Olivier Maloteaux

7 JUN 2023

Essai: Renault Espace, il rentre dans le rang

Après avoir été le pionnier du monospace, l’Espace s’est adapté à la mode, devenant un crossover. Pour capter un public plus large, la nouvelle génération se mue maintenant carrément en SUV. Au risque de perdre en originalité ?

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Les points forts

    Les points faibles

      C’est déjà la 6e génération de l’Espace, un modèle né en 1983. C’était à l’époque un pionnier du monospace, nouveau genre automobile dédié à la vie de famille. Trois autres générations d’architecture similaire ont suivi. Puis, l’Espace 5 s’est mué en crossover, le monospace n’étant plus à la mode. Aujourd’hui, le 6e du nom devient un SUV, un genre qui plaît au public contemporain.

      Un SUV comme un autre ?

      Basé sur son petit frère Austral, ce nouvel Espace en conserve l’allure générale, mais allonge sa partie arrière (empattement et porte-à-faux), pour s’étirer sur 4,72 mètres de long, soit près de 10 cm de plus qu’un Peugeot 5008. L’Espace a cependant perdu 14 cm par rapport à son devancier. Il a aussi perdu en originalité : le style est désormais très passe-partout, bien qu’il n’ait rien de vilain, au contraire. 

      À l’intérieur, la planche de bord est piquée à l’Austral, avec une dalle numérique en « L » inversé. Le mobilier est moderne et bien fini. Seuls les plastiques du bas du tableau de bord sont rugueux, mais on les voit peu. Les parties les plus visibles sont valorisantes et peuvent même se couvrir de matériaux nobles, comme de l’Alcantara ou du frêne véritable. La sellerie d’origine est en tissu recyclé, mais des sièges en vrai cuir restent proposés. Les rangements sont pratiques et nombreux, et le repose-main central coulissant sur le tunnel central est également agréable au quotidien. 

      Google intégré

      Le système multimédia tourne sous Android Automotive (mais est compatible aussi avec Apple CarPlay, avec ou sans fil) : il assure la navigation via les cartes Google Maps constamment mises à jour. Le guidage est franchement très efficace et la résolution de la carte très agréable à l’œil. Le système permet aussi de télécharger directement des applis du Google Play Store depuis l’écran, sans devoir relier le téléphone, mais juste en vous connectant à votre compte Google. On trouve aussi « SongPop for Renault », une nouvelle appli de blind test musical pour égayer les voyages en famille. L’assistant vocal « Ok Google » est présent et pilote efficacement toute une série de fonctions (climatisation, téléphonie, audio et demandes diverses). Ce système multimédia s’utilise très intuitivement. Un chargeur smartphone sans fil est aussi proposé.

      Toujours 7 places, mais…

      Comme ses devanciers, le nouvel Espace peut accueillir jusqu’à 7 passagers. Et de série, sans supplément de prix ! Une version 5 places reste disponible en option gratuite, avec un coffre un brin plus grand (jusqu’à 100 litres de plus). Par contre, le nouvel Espace perd les sièges individuels de deuxième rang de ses devanciers et se contente d’une banquette (fractionnée en deux parties : 1/3-2/3).

      C’est un peu moins confortable, mais cette banquette reste cependant coulissante et inclinable. Dommage que le dossier soit peu galbé et que l’assise trop basse soutienne peu les cuisses des grands passagers. On dispose par contre de beaucoup d’espace pour les jambes. On ne peut pas en dire autant au 3e rang… L’accès y est très acrobatique et les adultes s’y sentiront confinés, d’autant que la garde au toit est limitée.

      Les enfants, eux, seront bien installés. Mais en 7 places, il faudra rationner les bagages (coffre de 159 litres seulement). Ceci dit, c’est le cas chez tous les concurrents directs de l’Espace. Seules les camionnettes aménagées offrent un grand coffre en 7 places. Lorsque les sièges du dernier rang sont rabattus dans le plancher, on dispose d’une soute généreuse (677 litres avec la banquette médiane avancée au maximum) et facile à charger grâce à des formes régulières. Parmi les options intéressantes, on pointe le toit panoramique (mais malheureusement non ouvrant) et les sièges avant à fonction massage.

      Uniquement en hybride autorechargeable

      Plus d’essence pure ni de diesel dans cet Espace, mais juste un propulseur hybride essence-électricité à batterie « autorechargeable » (sans prise, donc). Il associe un tricylindre 1.2 turbo de 130 ch et deux unités électriques : un moteur de traction principal (68 ch) et un alterno-démarreur (34 ch). La puissance totale combinée est de 200 ch et la cavalerie transite par la boîte très spécifique (sans synchro ni embrayage) développée par Renault pour ses hybrides. Elle compte 4 rapports pour le moteur thermique et 2 rapports pour le moteur électrique principal, l’ensemble offrant 15 combinaisons différentes.

      En pratique, tout va bien en conduite calme : les transitions thermique/électrique sont douces, les reprises vigoureuses sans forcer et le moteur silencieux. Par contre, la gestion perfectible de la boîte souffre de temps morts sous fortes accélérations, engendrant des à-coups désagréables. On nous dit qu’une mise à jour du logiciel sera disponible à terme chez les concessionnaires pour régler le problème.

      L’Espace est le seul SUV de sa catégorie pouvant disposer de roues arrière directrices (dès le 2e niveau de finition). Cela permet au modèle de braquer comme une Clio et d’afficher une tenue de route très dynamique et agile pour le segment. Un régal sur les routes sinueuses. Par contre, le confort est assez sec pour un véhicule familial, surtout avec les jantes optionnelles de 20 pouces. 

      Prix Renault Espace

      Parmi les SUV familiaux hybrides à 7 places, le nouvel Espace est franchement bien tarifé : disponible à partir de 43.900 €, il coûte environ 5.000 € de moins que son cousin, le Nissan X-Trail e-Power. Même le Peugeot 5008, pourtant plus petit, moins puissant et micro-hybridé seulement, coûte un peu plus cher. L’Espace est donc une bonne affaire. Et sa consommation est raisonnable :7,1 l/100 km durant cet essai, mené sur tous types de routes. On peut même descendre sous les 6 l/100 km sur des parcours urbains/périurbains, où le modèle évolue très souvent en mode électrique. La garantie est par contre assez limitée : 2 ans/kilométrage illimité sur la voiture (8 ans/160.000 km pour la batterie).

      Notre verdict

      Bien sûr, en virant SUV, l’Espace a perdu en originalité, en aspects pratiques (places du 3e rang moins confortables) et en convivialité (plus de sièges individuels au second rang). Mais c’est un SUV réussi, qui reste pratique au quotidien et agréable à vivre comme à conduire (surtout avec les 4 roues directrices). Le propulseur hybride séduit également par sa douceur et sa sobriété. Et le tout est particulièrement bien tarifé.

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