Peu d'enthousiasme dans les allées cette année. Certes, les discours officiels se veulent résolument optimistes et l'étude des chiffres d'immatriculation de l'année écoulée donne à tous les acteurs des motifs de satisfaction: en saucissonnant comme ça les arrange le marché, chacun peut se targuer d'avoir limité les dégâts dans-le-segment-de-la-mobylette-turbocompressée-à-moteur-en-étoile-de 426-à-463-centimètres-cubes!

Plus sérieusement, et hormis quelques exceptions notoires, le marché de la moto se porte très mal, et n'est sauvé que par la progression du segment 125cc, et plus particulièrement les scooters. Piaggio se hisse au top avec 15% du marché, en progression de 15%, devant Yamaha, 11% du marché, mais en chute de 20%. Suivent Honda, en recul de 28%, devant BMW, quatrième, stationnaire, puis Sym, en progrès de 4%, suivi de Suzuki et Kawasaki, tous deux en retrait de 13%. Harley-Davidson (+6%), Kymco (+26%!) et Ducati (+1%) complètent le top-ten des immatriculations d'un marché englobant deux-roues, mais aussi trikes et quads.

Nous constatons que les quatre japonais souffrent terriblement d'un change défavorable au yen, mais sans doute aussi du vieillissement de la clientèle motarde, qui choisit de plus en plus des valeurs "sûres", d'où l'impressionnant succès de BMW, Harley ou Ducati. Piaggio bénéficie du remarquable succès de Vespa, porté par la tendance rétro-chic qui réussit si bien à la Mini ou à la Fiat 500, tandis que Sym et Kymco peuvent s'appuyer sur une offre étendue et très attractive en termes de prix.

Ceci posé, les constructeurs semblent avoir des difficultés à anticiper l'évolution d'un marché en pleine mutation. La clientèle motarde ne se renouvelle plus, les motards vieillissants privilégient à priori les gros trails ou les grand tourisme, histoire de se faire plaisir en tout confort, tandis qu'un nouveau marché se développe à partir du scooter 125 accessible à tous, mais avec une clientèle qui n'a souvent que faire de la "passion" qui animait jusqu'il y a peu le monde de la moto. De plus en plus de candidats au permis moto ne franchissent d'ailleurs le pas que pour accéder à un scooter de cylindrée supérieure, plus adapté à leurs besoins spécifiques de mobilité…

Si l'évolution des chiffres d'accidentologie permet d'envisager un certain optimisme, il n'en reste pas moins vrai que le deux-roues continue à souffrir d'une image négative auprès de la majorité de la population. Cette image négative ne favorise guère un franc développement de la pratique de la moto, particulièrement dans une société de plus en plus frileuse face au risque et au danger. Quand on apprend que des parents portent plainte contre une direction d'école parce que leur enfant à glissé sur une cour de récréation recouverte de neige, on imagine mal ces mêmes parents laisser leur gamin de seize ans prendre le guidon d'un cyclomoteur et par la même prendre goût à cette forme de mobilité! Difficile donc d'y voir clair et de prévoir l'avenir d'un marché qui reste restreint et a donc d'autant moins de moyens de se réinventer.

Ce sera peut-être paradoxalement le monde de l'automobile qui sauvera celui du deux-roues. Deux prototypes de scooter badgés "Mini" trônent fièrement sur le stand de la marque, Smart en possède un dans ses cartons, et BMW a fièrement présenté un maxi-scooter très prometteur sur son stand lors de la journée presse, un scooter dont la commercialisation est prévue pour l'an prochain, et qui devrait se voir complété à terme par une offre alternative, électrique vraisemblablement.