Cap donc sur Barcelone et son arrière-pays montagneux et virevolteux à souhait. Les forces en présence? De la XJ6N (naked) et F (carénée), de la FZ8N et S, et de la FZ1 N et S. les S se différencient des N avant tout par leur "nez" puisque les S reçoivent un "tête de fourche" plus protecteur, auquel se greffent quelques modifications de détail, comme pour les poignées passagers. La XJ6, modèle d'attaque de la gamme, pourrait paraître "cheap" avec notamment son cadre d'acier. Il n'en est rien. Mises côte à côte, elle tire parfaitement son épingle du jeu avec un dessin plutôt réussi, notamment au niveau de l'intégration du cadre dans la ligne. Le style est dynamisé par les écopes de radiateur prolongeant le phare, tandis que l'absence d'un gros échappement latéral allège la poupe. Les S et F préservent relativement bien la ligne travaillée du phare.

Forces en présence

La FZ8 se veut plus cossue et mieux finie: normal, elle hérite beaucoup d'éléments de son ainée, la FZ1. Cadre et bras oscillant sont reconduits. Le bloc est identique mais profondément retravaillé pour réduire la cylindrée et optimiser le couple, l'échappement latéral est repris, moins flatteur que celui de la FZ1. Les lignes semblent proches, trop diront certains, mais différentes pourtant, notamment au niveau du réservoir et de la position des genoux qu'il induit. Quasi inchangée depuis sa sortie, la FZ1 roule des mécaniques avec un bloc hérité des R1 de la précédente génération, et fait parler la poudre avec ses 150 ch. Très bien finie, elle souffre d'une ligne qui devient trop banale, trop vue peut être aussi, puisque la FZ1 est apparue en 2006, avec à l'époque un lien de parenté fort avec la FZ6 largement diffusée. L'apparition de la FZ8 n'a rien arrangé. Esthétiquement, la gamme "roadster" de la marque aux trois diapasons propose un style cohérent, au point de trop se ressembler à notre goût. Notre randonnée catalane débute par la traversée de Barcelone, et nous nous dépêchons de poser casque et gants sur une XJ6N, certainement la plus adaptée à la ville. La selle relativement basse et étroite met immédiatement à l'aise, d'autant que le gabarit général de la moto reste mesuré. La position de conduite, sans reproche, rend la XJ6 très naturelle et instinctive, et nous nous glissons avec plaisir dans le flot de la circulation.

Less is more

Le moteur souple et suffisamment rempli permet de descendre à 30 km/h sur un filet de gaz, même dans le dernier rapport, un vrai bonheur en ville. L'autoroute urbaine se dégage et la XJ reprend avec franchise à la moindre sollicitation de la poignée de gaz sur les régimes intermédiaires, sans devoir rentrer de rapports. Nous entamons la suite du tracé sur des routes qui le font bien, du genre "pas de gaspillage de virages". Et notre petite XJ suit le mouvement imposé par ses grandes sœurs FZ1 et 8 avec une bonne volonté désarmante. Certes, il faut monter dans les tours, ne pas avoir peur de rétrograder sous peine de voir nos collègues disparaître à chaque bout de ligne droite, mais vraiment, on ne se sent jamais à la peine, même si les suspensions tarées plutôt "confort" que "scalpel" peuvent parfois manquer de rigueur, sans toutefois jamais mettre le pilote en difficulté. Au contraire, il parcourra tous les types de routes avec une facilité déconcertante. Puissante mais pas trop, amusante mais confortable, la XJ6 devrait en séduire plus d'un.

La brute

En prenant le guidon de la FZ1, on se rend bien compte qu'on ne joue plus dans la même cours. Les 150 ch rétrécissent furieusement la route, et nous sommes littéralement catapultés d'un virage à l'autre à des allures tout à fait inavouables, et il s'agit alors de gérer. Heureusement, le freinage au dessus de tout reproche, calme le jeu, mais bigre, la FZ1 ne se manie pas comme sa petite sœur et demande malgré tout un certain métier pour virer rapidement. Un pneu de 190 n'est sans doute pas la meilleure dimension pour enquiller des "pif-paf"! La puissance de la FZ1 s'exprime avec enthousiasme par l'échappement et la boîte à air qui rendent une mélodie particulièrement virile et flatteuse mais, décidément, la FZ1 affiche moins de polyvalence. Son gabarit et un relatif creux à bas régime ne la rend pas des plus fun en ville.

Middle class

La FZ8 serait-elle la mieux armée des trois? Alors qu'elle partage énormément avec la FZ1, elle paraît bien plus accessible et légère, ce qui ne se traduit pourtant pas sur la balance. Le réservoir redessiné rend la position de conduite plus naturelle, avec les genoux moins écartés. Grâce à un guidon et des repose-pieds positionnés différemment, la position de conduite gagne en naturel. Son moteur ne déborde plus de violence, mais au contraire paraît plus linéaire et reprend mieux dès les plus basses rotations. La FZ8 se profile donc comme le meilleur compromis. La FZ1, exigeante et hyper puissante, ne conviendra qu'à des motards aguerris, accros au caractère d'un quatre pattes "couillu". La FZ8 s'adresse à un panel d'utilisateurs (et d'utilisations) bien plus vaste, mais notre coup de cœur va à la petite XJ qui ne démérite jamais, et offre, tant aux néophytes qu'aux motards confirmés, son lot de satisfactions, même si l'on pourra lui trouver des limites en duo, chargé. Son petit look sympa, son gabarit mesuré, sa facilité d'utilisation, et un prix serré la rend particulièrement attractive.