Gros enjeu que cette Turismo, et tout est dans le nom! Depuis son retour en fanfare avec la F4 en 1997, MV Agusta a forgé sa réputation par des motos aussi splendides qu'exclusives. F4, Brutale, F3 675, Brutale 675, puis toutes les 800: F3, Brutale, Dragster, Rivale, rien que les noms donnent le ton!
Mais visiblement, Giovanni Castiglioni, le fils de Claudio, l'héritier, a de grandes ambitions pour la marque. Sapé avec une élégance toute italienne, il nous expose sa volonté d'ouvrir MV Agusta a un plus large public, en proposant sans doute la première MV utilisable au quotidien!
Premier acte de la stratégie d'expansion de MV, la Turismo Veloce n'est qu'une des dix-neuf nouveautés qui enrichiront la gamme de 2014 à 2018. Elle sera suivie en 2016 par une toute nouvelle plateforme quatre cylindres qui, elle aussi, se déclinera sur plusieurs segments.
Ambitions planétaires
En parallèle, le réseau se développe au niveau mondial, avec des ambitions de vente en augmentation espérée de 53% sur les exercices 2015-2016! L'image exclusive sera préservée, voire même renforcée auprès des dealers. Le syndrome Harley-Davidson fait des émules!
Pas de secret, pour arriver à ces chiffres, il faudra toucher un nouveau public, d'où le développement d'une gamme touring, un segment qui occupe 55% du marché!
La Turismo Veloce ne manque pas d'intérêt: MV a intelligemment évité le piège du gigantisme et de la course à l'armement. Après avoir entamé des études sur base d'un quatre cylindres, décision fut prise de partir du "tre pistoni" pour obtenir à la fois une moto plus agile, plus compacte et plus facile.
191 kg (à sec) et 110 ch donc pour la Turismo Veloce. "Turismo", parce que MV s'ouvre à un nouveau monde, non plus axé sur la performance pure, mais avec la volonté de présenter une machine accessible à tous, polyvalente de surcroît! Et "Veloce" parce que, quand même, c'est une MV! Il y a des choses avec lesquelles on ne rigole pas!
Tourisme véloce
Ceci dit, heureusement qu'elle est véloce, la Turismo, parce que franchement, que sa selle est dure! Subtil enchaînement, qui nous permet d'entamer le compte-rendu de notre prise en mains (en fesses?). Examen statique, tout d'abord: une MV reste une MV, et donc sacrément dessinée. La boucle arrière, par exemple, pareille à nulle autre, et permettant aux valises de trente litres (de quoi engloutir un intégral modulable) d'enserrer au plus près la moto. Résultat: 80 cm de large, dix de moins que le guidon! Certaines concurrentes pourraient en prendre de la graine! Parmi les équipements à noter encore, citons en vrac la capacité du réservoir (22 litres!), l'éclairage full LED, la bulle réglable d'une main, mais aussi l'embrayage antidribble et le shifter up&down.
Jusqu'ici, ça passe, c'est beau! Petit briefing de nos accompagnateurs pour nous expliquer le tableau de bord TFT de 5", avec promenade dans les menus pour choisir parmi les quatre paramètres moteur (rain, turismo, sport et custom), les huit niveaux d'antipatinage et l'ABS. Nous échappons aux réglages de la suspension électronique dont sera équipée la "Lusso" et nos mentors nous épargnent la connectivité Bluetooth qui permet de connecter smartphone et tablette, répondre au téléphone, régler vos suspensions électroniques via celui-ci (sur la "Lusso") ou encore partager vos données.
Ca m'en touche une…
Le "sharing" du "mapping"… La belle affaire! Ca m'en touche une sans bouger l'autre, pour paraphraser Chirac! Pas possible, ils sont biberonnés à la PlayStation, chez MV?!? Encore heureux que l'affichage de la vitesse soit un peu plus grand que le reste des infos, histoire de savoir à quelle vitesse on roule! Tout de suite, là, ça passe moins bien! Pas convaincu une seconde par ce "machin", dont la convivialité reste à démontrer, et qui constitue à notre avis un des rares défauts de cette machine pourtant bien née.
Le triple MV, même "dégonflé" à 110 ch, fait preuve d'une excellente santé, en reprenant avec vigueur dès 2.000 trs/min. Repensé en profondeur, il voit son couple augmenté de 15% sur les régimes intermédiaires et devrait consommer 20% de moins que ses frangins, ce que nous n'avons pu vérifier. Les différents mappings n'apportent qu'un intérêt limité: la différence entre sport et tourisme n'est guère révélatrice, et seul le mode pluie pourra sans doute rassurer les plus timorés. Puissant, caractériel, mais en évitant le piège de la violence et de la démesure, il permet d'exploiter les excellentes capacités routières de la machine, à laquelle on ne pourra reprocher qu'un amortissement parfois légèrement trop souple.
On aime!
Le confort, très bon, n'est trahi que par une selle décidément trop dure, mais aussi très courte (la moto aussi!) et trop haute (850 mm): notre mètre quatre-vingt peinait à mettre les deux pieds à plat. Pour en finir avec les critiques, nous ne voyons pas trop la justification d'un pneu arrière de 190 sur une telle machine, et nous regrettons le niveau sonore du moteur au point mort. Le design singulièrement chiadé de la boucle arrière fait son petit effet mais on aurait sans doute préféré un peu de rangement sous la selle plutôt que du vide. Et reste encore à tester le duo, sur une machine à l'empattement particulièrement court!
Des louanges par contre pour le shifter, qui permet de monter et descendre les rapports sans toucher à l'embrayage: un plus indéniable et bienvenu! Le freinage n'appelle que des louanges: mordant, puissance et feeling sans reproche!
Franchement, la Turismo Veloce nous a séduit. Certes moins universelle qu'une Tiger 800 par exemple, elle se montre pourtant attachante et suffisamment polyvalente pour en satisfaire plus d'un. Le style et le prestige de la marque transalpine feront le reste. MV Agusta n'a d'ailleurs pas hésité, lors de la présentation, à l'opposer à une Ducati Multistrada ou une BMW S1000XR. Vu le prix demandé, rien d'étonnant: 15.690 € pour la Veloce, 17.690 € pour la Veloce Lusso… Une "Edition1" sera proposée au lancement, enrichie (pour 970 € de plus) des valises latérales, de la béquille centrale, des poignées chauffantes et d'un GPS Garmin 390 sur son support. Dépêchez-vous, il n'y en a que cinq pour le Benelux!