Si la naissance officielle de la Golf GTI date 1976, la genèse de ce modèle qui allait devenir mythique remonte à 1974. Dans la plus grande discrétion, un groupe d’ingénieurs engagés dans la branche sportive de Volkswagen commence à travailler secrètement sur le projet « Golf Sport ». A leur tête : Anton Konrad (directeur du département de presse) et Alfons Löwenberg (ingénieur). « Le 18 mars 1974, j’ai envoyé une note de service à plusieurs responsables de l’entreprise » se souvient Löwenberg. Il voulait concevoir une Golf sportive destinée à une clientèle jeune, mais se heurta au refus de sa hiérarchie. Qu’à cela ne tienne, l’ingénieur continue à plancher en secret sur la Golf. Il greffe un carburateur double corps Weber sur le moteur 1.600cc, place un échappement sport et abaisse radicalement le châssis. Les premiers essais effectués sur le circuit de Volkswagen à Ehra-Lessien sont décevants. La voiture est inconduisible et l’avenir du projet semble sérieusement compromis.

Changement de stratégie

« Il a fallu changer de stratégie, et vite » se souvient Anton Konrad. Il convia alors, à son domicile privé, plusieurs spécialistes de l’entreprise (dont le chef de projet Golf) pour mettre au point une voiture à la fois sportive, confortable et utilisable au quotidien. En somme, pas une voiture pétaradante comme l’était le premier projet. Le volume de production envisagé dans un premier temps est de 5.000 exemplaires, la condition pour une homologation en sport automobile. Pour des raisons de coûts et de poids, c’est la version deux portes de la Golf qui sert de base à la GTI, et son châssis est adapté pour exploiter les chevaux supplémentaires. L’essieu avant est doté d’une barre stabilisatrice, d’étriers de freins surdimensionnés et de disques ventilés. Les ressorts sont rabotés de 20 mm et les amortisseurs adaptés en conséquence.

Moteur Audi

Dans l’habitacle, les sièges sports sont signés Recaro et le volant provient directement de la Scirocco TS. Quant au fameux tissu écossais et à la balle de golf pour le levier de vitesse, ils sortent de l’esprit imaginatif de Gunhild Liljequist, en charge des habitacles sur de nombreux modèles de la marque. Restait à trouver un moteur, car former les ateliers de service après-vente au carburateur Weber pour les 5.000 voitures était impensable. La solution vint de chez Audi, qui venait de sortir la 80 GTE à injection : 110 chevaux, c’était parfait. A ce jour, l’objectif des 5.000 unités a été « légèrement » dépassé puisque Volkswagen a produit plus de deux millions de Golf GTI !

Poids plume

Cette GTI de la toute première génération, nous avons pu le prendre en main lors de la présentation de la série spéciale Edition 35 qui, malheureusement pour les fans, ne sera pas importée en Belgique. Pas d’ABS ni de contrôle de traction, encore moins d’ESP ou d’amplificateur de freinage. Même la direction n’est pas assistée. Cette GTI de 1978 n’a rien à voir avec les voitures que l’on conduit aujourd’hui. On tourne encore les manivelles pour ouvrir les fenêtres, et la radio Blaupunkt mal intégrée dans le tableau de bord en plastique dur crachote des chansons quasiment inaudibles en allemand. Il faut dire que la voiture n’est pas un modèle d’insonorisation. D’ailleurs, en ouvrant le capot, il n’y a pas un gramme de feutrine. La GTI est une sportive, et cela s’entend.

Boîte 4 !

La ligne d’une Golf I n’est pas non plus un modèle d’aérodynamisme, et les bruits de vent sont omniprésents. Mais franchement, on s’en moque. Le charme de cette bagnole est incomparable, et son poids plume permet aux 110 chevaux de s’exprimer pleinement malgré une direction peu précise et un freinage approximatif. Du moins selon nos critères actuels… La main droite posée sur la balle de golf, on prend plaisir à enchaîner les quatre rapports de la boîte tout en jetant un œil au compte-tours. Faudrait pas pousser mamie dans ses derniers retranchements, elle a encore de beaux jours devant elle.

Edition 35

La Golf GTI Edition 35, qui ne sera pas importée chez nous, se reconnaît à son pare-chocs redessiné bordé par un béquet noir au centre. Les rétroviseurs sont noir brillant et les seuils de porte couleur carrosserie arborent le logo « 35 ». Les jantes aussi sont spécifiques, mais l’ensemble reste plutôt discret. Constat identique dans l’habitacle, où l’on retrouve tout de même la balle de Golf sur le levier de vitesse et des coutures rouges omniprésentes. Techniquement parlant, cette édition spéciale offre 25 chevaux de plus qu’une GTI « normale » (235 chevaux pour être plus précis). Le couple progresse de 20 Nm pour culminer à 300 Nm. Du coup, les chiffres de performances progressent légèrement avec le 0 à 100 km/h effectué en 6,6 secondes et 247 km/h en pointe. Pour le reste, Volkswagen offre le choix entre la boîte manuelle ou DSG à six rapports et le différentiel électronique XDS améliore le grip à l’accélération en freinant la roue intérieure délestée en virages.