très fort ! Même si l’on ne s’en rend pas forcément compte ! Les mises en vitesse font penser à celles d’un Jumbo Jet : constantes, linéaires et généreuses ! La tenue de route et très saine mais il est aisément perceptible que l’engin est nettement plus dirigé vers le confort que vers le sport pur et dur !
SL63 AMG
Changement radical de philosophie. Avec cette SL63 AMG, on passe à un univers nettement plus orienté vers le sport ! Boîte à double embrayage et sept rapports (seule voiture à disposer de cette boîte chez Mercedes), suspension sportive adaptable, ESP à plusieurs modes de fonctionnement,… Dès le démarrage, on sent le fauve prêt à bondir : le V8 de 6.2 l et 525 chevaux rugit méchamment et laisse une impression de puissance inépuisable. Sur la route, on a affaire à une véritable voiture de sport, nettement plus réactive que les autres SL. L’ensemble est plus agile, plus orienté vers le sport et la boîte, bien plus rapide qu’une unité automatique conventionnelle (mais pas encore autant qu’une DSG de chez Volkswagen). Et ces quatre sorties d’échappement renvoient une sonorité rauque de bombardier qui fait oublier la présence d’une radio. Une véritable sportive, mais dont il faut s’occuper ! Tout le contraire d’une SL600, qui se laisse guider nonchalamment…