Trop communes à votre goût? Alors n'hésitez pas, craquez pour une Juke-R! Construite actuellement à deux exemplaires, une conduite à gauche et une conduite à droite, cet improbable croisement entre le populaire petit SUV Juke et l'épouvantail Nissan GT-R, capable de faire de l'ombre à une Porsche Turbo, devrait être produit au total à 23 exemplaires dans les ateliers de RML. Quelques amateurs fortunés ont depuis la présentation des deux prototypes, fait des pieds et des mains pour que Nissan produise une (petite!) série de son remarquable "coup" de marketing! Un coup de marketing qui commence presque comme une blague de potaches un peu éméchés: et si on mettait le châssis et le moteur d'un GT-R dans une Juke?
Ca commence comme une blague
Sûr que c'était le bon moyen de faire parler de la Juke et d'encore booster ses ventes! Facile à dire, encore fallait-il pouvoir le faire! Une fois l'accord de principe accordé par la maison mère sur cette idée née dans les bureaux de marketing de Nissan Europe, contact fut pris avec RML (Ray Mallock Limited), une société fondée en 1984 par le pilote et ingénieur Ray Mallock, fortement impliquée en compétition avec Nissan depuis 1990. Cette année là, RML a en effet construit un prototype pour les 24h du Mans. RML fera aussi courir au British Touring Car Championship des Primera d'usine en 1998-1999, et créera pour Nissan la Micra-R en 2003, avec le moteur disposé aux places arrière. Il était donc assez naturel de leur présenter l'idée, dont la faisabilité fut rapidement établie. La construction de deux prototypes, l'un conduite à gauche, l'autre à droite, fut rapidement lancée chez RML, en collaboration avec le Nissan Technology Center for Europe (NTC-E).
Ca devient un pari fou
Le capot de nos deux Juke-R abrite donc un V6 double turbo de 3,8 litres récupéré de la Nissan GT-R tandis que sous le plancher arrière se niche la boîte transaxle à six rapports de la GT-R. Les trains roulants proviennent aussi de la supercar, tandis que l'arbre de transmission est raccourci de 25cm pour s'adapter à l'empattement plus court du Juke. La carrosserie, renforcée par un arceau cage FIA qui participe à la rigidité, se voit greffée d'ailes élargies, de boucliers avant et arrière particulièrement évocateurs, et d'un aileron en deux parties à l'arrière du toit, et l'ensemble se voit recouvert d'une livrée noir satiné très expressive. A l'intérieur, ambiance course avec la suppression des places arrières, l'apport de deux baquets très "racing" avec des harnais à cinq points, et des instruments de bord de la GT-R intégrés au tableau de bord de la Juke, qui conserve sa caractéristique console centrale inspiré d'un réservoir de moto.
Avec le succès à la clé
Destiné à des opérations de marketing, la Juke-R a été exhibée en différents point de la planète, de Dubaï à Moscou, exhibée mais aussi exploitée, en la confrontant par exemple à des supercars comme une Lamborghini Gallardo, une Mercedes SLS AMG ou une Ferrari 458 Italia, comme on a pu le voir à Dubaï en janvier dernier. Ces démonstrations de force n'ont pas laissé insensibles certains amateurs fortunés: ils ont immédiatement passé commande à Nissan, qui a dès lors décidé de produire la Juke-R en toute petite série, 23 exemplaires au total, y compris les deux prototypes existants. Pourquoi 23? Les chiffres 2 et 3 se prononcent phonétiquement "Nissan" en japonais! Si les deux protos reposaient sur une mécanique et des trains roulants de la GT-R 2010, la petite série reprendra la motorisation et les trains roulants du millésime 2012.
Vingt-trois au total, pas une de plus!
Une bonne affaire, puisque la puissance passera à 550ch! Les premiers exemplaires sont déjà en cours de construction, avec quelques différences par rapport aux deux prototypes. Le plancher sera en bonne partie récupéré de la GT-R, pour être découpé et ressoudé sur la coque du Juke, le train arrière sera reculé de 15mm en arrière pour dégager les passages de roues, et la climatisation sera déplacée pour plus d'efficacité. Ce ne sera pas du luxe, parce que nous avons eu particulièrement chaud à son volant: les conduits longent la transmission et du coup les aérateurs ne soufflent que de l'air chaud!
Ambiance course
Ambiance très course au volant de la Juke-R. Nous devons littéralement nous glisser au volant, en enjambant le tube de l'arceau qui barre le passage, baisser la tête pour ne pas cogner le casque au tube supérieur (ambiance course, on vous dit!). Une fois calés dans le baquet, un des mécanos de RML nous saucissonne littéralement avec le harnais à cinq points. Le moteur tourne, Franck Mailleux, pilote officiel Nissan, assis à nos côtés, nous guide sur le tracé qu'il a dessiné: go, à fond, deuxième, freinage, … nous profitons à fond des accélérations foudroyantes du petit monstre trapu et de son exceptionnelle adhérence. Pas de gros drifts, l'ESP n'est pas complètement déconnecté! La piste est étroite, et il s'agit de ramener intacte la Juke-R conduite à droite. Nous nous amusons quelques tours avec cette spectaculaire mutante, qui se montre malgré tout différente de la GT-R.
Pièce de collection
Normal, avec un empattement sérieusement raccourci et un centre de gravité plus haut, on la sent plus agile, plus instable aussi: de quoi se régaler dans les petits pif-pafs, mais aussi laisser sa revanche à la GT-R dans les grandes courbes rapides. La Juke-R prouve à merveille qu'elle ne se contente pas de briller dans les salons, mais qu'elle a aussi son mot à dire sur piste. Sa petite confrontation avec quelques supercars à Dubaï le prouve à suffisance. Mais nul doute que sa rareté et son prix lui ouvriront tout droit le chemin des collections, où elle coulera des jours bien plus paisibles que ce qu'elle pourrait espérer, avec un caractère aussi bien trempé!