Nous sommes en 1961 et chez Ferrari, c’est la « révolte du palais ». Une violente mésentente entre Enzo Ferrari et ses meilleurs ingénieurs mettent ces derniers à la rue. Ils décident alors de fonder ensemble une marque capable de rivaliser avec Ferrari tant sur la piste que sur la route. Hélas, dans les deux cas, ce sera un fiasco complet. Le nom de la marque ? ATS, pour Automobili Turismo e Sport.

Deux grands noms…

Derrière ce projet ATS, nous retrouvons Carlo Chiti et Giotto Bizzarrini, ce dernier étant notamment connu pour son implication dans la conception d’une certaine… Ferrari 250 GTO ! Mais ces ingénieurs de pointe sont rapidement distraits de leur projet initial : Bizzarrini se voit confier l’élaboration d’un nouveau moteur pour Lamborghini et Chiti fonde « Autodelta » en 1963, une société spécialisée dans la préparation des Alfa Romeo de course. ATS ne survivra pas à la disparition de ses géniteurs…

Un projet prometteur

Et pourtant, le projet qui fût présenté au salon de Genève 1963 avait toutes les cartes en main pour séduire : une carrosserie élégante dessinée par Allemano, un V8 à haut rendement en position centrale (une première pour une voiture italienne) et un châssis sophistiqué. Le V8, développé par Chiti, cubait 2,5 litres pour une puissance de 220 chevaux.

Côté châssis, les deux ingénieurs étaient convaincus par les mérites de l’architecture à moteur central arrière. C’était d’ailleurs, l’une des raisons des tensions avec Enzo Ferrari, ce dernier étant convaincu que le « cheval tirait la charrette et ne la poussait point ». Très en avance sur son temps, l’ATS affichait une suspension à double triangle à l’avant et à l’arrière, quatre roues indépendantes et quatre freins à disques. Le châssis tubulaire en chrome-molybdène était directement dérivé de la compétition.

2500 GTS

Une version plus poussée fût également développée : la 2500 GTS, avec un « S » pour « Superleggera ». En effet, cette dernière s’habillait d’une robe en aluminium. Sous le capot, la cylindrée du V8 était portée à 3 litres. ATS annonçait une puissance de 300 chevaux à… 7.700 tr/min ! Avec sa boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, ce modèle filait à 250 km/h. Pour l’époque, les performances et les qualités du châssis étaient surréalistes !

Sur la piste

La marque étudie une nouvelle Formule 1, la Tipo 100 animée par un V8 de 1,5 litre. Mais l’étude du projet est bâclée, la voiture est scandaleusement finie et la fiabilité est totalement absente. Engagée dans quelques courses en 1963, cette voiture n’engrangera aucun point, en dépit de tout le talent de Phill Hill au volant.

Flop absolu

L’ATS ne connût pas le succès qu’elle méritait. Abandonnée par ses géniteurs, desservie par les résultats en compétition de la Tipo 100, la voiture tomba rapidement dans l’oubli. Seuls douze exemplaires furent produits entre 1963 et 1965, dont seulement deux GTS. Tout ne fût cependant pas perdu, car un certain Comte Volpi, richissime héritier, créa la Serenissima Junlga GT, un coupé basé sur l’une des ATS non terminée. L’aventure ne fût pas plus glorieuse, mais cela est une autre histoire…

Aujourd’hui

Impossible aujourd’hui de donner une cote à cette voiture, la dernière transaction en date remontant à une vente aux enchères de RM Sotheby’s en… octobre 2009 ! L’une des deux 2500 GTS y fût vendue pour 308.000 £, soit environ 360.000 € de l’époque. On imagine aujourd’hui que cette valeur serait facilement multipliée… Sachez que la valeur ne fait pas tout, car l’absence totale de pièces de rechange rend toute opération technique ou cosmétique cauchemardesque. Et bonne chance pour trouver le mécano qui saura parfaitement la régler !