Renault Lassitude ?

Avant la Latitude, c’était la Vel Satis qui occupait le segment. En dépit d’indubitables qualités de confort et de convivialité, la Vel Satis a, hélas, surtout marqué les esprits par un physique des plus… euh, ahum, on va dire curieux ! Voilà qui n’a pas vraiment aidé les ventes. Ce fût un échec. Renault oublie donc toute créativité et revient à une certaine platitude avec cette Latitude. Cette dernière est donc l’héritière de feue la Safrane. Un sentiment de lassitude vous envahit, en regardant la belle ? Vous n’êtes pas le seul. Certainement pas un laideron, mais plutôt affligée d’une triste banalité qui tranche avec les récentes créations de la marque.

Sous toutes les latitudes

La Latitude ne semble pas avoir été dessinée pour enflammer les passions, c’est peu de le dire, mais plutôt pour rallier un maximum de suffrage autour d’elle, depuis les quatre coins de la planète. Très étroitement dérivée de la berline Samsung SM5 (Corée), la Latitude s’en différencie par ses moteurs, sa calandre et son tableau de bord. Bien peu de choses en somme. Autant dire que Renault a profité d’un produit disponible dans son portefeuille et l’a remanié à peu de frais pour l’Europe. La Latitude, qui n’en demandait pas tant, s’en retrouve pur produit de mondialisation !

Et ses dessous ?

Le train arrière provient de Nissan et le train avant est similaire à celui de la Laguna. Les tarages sont cependant spécifiques pour l’Europe. Sous le capot, les moteurs (diesels uniquement) proviennent en droite ligne des étagères de la marque : on retrouve un 2.0 dCi de 150 ou 175 chevaux ainsi que le beau V6 3 l de 240 ch et 450 Nm, récemment inauguré par la Laguna Coupé. Boîte manuelle ou automatique à 6 rapports au programme pour la transmission.

Le meilleur est à l’intérieur

Comme à la maison ! Le but est de traverser de grandes distances tout en se sentant dans ses charentaises, au coin du feu, avec Médor, le labrador, gentiment affalé sur ces dernières. Et avec quels arguments ? Face à une concurrence teutonne qui se déchaîne sur les équipements de haute technologie, la Latitude fait parent pauvre, en ne proposant pas de BLIS (avertisseur d’angle mort), de régulateur de vitesse avec radar de distance, voire d’un système de freinage anti-collision. « Trop cher », répondent les responsables en arguant que la Latitude se veut principalement concurrentielle sur le plan du tarif. Cela n’exclut pas quelques équipements intéressants comme le siège massant (uniquement pour le conducteur, malheureusement), un parfumeur d’ambiance (à deux parfums, s’il vous plaît) et surtout… tadam… un ioniseur d’air !

Trop stressé ?

Prenez une aspirine, c’est partit. L’ioniseur d’air produit des atomes d’hydrogène actifs et des ions Oxygène négatifs en quantité variable selon le cycle choisi. Les ions négatifs ont une fonction apaisante. Deux modes sont proposés : « Clean », pour purifier l’air en faisant « tomber » les microbes qui se retrouvent au niveau des carpettes ; et « Relax », avec un but relaxant pour apaiser les tensions. Et dans la pratique ? Le mode « Clean » apporte en effet une certaine fraîcheur à l’habitacle, en vous donnant l’impression d’être à l’hôpital, en plein bloc opératoire. Ambiance stérile donc. Quant au « Relax », euh… Ben je dois avouer ne pas avoir trouvé de véritable différence… Sans doute étais-je déjà très relaxé à la base ?

Une fois dedans…

Si la plastique n’est pas à proprement parler d’une beauté transcendante, l’habitacle impose le même constat. Certes on s’y sent rapidement bien, mais aucune trace  d’une technologie de pointe voire d’une ambiance travaillée. Les plastiques de la console centrale font même très « cheap » et dénotent sur une voiture de ce gabarit et vendue à plus de 30.000 €. De la place, pourtant, il y en a. Surtout à l’arrière, question largeur aux coudes. Mais à ces places postérieures, les grands devront faire attention à la tête ! Non seulement au moment d’entrer, mais également de par la garde au toit assez « limite »… A l’avant, pas de soucis, ça passe. Sauf si vous optez pour le très convivial double toit ouvrant, qui rabaisse quelque peu la garde au toit. Le coffre est correct (511 litres).

En route ?

C’est d’abord au volant de la version 2.0 dCi 175 ch à boîte auto que nous avons effectué un premier galop d’essai. Rien à redire au niveau du moteur : souple et disponible, il envoie la sauce à tous les régimes, sans se montrer trop bruyant. Le problème, il vient plutôt du châssis : la direction est inconsistante et la suspension apparaît trop molle. Ce qui donne un confort bateau sur autoroute, mais des aptitudes de paquebot sur petites routes. Avec sa suspension raffermie et sa direction hydraulique, la V6 apparaît bien mieux suspendue et maîtrise mieux ses mises en appui, tout en affichant toutefois, un nez un peu plus lourd...

Une armoire Ikea

Affichée à 32.500 €, la Latitude est concurrentielle sans être outrageusement bon marché. Sans réel défaut, mais sans qualité transcendante non plus, la Latitude ne prétend pas révolutionner le segment, mais simplement constituer une offre haut de gamme à des tarifs abordables, destinée à une clientèle traditionnelle dans ses choix. C’est l’armoire Ikea qui fournit un rangement adéquat à vos affaires, mais ne vous émeut pas lorsque vous y jetez un œil… Pour un haut de gamme plus dynamique et parlant de manière plus évidente aux émotions, jetez un œil du côté de la famille Laguna : une excellente berline sous-estimée !