Jean-Francois Christiaens

7 NOV 2024

Essai : Alpine A290 GTS, l’ivresse électrisée !

Peu importe la motorisation pourvu qu’on ait l’ivresse ! Cette première Alpine de l’ère électrique parvient-elle toujours à émoustiller les sens… sans essence ? En tous les cas, le flacon reste alléchant !

"

Dans le segment de la bombinette électrique huppée, l’Alpine A290 coche toutes les bonnes cases. Grisante à conduire, bien équipée, confortable et plutôt pratique au vu du gabarit."

Fondée en 1955 par Jean Rédélé et relancée en 2018, avec une A110 réinterprétée, Alpine franchit un nouveau cap en 2024 avec le lancement de son premier modèle électrique. Le premier, mais pas le dernier ! Bien au contraire, Alpine va devenir exclusivement électrique. Cette A290 ouvre la voie à deux autres modèles électriques attendus chez Alpine pour former son nouveau « Dream Garage » : un crossover A390, dérivé étroitement du concept A390_β, ainsi qu’une nouvelle itération d’A110. Mais sevrée, cette fois, de carburant fossile contrairement à la génération actuelle qui arrive en fin de carrière.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Design

Trapue

Comme à l’époque de la 4 CV revue par Jean Rédélé en A106 ou de la R5 griffée Alpine, cette A290 se profile comme une réinterprétation plus sportive d’un modèle du catalogue Renault. En l’occurrence - cela saute aux yeux - de la rutilante R5 E-Tech. Au-delà de son moteur plus puissant ou de ses gros freins repris ici aussi de modèles de segments supérieurs comme à la grande époque d’Alpine (respectivement de la Mégane E-Tech et de la berlinette A110), les modifications se concentrent d’abord sur les liaisons au sol. Avec notamment des voies copieusement élargies (+ 6 cm). Conséquence directe : l’Alpine A290 affiche des épaules bien plus larges que celles de sa cousine Renault. Les passages de roue, les pare-chocs et les jupes s’adaptent pour l’occasion. Quittent à devenir un peu caricaturaux, avec par exemple de fausses prises d’air ajoutées sur les portes arrière plus discutables. Mais notez que si ses pare-chocs spécifiques l’étirent aussi un peu en longueur, l’A290 reste sous la barre symbolique des 4 mètres (3,99 m contre 3,92 m pour la R5). Trapue, certes. Mais toujours une vraie compacte.

Classée X

Pour parfaire son look de bombinette, Alpine a bien sûr aussi ajouté de nombreux autres détails sportifs spécifiques sur son A290. Les points les plus saillants, c’est le cas de le dire, se trouvent sur la face avant avec l’ajout de petits phares supplémentaires. Avec leur signature lumineuse en X, ils rappellent les longues portées bardées de scotch apposées sur les voitures de rallye. Et forment en outre, avec les deux phares principaux, la signature lumineuse à quatre optiques typique d’Alpine.

De GT à GTS, voire Première Édition

La gamme s’articule, pour le moment, autour de quatre versions. Les A290 GT et GT Premium servent d’entrée de gamme, avec un moteur électrique « bridé » à 180 ch (130 kW) et 285 Nm. Les A290 GT Performance et GTS chapeautent le catalogue avec leur moteur porté à 220 ch (160 kW) et 300 Nm. Durant la phase de lancement, Alpine proposera aussi 1955 exemplaires (en clin d’œil à l’année de fondation de la marque) d’A290 Première Édition, numérotées et déclinées en quatre coloris.

19 pouces, pneus signés Michelin

Peu importe la version retenue, l’A290 se pose toujours sur des jantes de 19 pouces. Dont un set avec un design assez caractéristique, façon « jante carrée », rappelant le look des jantes de l’A310 des seventies. Pour magnifier le comportement routier de son nouveau joujou électrique, Alpine s’est associé à Michelin. Trois gommes spécialement développées pour l’A290 sont disponibles : Pilot Sport EV, pour offrir le meilleur compromis possible entre sportivité et autonomie (GT/GT Premium) ; Pilot Sport S5 pour mordre dans l’asphalte à pleine gomme (GT Performance / GTS) et Pilot Alpin 5 en guise de monte hivernale.

Bleu, blanc, gris ou noir

Seulement quatre coloris sont disponibles au catalogue. Outre le noir offert, on retrouve contre 900 € une teinte grise ou blanche, ainsi qu’un nouveau bleu « profond » baptisé Alpine Vision. Si on le souhaite, on peut commander un pavillon noir en supplément. Côté détail, notons que l’indicateur de charge à LED, intégré dans la découpe du capot de la R5 n’est pas repris sur la petite Alpine. La sportive se contente d’une plaque conventionnelle pour en « boucher le trou » sans aucune animation lumineuse.

Expérience

Cockpit sporty-chic

Comme pour l’extérieur, l’habitacle de l’A290 reprend celui de sa cousine frappée du losange tout en lui offrant des détails spécifiques pour assurer son positionnement sportif et chic. Avec en guise de point d’orgue l’usage de beaux et efficaces sièges baquets (en cuir Nappa sur les versions hautes) offrant un excellent maintien sans se montrer contraignants au quotidien. Alpine a aussi abandonné le levier du sélecteur de marche à la droite du volant de la R5 pour lui préférer les trois boutons « R » / « N » / « D » sur la console centrale comme sur la berlinette A110.

Volant « gaming »

L’autre modification principale offerte à l’A290 se situe entre les mains du conducteur. Le volant spécifique est monté sur une base « tulipée » tout en s’équipant d’une jante plus épaisse. Il intègre aussi des « gadgets » inspirés du monde de la compétition et/ou des jeux vidéo. Jolie (mais nettement moins ergonomique à l’usage que des palettes), la petite molette bleue « RCH » en bas à gauche permet de moduler le freinage régénératif. Alpine a aussi ajouté un interrupteur rouge, en haut à droite, façon « push to pass » qui permet de jouir de l’accélération maximale du moteur peu importe la pression exercée sur la pédale d’accélérateur. A l’usage, c’est assez rigolo d’utiliser son pouce pour bondir à fond en sortant d’un rond-point ou pour un dépassement. Mais en « vraie conduite sportive », rien de tel qu’utiliser son pied droit…

Google intégré

Pour le reste, on retrouve le système d’infodivertissement fonctionnant sous Google Automotive découvert sur les dernières Renault. C’est une excellente nouvelle. Ce système d’exploitation est l’un des plus complets et intuitifs du moment. Il offre la possibilité de télécharger de nombreuses applications via Google Apps, d’utiliser la navigation Google Maps (prenant en compte le niveau de batterie pour suggérer des points de recharges sur le trajet), de jouir de commandes vocales ou encore de mises à jour continues à distance. Sur la petite Alpine, l’ensemble s’articule sur deux écrans : un de 10,25 pouces derrière le volant et un second de 10,1 pouces, au centre, légèrement orienté vers le conducteur. Dans la pratique, on appréciera la possibilité de dupliquer la carte de navigation sur le cockpit digital. Mais aussi de pouvoir surveiller les organes principaux du véhicule sur l’écran central via l’application Alpine Telemetrics.

Température sous surveillance

En conduite intensive - comme sur le circuit de Mallorca mis à notre disposition lors de cette première prise en main - on appréciera de pouvoir surveiller en direct la température de la batterie, du moteur ou encore des freins et des pneumatiques. L’application Alpine Telemetrics offre aussi d’autres fonctions, si on le souhaite, comme des conseils de conduite (Coaching) ou encore des petits exercices à débloquer progressivement (Challenges). Mais cela nous semble un peu plus gadget…

Minimum vital

Plus globalement, l’Alpine A290 présente les mêmes avantages et inconvénients que la Renault 5 sur le plan pratique. Autrement dit, la possibilité de jouir de 5 portes et de 5 places dans un gabarit ramassé. Voilà qui est plus pratique à l’usage que les 3 portes et 4 places de sa cible avouée, la Mini Cooper SE pour ne pas la nommer. Il faudra néanmoins se contenter d’un rayon pour les genoux à l’arrière plutôt compté et l’impossibilité de glisser ses pieds sous les sièges avant. En outre, la place centrale arrière est plutôt symbolique. Mais pour transporter une troisième personne à l’arrière sur de courtes distances, elle a au moins le mérite d’exister.

326 l de coffre et V2L voire V2G

Bon point aussi pour le coffre plutôt spacieux pour le gabarit. On peut, en effet, charger 326 l de bagages dans le meilleur de cas, ou 300 l sur les versions de pointe équipées de l’installation audio Devialet dont le caisson de basse grignote un peu d’espace sous le double plancher. Mais, à nouveau, si on compare avec les 210 l offerts par la Mini électrique, le coffre de l’Alpine se montre pratique ! Notez tout de même qu’il n’y a aucun frunk sous le capot avant. En revanche, pour clore le chapitre des aspects pratiques, à l’instar de la R5, l’A290 est compatible avec la fonction V2L (pour alimenter des appareils électriques « au milieu de nulle part » à partir de sa batterie haute-tension) mais est également prête pour la fonction V2G afin de profiter des avantages de la recharge bidirectionnelle dès que possible. Comme sur la Renault, la batterie est compatible avec la recharge rapide en courant continu jusqu’à 100 kW. Quant au chargeur intégré, il digère le 11 kW en courant alternatif.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Conduite

52 kWh pour un poids « contenu »…

Si Alpine rime normalement avec « poids plume », le basculement vers la mobilité électrique impose de changer quelque peu ses références. N’espérez pas atteindre les quelque 1.100 kg de la berlinette A110 malgré les 20 cm de carrosserie en moins de l’A290. De série, la petite sportive électrique embarque la « grosse » batterie de 52 kWh de la Renault 5 sur toutes ses versions pour offrir jusqu’à 380 km d’autonomie WLTP (364 km en 220 ch). Malgré l’usage d’un berceau spécifique en aluminium pour accueillir son moteur, l’A290 accuse un poids à vide de 1.554 kg. Mais cela reste tout de même plutôt référentiel pour le segment, si on compare avec les 1.680 kg de la Mini Cooper SE, plus courte de 13 cm et embarquant une batterie équivalente.

… et surtout bien réparti !

La plateforme électrique AmpR small utilisée ici, avec son module de batterie dans le plancher, permet néanmoins de disposer d’un centre de gravité bas et d’une bonne répartition du poids entre les essieux. En l’occurrence de 57 % /43 %, ce qui est nettement plus équilibré que sur les sportives thermiques équivalentes. Partant de cette base « idéale » de la R5, profitant en sus d’un essieu arrière multibras assez rare à ce niveau de gamme, Alpine s’est ingénié à maximiser le plaisir de conduite en optant pour des amortisseurs exclusifs intégrant une butée hydraulique progressive et des barres anti-roulis spécifiques de plus grand diamètre.

Confort et agilité !

Tant en expédition urbaine que sur des grands axes, des routes sinueuses de montagne et même sur circuit, le constat est sans appel : cette A290 est un joujou extra ! Sans être exagérément figée comme la Mini Cooper SE, elle change d’appui avec aplomb. Cerise sur le gâteau : Alpine est parvenu à ménager un train arrière mobile très plaisant, mais jamais piégeur. De quoi enrouler les courbes lentes voire même de se placer idéalement au freinage dans les virages plus rapides. Mais sans jamais se faire peur, même si l’on profite de la possibilité offerte ici de désactiver totalement l’ESP. Un vrai régal ! D’autant plus que les gros freins de l’A110 utilisés ici (Brembo à quatre pistons) ne jettent jamais le gant, tout en offrant une sensation dans la pédale particulièrement naturelle pour une voiture électrique.

Performances linéaires, mais réelles

C’est certain : un tel châssis pourrait digérer nettement plus que les 220 ch de la version GTS proposée ici à l’essai. D’ailleurs, il semble certain que l’A290 devrait profiter de versions plus radicales (dont une siglée d’un R comme l’A110 par exemple ?) au cours de sa carrière. Mais qu’à cela ne tienne, on profite déjà de performances plus que satisfaisantes à défaut d’être explosives grâce aux 300 Nm : 0 à 100 km/h en 6,4 s et une vitesse de pointe de 170 km/h. Le son artificiel, mais pas trop tarabiscoté, émis dans l’habitacle (Alternative Sound ou Alpine Sound au choix) permet de mieux se rendre compte des vitesses atteintes lors des accélérations au demeurant plutôt linéaires.

Retour de couple

En conduite sportive, on retrouvera des retour de couple assez marqués dans la direction. Et ce même si le système électronique « Alpine Torque Precontrol » tente de faire son maximum pour optimiser la traction quand les 300 Nm déboulent vers les roues avant. Du reste, si le calibrage des freins et la mise au point du châssis ne méritent que des éloges, on aurait préféré jouir d’une direction au rendu plus naturel. Le train avant est tranchant et la consistance de l’assistance satisfaisante en mode Sport. Mais il manque un chouïa de naturel dans le ressenti pour que le tableau soit parfait.

Prix

Prix Alpine A290 2024

Alpine a prévu une gamme en « diamant » pour son A290. A sa base, on retrouve la version GT (38.700 €) avec son moteur de 180 ch et son équipement « classique » (néanmoins déjà plutôt généreux, comprenant par exemple aussi la pompe à chaleur). Au centre de la gamme, on retrouve quasiment au même prix les GT Premium (41.700 €) et GT Performance (41.900 €) qui laissent le choix, comme leurs nom l’indiquent, entre un équipement plus haut de gamme (sièges Nappa, installation audio Devialet, volant chauffant) d’un côté ou plus de sportivité de l’autre (moteur porté à 220 ch, pneus Pilot Sport S5, etc.). Au sommet de la gamme, la GTS (44.700 €) se profile comme le meilleur des deux modes en mariant équipement premium et prestations sportives.

Notez que pour le moment, il est toujours possible de jouir des séries spéciales « Première Édition » basées sur la GTS et jouissant de petits détails spécifiques en sus. Ces versions culminent à 46.200 €.

Dans tous les cas, ces tarifs sont donc plutôt salés et positionnent cette Alpine comme un produit « premium ». Du moins si on compare avec les prix avancés pour la Mini Cooper SE (de 34.600 € à 41.860 €) voire à ceux de modèles plus exotiques comme le coupé Smart #3 offrant 272 ch à partir de 37.495 € voire carrément plus de 420 ch ( !) en Brabus pour 49.995 €.

Verdict

L’Alpine A290 s’apprécie indiscutablement au détour d’une route sinueuse. Elle danse, voire enroule, d’une corde à l’autre avec agilité et précision. Mais elle parvient à marier cet esprit typiquement Alpine avec les qualités pratiques d’un modèle à 5 portes / 5 places ; un confort général plutôt soigné (insonorisation, filtrage d’amortissement) ainsi qu’un équipement tirant vers le premium. Une proposition intéressante au sein de l’univers de la citadine branchée bon chic bon genre. Mais avec un tarif à la hauteur du standing visé.

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ