Pendant de longues décennies, les Bentley ne furent que des Rolls-Royce rapidement rebadgées et relookées, pour faire « plus sport ». Mais en 1991, Bentley propose un modèle unique et se différenciant complètement de la gamme Rolls-Royce. Le Continental R séduit immédiatement par sa plastique certes classique, mais très lourde de sous-entendus. Une voiture noble qui affiche un statut indéniable, mais qui fait malgré tout son possible pour rester discrète en dépit de dimensions à affoler le premier citadin venu : 5,3 m de long et 1,9 m de large !
Intérieur somptueux !
Mais c’est surtout l’habitacle qui mérite le détour. Le client pouvait opter pour une planche de bord en bois véritable ou, mieux encore, en aluminium bouchonné ! L’effet est garanti… Sans discussion possible, il s’agit là de l’un des plus beaux habitacles des années 1990. Bien sûr, période oblige, quelques boutons en plastique alimenteront les critiques des amateurs pointilleux actuels.
Sous le capot
En baptisant son modèle « Continental R », Bentley rappelait quelques gloires du passé, notamment connues pour concilier performances et luxe. Et de performances, il en est question avec ce modèle : sous le capot, Bentley a repris le sempiternel V8 de 6,75 l qui anime les modèles de la marque britannique depuis les années 1960. Il s’équipe d’un turbo pour développer « environ » 320 ch et 610 Nm. Nous disons « environ » car Bentley n’a jamais divulgué ces valeurs, les jugeant tout simplement « adéquates ». Le comble du snobisme, en quelques sortes, mais c’est tellement chic !
Diverses versions
La Continental R a largement évolué au cours de ses 12 années de carrière. Les petites retouches esthétiques allaient de pair avec une augmentation progressive de la puissance, Bentley ayant à ce dernier sujet eu recourt à un grand spécialiste de la préparation moteur : Cosworth. Les derniers modèles R Mulliner (1999) développaient ainsi la puissance faramineuse de 420 chevaux et surtout, un couple « caterpillesque » de 881 Nm dès 2.100 tr/min !
Les dérivés
Bentley lance la Continental T en 1996, une version raccourcie et à la puissance gonflée à 400 chevaux. Ce modèle servira de base à la SC dont le pavillon amovible ravira la clientèle californienne. Cette dernière variante ne connût toutefois pas le grand succès, avec moins de 80 exemplaires produits.
A l’achat
Vous êtes tentés par l’une de ces fabuleuses machines ? Avec une production un peu inférieure à 2.000 exemplaires, il est relativement facile de tomber sur la voiture de vos rêves, sans même courir à l’étranger. Vous ne trouverez pas grand-chose de valable à moins de 40.000 €, le gros des modèles se situant entre 50.000 et 60.000 €. A partir de 80.000 €, vous pouvez espérer une variante plus exotique comme une T, voire une rarissime « SC ».
A l’entretien
L’achat est une chose, mais l’entretien en est une autre ! Le budget pharaonique de ce modèle commence dès la… mise en route ! Avec un accélérateur calé sur un panier d’œufs frais, il est possible de ne consommer que 16 l/100 km. Mais de manière plus réaliste, n’espérez pas consommer beaucoup moins de 20 l/100 km.
Ensuite, viennent les consommables : avec une puissance avoisinant les 400 chevaux et une masse de 2,4 tonnes à vide, la Bentley consomme des freins et des pneus comme peu de voitures ! Comptez entre 400 et 600 € le disque de frein, soit environ 1.000 € la paire. La suspension hydraulique, quant à elle, donne le tournis. La moindre rondelle la concernant vaut une véritable fortune ! Sachez également que l’inaction tue le système (et tout le reste) mais à ce sujet, il est assez heureux de constater que les véhicules roulent généralement, assez régulièrement.
L’entretien en lui-même donne le vertige : si vous utilisez la Bentley comme elle se doit de l’être et effectuez environ 15.000 km par an, comptez sur une moyenne de 5.000 à 7.000 € par an, hors essence. Ce montant comprend les éventuelles réparations à faire sur un véhicule de 20 ans d’âge. Si les pneus peuvent paraître comme assez raisonnables (moins de 800 € la paire au maximum), ne griffez surtout pas une jante : comptez alors jusqu’à 4.000 € la nouvelle paire de jantes !