VW, comme toujours…

C’est le frère, devenu ennemi entre temps, VW qui est le fournisseur officiel du premier diesel routier de Porsche. Le V6 de 3 l qui anime le Cayenne diesel est donc identique à celui des VW Touareg, Audi Q7,… Un manque de race ? Pourtant, ses caractéristiques plaident pour lui : 240 chevaux et un couple de 550 Nm pour supporter les plus lourdes des caravanes. Une seule boîte est d’ailleurs disponible : il s’agit de la Tiptronic S automatique, à 6 rapports. Histoire de faire bonne figure, Porsche a travaillé l’acoustique de ce moteur, non pas dans le but de lui donner une couleur métallique et rageuse, mais plutôt pour le rendre aussi silencieux que possible et atténuer les sonorités « dieselesques »…

Discrétion assurée

De l’extérieur, impossible de savoir si l’on a affaire à un Cayenne V6 essence ou diesel. Tous deux s’appellent « Cayenne », tout simplement, et les traits esthétiques sont rigoureusement identiques. A croire que Porsche a voulu étouffer l’affaire ! Il ne reste plus que la sonorité caractéristique pour reconnaître ce modèle !

Zone rouge inhabituelle

Porsche nous a habitué aux moteurs rageurs, exprimant leur colère métallique au plus près de la zone rouge. Il faudra ici s’habituer à une mécanique dont la limite se situe à 4.500 tr/min et dont le chant n’a pas grand-chose à voir avec le son caverneux du flat-six traditionnel, voire les borborygmes sportifs du V8 maison. La plage d’utilisation se situe plutôt au bas du compte-tours, là où le couple s’occupe de déplacer l’engin avec souplesse, mais vigueur également. Une flexion décidée du jarret droit aura pourtant vite fait de planter l’aiguille au-delà de 4.000 tr/min, ce que le moteur semble accepter sans broncher. Heureusement, si les claquements du ralenti l’identifient immédiatement comme diesel, ceux-ci restent néanmoins fort ténus et une fois dans les tours, on reconnaît le feulement typique d’un V6 ! Mais avec un petit accent agricole toutefois. Pas dérangeant, juste surprenant pour une Porsche… Et dans le bas des reins ? Certes, il ne faut pas en attendre des performances explosives, mais la vigueur est bel et bien au rendez-vous, avec surtout, une souplesse engageante. Une force tranquille quoi ! La boîte donne dans le même esprit, avec une très bonne réactivité et une belle douceur de fonctionnement.

Esprit Porsche ?

C’est sans doute ici la véritable question. Certes, le Cayenne présente un comportement routier étonnant, surtout s’agissant d’un SUV et son dynamisme est réel. Le confort à bord n’est pas oublié non plus, à la condition expresse de ne pas choisir des jantes trop « bling-bling », qui nuisent tant au confort acoustique qu’à celui de suspension. A cette condition, l’insonorisation est réussie ! La présentation de l’intérieur date toutefois le Cayenne, qui se montre moins high-tech à ce niveau qu’un Audi Q7, mais ce dernier ne propose pas une instrumentation aussi complète !

Voilà un bon bout de temps que le Cayenne s’impose dans notre paysage, nous habituant ainsi à regarder une Porsche vers le haut… Dans son segment, le Cayenne est probablement le SUV qui incarne le mieux une certaine philosophie sportive, d’autant que ses moteurs essence (en V8 surtout), lui donnent le caractère adéquat… Quid de ce diesel ? S’il faut bien admettre que le dynamisme du comportement est resté intact, il convient de garder à l’esprit que l’engin est haut perché sur roues, ce qui ne se ressent pas forcément au volant. Comme pour ses grands frères essence, donc… Néanmoins, le moteur, quoique volontaire et coupleux, n’a – forcément - ni la hargne, ni la sonorité d’un vrai moteur Porsche.

Tarif salé

On l’a dit et répété, une Porsche, dans l’esprit des puristes, c’est forcément une sportive ultra-efficace qui vous fait voire la route de plus près… Et qui a, de préférence, son moteur tout à l’arrière… Le Cayenne, et à fortiori cette variante diesel, aura donc du mal à les convaincre. Ceci dit, commercialement parlant, l’engin est particulièrement brillant, remportant à lui seul environ 80% des commandes de toutes Cayenne confondues !

Le tarif de base peut sembler presque abordable : 58.625 €, soit quelques milliers d’euros supplémentaires à un Q7 ou un Touareg pareillement motorisés. Avec le blason qui va avec, colossale différence qui justifie l’écart. Mais un petit œil sur la liste d’options donne le tournis : peinture métallisée (992 €), toit ouvrant (1.513 €), phares Bi-Xénon (1.614 €), jantes 19 pouces (2.182 €), cruise control (484 €), intérieur tout cuir (3.267 €), PCM (GPS, 3.509 €), sont autant d’options fort tentantes ! Dépasser les 10.000 € d’options est donc un jeu d’enfants !

La consommation est acceptable, avec une moyenne de 11 l/100 km environ, cette valeur pouvant descendre si vous en faites un usage principalement (auto-)routier.

Conclusion

A vouloir ratisser large, ce Cayenne finit par perdre quelques gênes de la maison. Certes, les finances de la maison s’y retrouveront, mais les puristes de la marque risquent de le dédaigner ! Ne nous y trompons pas : le produit est d’excellente qualité, bien fini, et présente un excellent comportement routier. Le moteur est bien intégré, assez silencieux et affiche une belle souplesse. Une réussite donc. Comme un Audi Q7 ou un VW Touareg alors ? Oui, et c’est bien là le problème… Et au blason, de justifier l’écart de prix.