La recette assez simple, ne manque pourtant pas d'attraits. Entre une GSX-R bien extrême et une Bandit manquait peut être d'un grain de folie, il y avait vraisemblablement place pour cette Bandit parée d'un carénage intégral joliment dessiné, directement inspiré des sportives de la marque, d'une selle retravaillée affinant sa ligne et modifiant un peu le triangle poignets – assise – pieds. Pour faire bonne mesure, le tableau de bord des anciennes GSX-R ajoute encore une note de sportivité avec quelques "plus" bien sympathiques comme l'indication du rapport engagé ou le "shift light" réglable.
Bandit
La GSX reprend donc l'architecture apparue sur la Bandit 2007. Pour rappel, on retrouve un classique double berceau en acier, nanti d'une fourche conventionnelle de 41mm. Le moteur refroidi par eau et injecté, développant 79ch est lui aussi reconduit. La position de conduite, revue comme nous l'avons vu plus haut, plus sportive, basculée sur l'avant, se veut plus exigeante que sur la Bandit. Plus fatigante aussi sans doute, sauf sur autoroute, bien entendu. Cette volonté de "sportivité" se paie cash au niveau du confort. Les suspensions bénéficient de nouveaux réglages d'amortissement et de tarage, et dès que le revêtement se dégrade, l'abîme se creuse avec les Bandit dont on regrette le confort perdu.
Qualités préservées
Le comportement routier très sain des Bandit est par contre préservé. Certes, il est des motos plus rigoureuses ou efficaces, mais la Bandit et ici la GSX-F tirent bien leur épingle du jeu avec des solutions somme toute très classiques. Stabilité impériale sur autoroute où la GSX-F semble visée sur un rail. Ce terrain de jeu nous laisse tout le loisir d'apprécier l'agrément qu'apporte le carénage. Dommage que la bulle renvoie le remous (et le bruit!) sur le casque. Au niveau mécanique, la GSX-F ne renie pas son architecture moderne. Le 4 cylindres cubant 656cc affiche une étonnante linéarité, de 1.000 à 12.000 trs/min: le couple semble constant sur toute la plage. Le moteur reprend en 6ème depuis le ralenti et grimpe gentiment jusqu'à la zone rouge, sans éclat, mais sans faiblir non plus. Aucune émotion, aucun frisson, gentiment efficace, mais d'un ennui consommé.
Facile
D'un ennui consommé sans doute, mais somme toute pas désagréable à l'usage. Facile en ville, où il permet de rouler sur un filet de gaz. Suffisamment rempli, il fait mieux que de la figuration, mais nous aurions toutefois aimé un peu plus de caractère; un abîme le sépare de l'envoûtant triple qui équipe la Triumph Street Triple. Avec une telle souplesse, il n'est guère besoin de jouer de la boîte, qui nous a déçu par sa fermeté. Quand vous vous retrouvez à basse vitesse en 6ème, ce qui n'est pas rare tant le moteur se montre élastique, et que vous voulez rentrer 4 ou 5 vitesses pour repasser au point mort, il faut se battre avec le sélecteur et l'embrayage. Peut être est-ce simplement dû au faible kilométrage affiché par notre modèle d'essai…
ABS?
Le freinage n'appelle pas de remarque particulière. Puissant, facile à doser, le système se montre parfaitement en phase avec la moto et son usage. Dommage toutefois de ne pas retrouver l'ABS, même pas proposé en option. Il est certes important qu'un motard soit formé à la conduite sans l'apport de cette technologie: le freinage est un art qu'il est nécessaire d'apprendre à maîtriser, mais l'apport de l'ABS pour celui qui roule tous les jours et dans toutes les conditions n'a pas de prix. La GSX-F, sous sa robe sportive assagie, reste avant tout une Bandit, avec toutes ses qualités de routière raisonnable. Abordables, faciles à conduire, économiques à l'usage, les Bandit font le bonheur des motards depuis des années. Un tel succès ne peut être usurpé et la GSX-650F ajoute, pour 6.930€, une touche de sportivité et d'exclusivité à une palette pourtant déjà attrayante.