François Piette

6 OCT 2016

Vidéo ‑ Mythe du passé : Ferrari Daytona, le camion

Nous sommes en 1968. Cela fait déjà deux ans que Lamborghini nargue Ferrari avec sa révolutionnaire « Miura ». Une voiture à l’architecture hors-du-commun, taillée pour briser les règles. Ferrari réplique en 1968, mais avec une approche bien plus conservatrice…

En 1968, Ferrari présente la 365 GTB/4, bientôt surnommée « Daytona » par les médias, en souvenir de la victoire de la marque aux 24 heures de Daytona 1967. Sculptée par un designer de chez Pininfarina, Leonardo Fioravanti, la Daytona est rapidement considérée comme l’une des plus belles voitures de tous les temps. Mais aussi comme un camion !

Avant ou arrière ?

En effet, avec sa Miura, Lamborghini a ouvert une nouvelle voie pour les sportives : celle de l’architecture à moteur central arrière. Lamborghini va même encore plus loin avec un moteur transversal partageant son carter avec la boîte de vitesses et une voiture à la ligne exceptionnellement effilée et basse. A sa présentation, le « show-biz » s’enflamme et la Miura devient la coqueluche des stars !

Avant !

Chez Ferrari, on réplique avec une Daytona à l’architecture nettement plus traditionnelle : moteur avant, roues arrière motrices. Plus haute de 23 cm que la Miura, la Daytona a des allures de camion aux côtés de cette dernière. Un camion exceptionnellement élégant, certes, mais un camion. Enzo Ferrari s’explique sur son choix : « les chevaux sont fait pour tirer la charrette, non pour la pousser ». Et toc ! Mais la remplaçante de cette Daytona finira par se convertir au moteur central…

Plus utilisable

Pour un coup d’essai, cette Miura, c’était un coup de maître ! Accusant moins d’une tonne et animée par un vrombissant V12 de 350 chevaux, elle éclipsait quasiment tout ce qui roulait sur cette planète. Mais le chef d’œuvre transalpin, surtout dans sa première mouture, n’était pas abouti : comportement sauvage à la limite, confort inexistant, électricité fantasque, fiabilité toute relative, propension à prendre feu…

Chez Ferrari, la Daytona se révélait certes nettement plus lourde (1,5 tonne), ce qui se ressentait dans la direction, mais l’expérience de la firme s’est révélée payante sur le long terme. Nettement plus solide, mieux finie, plus équilibrée et plus « facile » à la limite, la Daytona a finalement séduit plus de clients que la Miura, ayant été produite à plus de 1.400 exemplaires ! Cerise sur le gâteau : la Daytona était stable comme un roc à très vive allure (tout le contraire de sa rivale) et pouvait enchaîner les kilomètres dans un beau confort. Une authentique GT !

Solide !

Aujourd’hui, une Daytona surprend. Son splendide V12 est bien entendu son cœur : d’une cylindrée de 4,4 litres, comptant 4 arbres à cames en tête et déchaînant 352 chevaux à plus de 7.000 tr/min dans une musique enivrante mais contrôlée, ce moteur est également d’une étonnante solidité, pouvant accumuler 150.000 km dans les bielles avant réfection. Pour l’époque, c’était stupéfiant !

C’est d’ailleurs en partie grâce à sa robustesse que la Daytona a connu de nombreux exploits en compétition. Du côté des performances, la Daytona, en dépit d’un rapport poids/puissance moins favorable que la Miura, n’a rien à envier à cette dernière : 280 km/h et 5,4 secondes au 0 à 100 km/h. Des chiffres encore respectables aujourd’hui !

Combien ?

La plupart des 1406 exemplaires produits sont encore en circulation. La Daytona n’est pas trop difficile à trouver, mais il faudra s’orienter soit vers des spécialistes haut-de-gamme, soit vers des ventes aux enchères. Comptez entre 750.000 et 900.000 € pour un coupé en très bel état. Il n’y a pas de grosse différence de prix entre les premières séries (avec phares sous plexiglas) et les dernières (avec phares rétractables). Le cabriolet, lui, fait sauter la banque : comptez environ 3 millions d’euros ! Mais ceux-ci sont rares (121 produits) et la plupart des modèles croisés sont soit de vulgaires répliques avec V8 américain, soit des coupés honteusement tronçonnés !

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