Le constructeur japonais ne s'est pas trop cassé la tête pour rajouter la Tracer à son catalogue. La Tracer dérive en effet très étroitement de son aînée, et hormis l'habillage, peu de choses changent.

Commençons par ce qui ne se voit pas, avec un contrôle de traction TCS déconnectable monté de série, et les trois cartographies d'injection, corrigées pour mieux coller au nouvel usage du trois cylindres. Les modes "A" (plus sportif) et "Standard" on été adoucis, tandis que le mode "B", plus sage, sera privilégié dans des conditions d'adhérence précaire. L'ABS est bien entendu monté de série. Le bloc de 847 cc développe toujours la même puissance de 115 ch à 10.000 trs/min, avec un couple de 87,5 Nm à 8.500 trs/min.

Ce qui change

Parmi les évolutions plus visibles, le nouveau look de la machine saute aux yeux. Si le châssis reste identique, l'habillage, et donc le style de la machine, évolue fondamentalement. Exit le petit réservoir de quatorze litres qui laisse place à un élément de 18 litres intégré à une proue plus protectrice. Ce semblant de carénage abrite des optiques à technologie LED, une bulle réglable (via des molettes modérément accessibles).

La selle en deux parties se veut plus logeable, celle du pilote se réglant en hauteur (845 ou 860 mm). Petit bémol ici: la largeur de la selle n'aide guère à poser les pieds bien à plat au sol, les plus petits d'entre nous le déploreront. Restons sur la position de conduite avec un guidon conique plus large, et qui peut se régler d'avant en arrière en inversant le sens de montage des pontets. La protection du pilote est renforcée par le montage de protège-mains de formes tarabiscotées. Mais bon, il paraît que c'est une question d'aérodynamisme…

Equipement plus généreux

Exit le tableau de bord de la MT-09, qui tenait plus du string que de la culotte Petit Bateau, il laisse la place au module plus conséquent hérité de la Yamaha Super Ténéré. Pas avare d'infos, avec ses deux cadrans LCD, il offre compteur, compte-tours, jauge à essence, horloge et affichage du mode sur le grand écran, et fait défiler via un basculeur à main gauche différentes "pages" de données (trips, températures, consos, temps écoulé…) en plus de l'indication du rapport engagé.

Terminons notre petit tour d'horizon en relevant que les poignées de maintien passager sont prêtes à accueillir des valises latérales et à se voir prolongées par un porte-paquets, une évidence en termes de polyvalence. Un bon point encore pour la béquille centrale montée de série.

Pas de miracle, le passage du statut de jouet du dimanche à celui de machine polyvalente se paie cash sur la balance: avec ses 210 kg tous pleins fait, la Tracer se prend vingt kg dans les hanches! Relativisons: 210 kg tous pleins faits, de nombreuses concurrentes lui envieront sa taille mannequin…

Plaisir intact

Sur le papier, tout ça se présente très bien, et ça se confirme au guidon. Rien à dire sur la position de conduite, confortable, naturelle et rassurante, hormis le bémol d'une selle large et haute, trop pour les plus petits gabarits. Le trois cylindres se montre toujours aussi jouissif. Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, il faut bien admettre que les triples constituent une offre vraiment alléchante, réunissant le meilleur de deux mondes: le caractère d'un twin, l'allonge d'un quatre. Cela se vérifie à chaque fois, que ce soit chez Yamaha, Triumph, Benelli ou MV Agusta. On adore! Ce berlingot se montre à l'aise partout, tracte avec vigueur dès les plus basses rotations et donne envie de jouer à tout moment par sa réactivité immédiate! Notons toutefois le peu de différence entre les mappings "A" et "Standard", mais toujours quelques à-coups d'injection qui rendent la gestion moteur encore perfectible.

Pas de surprise côté châssis, on retrouve un confort préservé et une agilité diabolique, marque de fabrique de la MT-09 et intégralement préservée sur cette variante plus exploitable au quotidien.

Des détails

La remarque vaut aussi pour le freinage, puissant et mordant à souhait. Mais si la Tracer constitue une arme dans les virolos, elle fera moins la fière à très haute vitesse par un léger flottement qui ne devrait gêner que nos amis allemands…

La boîte nous a laissé sur notre faim: les passages de vitesse n'ont appelé aucune critique, au contraire de la recherche du point mort, régulièrement laborieuse. Peut-être un défaut propre à notre machine…

Par chance, notre essai s'est joué sur le sec, et c'est tant mieux, parce que la protection des garde-boue semble toujours aussi symbolique. Peu de choses à reprocher à cette Yamaha, en regard de l'agrément qu'elle procure, et de sa relative polyvalence. Encore un petit effort de finition et on sera presque bon!