En récupérant la première place à moins d’une heure de l’arrivée et en imposant sa Maserati sur le fil au terme d’une course endiablée, Eric van de Poele - associé à l’Allemand Michael Bartels et l’Italien Andrea Bertolini - a rejoint Jean-Michel Martin et Thierry Tassin au panthéon de l’histoire des Proximus 24 Hours of Spa. Le quatrième succès de « Tintin » (après 1987, 1998 et 2005), conquis de haute lutte face à une Aston Martin qui échoua sur le fil, lui permet de laver le retentissant échec subi en 1992 lorsqu’il s’inclina d’un souffle face à Steve Soper. Mais pour en arriver à ce résultat, le moins que l’on puisse écrire est que la bataille fut âpre… Du début à la fin du double tour d’horloge, le suspense a régné en maître. Après l’abandon rapide de la Maserati n° 2 de Davies-Vosse-Biagi (qui avait enflammé le début de course et qui se consolera avec le record du tour), les débats en tête de la course ont rapidement tourné à un duel d’anthologie entre l’Aston Martin Phoenix Racing de Piccini-Fässler-Deletraz-Lemeret et la Maserati des futurs vainqueurs. Jamais l’écart entre les deux machines n’excéda un tour, la DBR9 et la MC12 s’échangeant le leadership au gré des ravitaillements. Le ballet des deux bolides ne fut quasi jamais perturbé malgré une attaque de tous les instants et une prise de risque qui faisait frémir bon nombre de leurs adversaires. Et finalement, c’est peut-être un léger accrochage survenu à l’heure du petit déjeuner entre l’Aston Martin et la Spyker qui a décidé du sort de la course. Légèrement tordue, la direction de la voiture anglaise a fait basculer la tendance. De prédatrice, la DBR9 devenait proie… Il n’en fallait pas plus pour aiguiser l’appétit du clan italo-germanique qui se fit un malin plaisir de dicter sa loi. Même si ce fut juste – à deux tours de la fin, avant un ravitaillement-éclair de Fässler, seule une dizaine de secondes séparait les deux autos -, ce succès est indiscutable. « C’est définitivement mon circuit, mon épreuve et je veux gagner cette course chaque année ! », clamait Eric van de Poele abasourdi par son exploit. « Avec ces quatre victoires, je suis très fier de rejoindre Jean-Michel et Thierry au sommet de la hiérarchie des 24 Heures. Il faut absolument qu’on roule ensemble dans le futur, histoire d’inscrire une cinquième fois nos trois noms au palmarès ». Quant à son dauphin, Stéphane Lemeret, il pouvait difficilement masquer sa déception : « c’est très dur de perdre, surtout si près du but. Après ce qu’a dit Eric, il faudrait peut-être que je m’associe à lui dans le futur, histoire d’en gagner une… » Sur la troisième marche du podium, Longin-Kumpen-Hezemans-Mollekens avaient longtemps animé les débats, faisant même figure de vainqueurs potentiels jusqu’au petit matin. Las, alors que la Corvette se tenait en embuscade, à un tour des leaders, un problème moteur (consommation d’huile excessive) vint briser l’élan de la belle américaine. Heureusement, le quatuor belgo-hollandais parvint à sauvegarder l’essentiel... Au pied du podium, l’Aston Martin BMS scuderia Italia de Babini-Pescatori-Enge-Kox et la Corvette C6.R PSI Experience de Bouvy-Menten-Belloc-Bornhauser complétait le top 5 juste devant les dominateurs de la catégorie GT2. Longtemps en lice pour le podium, la Saleen Zakspeed dut pour sa part lâcher prise en vue du but, d’abord en proie à des problèmes de suspension, puis de moteur. En GT2, les Ferrari 430 GT2 monopolisaient les trois premières marches du podium. Les lauriers revenaient à l’ancien pilote F1 Mika Salo qui était associé au Portugais Rui Aguas et à l’Allemand Timo Scheider, vainqueur de l’épreuve l’an dernier sur la Maserati Vitaphone. En voilà un à qui Francorchamps réussit bien ! Le trio devançait dans l’ordre Bobbi-Melo-Ortelli et Kinch-Kirkaldy-Franchitti, alors que la vaillante Spyker de Bleekemolen-Crevels-Kane échouait au 4e rang après ses soucis de transmission. Toujours dans la même catégorie, Duez-Goossens-Lambert-Lefort ont mené leur Porsche au 7e rang et à la 16e place du classement général. Contrat rempli pour les Porsche Manthey Racing qui ont dominé le G2, même si la tâche fut plus ardue que prévu. Alors que les pronostiqueurs les plus audacieux les imaginaient s’immiscer dans le top 5 au général, force est de constater que les 997 GT2 ont essuyé les plâtres et multiplié les petits soucis. « C’était le but de la manœuvre », expliquait un représentant de la firme allemande dimanche matin. « Cette course constituait un test grandeur nature en prévision de l’engagement de cette voiture en GT2 l’an prochain. Les soucis rencontrés nous ont permis de découvrir pas mal de petites choses à améliorer ». Après les ennuis rencontrés par la Viper de Muytjens en vue du terme, c’est la Ferrari 360 de de Radiguès-de Pauw-Van den Hove-Belmondo qui complétait le podium de la classe. Enfin, en classe G3, Chaillet-Nef-Deman-Geoffroy imposaient une Dodge Viper toute neuve au terme d’une course exempte de tous soucis. Ils précédaient la Porsche de François Duval - déjà sur le podium au terme de sa première course en circuit au niveau international – associé à Kerkhove, Kelders et Nelissen-Grade et l’autre Dodge des Français Duqueine-Lessoudier-Rousselot-Lacroix-Wasover. La 58e édition des Proximus 24 Hours of Spa fut en tous points exceptionnelle, disputée sur une piste pratiquement toujours sèche et où les Safety cars sont montés en piste à deux reprises seulement. Ce qui explique la moyenne record de 171 km/h des vainqueurs qui ont accompli 589 révolutions, soit 4.108,86 km. A vue de nez, ça sent là aussi le record absolu !