Et si les marques ne donnent généralement pas de détails sur les marges bénéficiaires de chacun de leur modèle, des analystes, comme ceux de la société Bernstein Research, sont parvenus à établir un classement des plus grandes pertes de l'industrie automobile européenne. L'occasion pour nous d'établir le top 10 des flops en la matière.
Détail qui a son importance : les pertes sont évaluées sur la durée de vie du modèle. En outre, les analystes ont aussi estimé la perte par véhicule vendu. Huitième modèle de notre classement, avec une perte de 1,5 milliard € : la Renault Laguna III, soit... 3.548 € par voiture produite !
Une voiture "zéro défaut"... ou pas
Elle avait pour ambition de concurrencer ses rivales allemandes et japonaises sur le front de la fiabilité. Marqués par l'échec de la Laguna II, qui affichait, au plus fort de la crise en 2002, jusqu'à 700 anomalies pour 1.000 véhicules produits (du jamais vu dans le secteur automobile), les responsables de la marque au losange ont pris le taureau par les cornes et décidé de lancer une voiture qui devait "se placer dans le top 3 de sa catégorie en matière de fiabilité", annonçait Carlos Ghosn. Sauf qu'entre les déclarations d'intention et la réalité, il y a un gouffre.
Jamais la Laguna III n'est parvenue à enrayer le succès des Mercedes Classe C, BMW Série 3, Audi A4 et autres Toyota Avensis, nettement supérieures en termes de fiabilité et de finition. Renault a eu beau mettre au point de nouveaux outils de diagnostic, tripler les tests sur le terrain, s'inspirer des méthodes de production utilisées par Nissan, appliquer une garantie de 3 ans ou encore exercer une pression sans précédent sur non moins de 156 fournisseurs, rien n'y a fait, la Laguna III n'est pas parvenue à faire le poids face à ses rivales. Usure prématurée des boîtes de vitesse, réservoir à carburant défectueux, train avant qui renvoie des vibrations dans le volant, filtre à particules ayant tendance à polluer l'huile du moteur, on ne compte plus les pannes récurrentes sur ce modèle.
En outre, la Laguna a souffert de l'érosion de son segment, tout comme les Ford Mondeo et autres Peugeot 407. Et les soucis de qualité dramatiques rencontrés par la seconde génération n'ont bien entendu pas aidé... Renault tablait à la base sur des ventes de 300.000 exemplaires, elles n'ont pourtant jamais dépassé les 100.000 par an.