20 mai Assez bonne nuit dans notre logement rustique au bord du salar. La famille de paysans qui nous accueille a plus de soixante lits maintenant, mais le confort reste spartiate. Les lits sont bons, la nuit fut courte mais réparatrice. Le froid ne fut heureusement pas trop intense, aux environs de –10°. Nous nous réveillons aux premières lueurs de l’aube. Nous en profitons pour sauter sur la moto, poser à nouveau nos gommes sur le salar et prendre deux ou trois photos au petit matin. Beau, mais froid ! Nous retournons rapidement à notre camp de base pour déjeuner et boire un « maté » de coca bien chaud, et nous attaquons le salar à huit heures. Salé Le salar ! Sans doute un des endroits les plus magiques de la planète ! La seule surface terrestre qui permet de voir la courbure de l’horizon. Une surface de plus de 12000 kilomètres carrés. Une étendue blanche entourée de montagnes. Ce matin nous sommes seuls : deux motos et un Land. Nous n’avons vu personne d’autre alors que nous avons roulé pendant plus de 100 km, du volcan Tunupa au village de Colchani. Un concentré de bonheur et de sensations. Pouvoir rouler les yeux fermés le temps que vous voulez à plus de 150 km/h, prendre la trajectoire que vous désirez, dans un paysage grandiose… Difficile de décrire les sentiments qui vous assaillent sur le salar, il faut les vivre ! Hélas, les meilleurs moments ont une fin et c’est à regret que nous tournons le dos au salar pour piquer sur Colchani, petit village qui vit de l’exploitation du sel. Pour un boliviano, soit dix centimes, nous achetons cinq kilos de sel : le salaire de la misère des hommes qui travaillent sur le salar d’Uyuni, grattant la surface pour créer des cônes de sel d’environ un mètre de haut, afin d’enlever un maximum d’humidité avant de le charger sur d’antiques camions rongés par la rouille, de le sécher et de l’emballer. Lavage haute pression De Colchani nous piquons sur Uyuni, ville où transitent tous les touristes qui visitent le salar et l’extrême sud bolivien, zone sauvage d’une beauté extrême. Uyuni est pour nous une étape obligée. Il nous faut impérativement passer les motos et le Land au lavage haute pression pour les débarrasser de la gangue de sel qui les recouvre. Nos mécanos s’affairent sur les véhicules nettoyés, resserrant par ici, graissant par là. Nous quittons Uyuni vers treize heures, non sans être passés admirer le célèbre cimetière de trains à la sortie de la ville. Une quantité impressionnante de vieilles locos à vapeur et de carcasses de wagons rouillent là depuis plus d’un siècle, témoins d’une époque où le chemin de fer transportait le produit de l’exploitation minière de la région. © Bruno Wouters

Source : moto-Andina