La V7 a connu une nombreuse descendance, la moins marquante n'est pas la V7 Sport, de laquelle la "Classic" reprend aussi des éléments d'inspiration. Les designers ont fait un travail étonnant, en puisant leur réflexion, non pas d'un modèle spécifique, mais de plusieurs, et la proposition est tellement réussie qu'en la regardant, on est persuadé de voir une réplique scrupuleusement conforme d'un modèle. Les couleurs et le graphisme s'inspirent plutôt de la V7, le réservoir et la ligne générale de la V7 Sport. Totale réussite esthétique donc, et style Guzzi inimitable d'une extrémité à l'autre. Les "vieux" rajeuniront de 30 ou 40 ans (aïe, les années passent…), les "djeunes" remonteront le temps pour goûter aux frissons de leurs parents.
Recette d'époque
La "Classic" ne vole pas son nom, et reprend toutes les recettes de l'époque: fourche conventionnelle, cadre en tubes d'acier, deux amortisseurs arrière, phare chromé, deux compteurs très "Veglia-Borletti", magnifique réservoir reprenant les formes initiées sur la V7 Sport et la déco des V7, selle plate, garde boue enveloppant, longs pots d'échappement chromés… Rien ne manque et l'on a peine à reconnaître sous cet habillage néoclassique du meilleur effet l'architecture de la discrète Breva 750! Plus surprenant et perceptible lorsqu'on s'approche de la V7 Classic, sa compacité étonnante. Fine, menue, elle inspire la confiance autant que la sympathie. Un vrai vélo, accessible à tous, aussi compacte qu'une basique 500, le style et la classe en plus. C'est un plaisir de se mettre à son guidon, de lancer le petit V-twin à la sonorité agréable et réussie, de prendre les commandes, faciles et bien disposées, d'enclencher la première par un levier à la forme et à la course très rétro, et de démarrer sur un filet de gaz.
Thérapie
Peu puissant puisque ne développant pas plus de 50ch, le petit V-twin réussit la prouesse de ne pas paraître poussif et décevant. Nulle envie de se la jouer "Rossi", mais une énorme envie de se promener sur le couple bien présent et de se faufiler sur un filet de gaz, tout en douceur, en jouissant de l'excellente position de conduite (si vous ne dépassez pas le mètre 80!) et d'un moteur plein d'allant et de vie. Pour peu que vous ne lui demandiez pas l'impossible, ce petit moteur ne vous décevra pas. Amateur de 400m départ arrêté, passez votre chemin! Mais si vous sortez stressé à mort de votre bureau, prenez le guidon de votre V7 Classic, et en quelques centaines de mètres, vous oublierez tous vos soucis et vous vous sentirez aussi détendu que si vous étiez en vacances. Cette moto est thérapeutique!!
Reine des villes
Complètement relaxante, elle vous donne le sourire et se joue des embarras de la circulation avec l'aisance d'un scooter et une classe sans comparaison! Le meilleur du moteur occupe une plage idéale, de 2 à 5.000 tr/min, où son couple se fait le mieux sentir. Au-delà, elle grimpe avec bonne volonté, mais dépassera difficilement les 160 km/h. Et en fait, on s'en fout complètement, tellement il est bon de flâner à son guidon dans les mi-régimes. Redoutable en ville par sa maniabilité, sa compacité, et le caractère attachant de son moteur, elle donne envie de l'emmener en week-end. En solo, que du bonheur! Certes les suspensions classiques sont réglées bien dures, et la Guzzi ne fait pas preuve d'un confort inoubliable. Est-ce à ce prix-là, toujours est-il que la tenue de route reste toujours rassurante et saine d'autant que le freinage satisfait à toutes les situations. Rajoutons à cela une transmission par cardan dont la plus grande qualité est de se faire complètement oublier.
Voyager à l'ancienne
La petite puce "fashion" des villes se fait voyageuse nostalgique mais efficace. À deux, le pilote conserve intact son plaisir de conduite, mais la passagère s'y sent un peu malheureuse, la faute à une selle dure, mais surtout fort courte! Et son postérieur se rebelle à chaque bosse d'être maltraité de la sorte par des suspensions en bois! Dommage, parce que son comportement préserve les qualités perçues en solo, et on la sent prête à filer loin et longtemps, l'aiguille du compte-tours calée aux environs des 5.000 tr/min, d'autant qu'elle révèle à cette occasion un appétit d'oiseau, aux environs des 5 litres. Hormis son confort un peu spartiate, difficile de lui reprocher grand-chose. Un certain manque de puissance, sans doute, mais c'est un faut débat, car les 50ch présents suffisent à rendre sa conduite attrayante et cohérente en ces périodes de plus en plus réglementées et limitées.
Redécouvrir les charmes du passé
Du plaisir sans risquer son permis, proposition plutôt rare dans le monde de la moto actuelle. Alternative tout à fait envisageable aux maxi scoots, elle fait mieux que bien en ville, si on accepte son absence totale d'aspects pratiques, et style tellement plus classe! Capacités routières réelles, à des années lumières de la production actuelle, mais c'est peut-être le moment d'apprendre à voyager autrement, à (re)découvrir le charme des petites routes et des paysages oubliés, de rouler à l'ancienne sur une actuelle qui joue à fond la carte de la nostalgie. Et pour l'éternel insatisfait, il se trouvera bien quelque part un préparateur inspiré et respectueux du passé, pour vous concocter des petits kits transformant votre sage V7 Classic ou la toute récente Cafè Classic, encore plus charmante et plus rétro, en craquant petit café racer à l'ancienne, plus proche de la V7 Sport que de la V7 Spéciale. Une moto à découvrir absolument, au prix mesuré dans l'absolu de 7.990€.