Aujourd’hui, plus de 50 % d’un avion est composé de textiles divers. Léger, flexible, solide et à même d’être combiné avec des polymères, il séduit à présent le monde de l’automobile. C’est là une belle revanche pour un matériau qui a près de 40.000 ans ! Issu à l’origine des mondes animal et végétal, le textile entre dans une nouvelle ère où il devient l’auxiliaire indispensable à bon nombre d’applications technologiques. À l’occasion de l’édition 2019 du salon Portugal Fashion, qui se tenait à Porto en mars dernier, Vroom a pu rencontrer Fernando Merino, Directeur de l’innovation d’ERT Grupo, l’un des leaders européens du textile technique.

De la chaussure à l’habitacle

Né en 1992 avec une machine et sept employés, ERT Grupo est devenu en un peu plus de vingt ans l’un des principaux producteurs de textile high-tech en Europe. D’abord spécialisé dans la production de matériaux pour la confection de chaussures, ERT Grupo génère aujourd’hui 85 % de son chiffre d’affaires dans l’industrie automobile : « Cela a été un sacré pari. On ne passe pas des chaussures, des selles de vélo et des housses de planches à repasser au secteur automobile en un coup de cuillère à pot ! » explique Fernando Merino. « La transition vers l’automobile a fait l’objet d’investissements colossaux, ce qui nous a permis de nous diversifier et de proposer des matériaux aussi variés que la laine, le cuir, le similicuir ou encore le PVC » poursuit-il.

Une maîtrise technique qui est particulièrement appréciée par le secteur automobile. En effet, l’un des plus gros défis qu’il doit relever est de réduire le poids des voitures alors qu’elles embarquent un équipement technologique de plus en plus abondant et, a fortiori, pesant. Souple, léger et costaud, le textile est omniprésent dans nos habitacles, pas seulement pour recouvrir sièges et panneaux de portières mais aussi pour progressivement remplacer des plastiques au look moins flatteur.

Digne du 21e siècle

Mais le recours au textile par l’industrie automobile ne s’arrête pas à ces considérations principalement esthétiques. En effet, l’automobile du futur, qui s’annonce comme autonome et partagée, va devoir intégrer un arsenal technologique plus imposant que jamais, dont de nombreux capteurs. « Climatisation, sécurité, détection de polluants dans l’habitacle, éclairage à l’aide de LED et de fibre optique ou encore confort sensoriel et visuel sont autant d’éléments dont l’industrie automobile va devoir tenir compte dans les véhicules du futur. Cela doit se faire le plus discrètement possible, notamment au travers de matériaux souples, élégants et costauds, à même d’épouser les applications du futur. C’est ici que le textile fait toute la différence par rapport aux plastiques » explique le patron portugais. Pas étonnant dès lors qu’un acteur comme ERT Grupo soit associé dès les prémices de la conception d’un véhicule, à l’image de BMW qui a fait appel au savoir-faire portugais pour habiller en partie l’intérieur de sa nouvelle Série 8.

Enfin, Fernando Merino entend bien faire de son entreprise un modèle en termes de développement durable et d’économie circulaire. Les recherches menées par ERT s’orientent donc aussi vers le recyclage des déchets engendrés par la découpe du cuir et d’autres dérivés synthétiques dans le secteur automobile. De quoi constituer un nouveau matériau, en cours de brevetage, qui sera notamment destiné à l’industrie… de la chaussure !