Style
S’il suscite des réactions sur son passage, on ne peut dire qu’elles soient toutes positives quant à la beauté de l’ensemble. Certes, la ligne de toit est réussie, évoquant celle des coupés-berlines actuellement à la vogue, mais la hauteur générale de l’engin et, surtout, cet avant pour le moins curieux (une moue atypique) ne font rien pour la finesse de l’ensemble. Vu de face, il a même un petit air de famille avec les nasiques, ces singes au faciès caractéristique… Un nasique furieux, car le regard du SsangYong semble menaçant, avec ses phares au design original. Mais ce style extravaguant induit une entrave très nette à la visibilité arrière. En l’absence de capteurs arrière, il est difficile de réussir un créneau sans pour autant démanteler le pare-chocs de la voiture parquée derrière !
Moteur/boîte
S’il y a bien un élément moderne dans ce SsangYong, c’est incontestablement le moteur. D’une cylindrée de deux litres, il s’équipe de toutes les sophistications actuelles, telles que l’injection par rampe commune, les deux arbres à cames en tête, seize soupapes et un turbo à géométrie variable. Tout cela l’aide à délivrer quelque 136 chevaux et un couple de 310 Nm, constamment disponible entre 1.600 et 2.700 tours/minute.
Il est malheureusement difficile de juger des qualités du moteur, tant la boîte automatique à laquelle il est accouplé (en option, présente sur notre modèle) est désuète. Lente, hésitante et équipée de seulement quatre rapports, elle est complètement dénuée d’intelligence, ce qui la fait passer au rapport supérieur dès le moindre lever de pied. Ne parlons même pas de rétrogradage au freinage, cela semble tenir de la science-fiction. Quant au mode « power » et « winter », leur seule influence semble être d’agrémenter le tableau de bord d’un petit témoin de couleur supplémentaire… Le SsangYong se révèle donc vraiment lent, les près de deux tonnes de l’engin et la boîte stupide empêchant toute tentative de conduite ne serait-ce qu’un un tant soit peu dynamique. Plus grave, pour les dépassements, le conducteur n’aura d’autre choix que de se placer au garde-à-vous sur l’accélérateur en attendant que ça se passe… Autre tare, le manque de couple du moteur sous les 2.000 tr/min, ce qui rend les démarrages réellement laborieux. En gros, c’est loin d’être la fête… Au moins le moteur a t’il le mérite d’être silencieux !
Silencieux, mais assoiffé ! Avec une moyenne dépassant les 12 litres aux 100 km en cycle mixte, l’Actyon est « diéselolique » ! Quoique, avec une telle masse et un profil aussi jurassique, il aurait été difficile de faire preuve de sobriété…
Tenue de route
C’est ici, au chapitre du comportement routier, que ça se corse sévèrement… Manifestement, la suspension ne semble pas mise au point de manière homogène, chaque coin de la voiture réagissant selon son humeur au gré des bosses. Cela donne des réactions curieuses, voire dangereuses, en ce sens qu’un joint de raccord sur autoroute provoque des ondulations et balancements de la caisse dans des directions et des amplitudes qu’il est difficile de prévoir. La conséquence de tout ceci est une perte très nette de précision, ce qui est plutôt fâcheux lorsque l’on entreprend de dépasser un 44 tonnes… La direction ne fait rien pour améliorer le tableau, se montrant vraiment trop légère que pour procurer une assurance nécessaire. Enfin, ajoutons que l’ESP est une option, fortement recommandée donc…
Le comportement en tout terrain est heureusement meilleur, le châssis est après tout conçu pour visiter les chemins les moins hospitaliers. Avec sa gamme courte et ses quatre roues motrices à enclencher manuellement (l’Actyon est une propulsion sur la route), le SsangYong se montre très capable hors des sentiers battus, même s’il ne s’embarrasse pas des dernières aides électroniques en ce domaine…
Pour en finir avec ce chapitre, un petit mot sur les freins : d’une puissance suffisante et faciles à doser, ils ont une endurance très limitée, ce qui pourra donner quelques sueurs froides dans des cols de montagne ! Ce qui, additionné à une tenue de route pas rassurante pour un sous, à une boîte adepte du mode « roue libre » et à une masse démesurée, fait du SsangYong un engin à fuir pour partir aux sports d’hiver ! On en vient presque à remercier le moteur d’être si peu performant…
Confort
Difficile de parler de confort dans un engin à la suspension aussi mal accordée. Sa souplesse excessive, en plus de pénaliser gravement l’efficacité routière, nuit également au confort des passagers. Ceux-ci bénéficient en revanche d’une bonne habitabilité. Le conducteur se retrouvera, lui, mal installé, de par la faute d’un manque d’amplitude dans les réglages du siège. Le volant n’est, de plus, pas réglable en profondeur.
Si les espaces de rangement sont nombreux, la qualité des plastiques est franchement médiocre.
Enfin, le coffre présente une capacité ridicule, 285 litres, équivalent à celui d’une Ford Fiesta ! Pour un engin de 4,45 mètres, voilà qui est plutôt décevant. En plus d’être riquiqui, le coffre est difficile d’accès, de par la faute d’un seuil bien trop élevé. Rabattre la banquette arrière fait grimper le volume à 1.425 litres.
Equipement
Disponible en trois version différentes, l’Actyon ne se distingue pas non plus par un équipement pléthorique. Quelque soit la version, l’ordinateur de bord, les phares et les essuie-glace automatiques, le rétroviseur électrochrome, la climatisation bi-zone, le volant multifonction, les airbags latéraux et le régulateur de vitesse sont purement et simplement indisponibles… Au chapitre des doléances, soulignons encore la radio CD, qui reste un accessoire quelque soit le modèle et l’ESP seulement de série sur la version la plus fournie.
Tarifs
Vendu à un prix de base de 23.995 €, le SsangYong Actyon ne se place pas spécialement favorablement face à ses adversaires : le Hyundai Tucson, infiniment plus homogène, est proposé à 23.299 € et le Suzuki Grand Vitara, bien mieux équipé et plus performant, à 24.799 €.
Conclusion
Inutile de tourner autour du pot, le SsangYong Actyon n’est pas un engin recommandable. La faute en incombe principalement à une sécurité active et passive complètement obsolète. A ce constat affligeant s’ajoute un cruel manque d’agrément de conduite, une consommation excessive, une finition médiocre, un coffre étriqué et un équipement limité. Reste le look, qui ravira les amateurs d’exotisme décalé !