Au milieu des années 50, le sport automobile est en pleine effervescente aux Etats-Unis. Tout est bon pour figurer sur la plus haute marche du podium, même modifier à outrance sa voiture pour en tirer les meilleures performances possibles. Rarissimes sont donc les survivantes de cette époque à encore revêtir leur configuration d’usine… Exception faite de cette Ferrari 750 Monza !
C’est quoi ?
Enzo Ferrari avait toujours juré qu’un modèle portant son nom devait posséder un V12. Il se laissa toutefois convaincre par son ingénieur, Aurelio Lampredi, de développer un 4 cylindres, réputé plus fort en couple. La lignée de Ferrari Monza en fût donc équipée, dans diverses variantes de cylindrée. Un très beau moteur à double arbre à cames en tête, cubant 3 litres sous le capot de cette 750. Avec une puissance de 260 chevaux, cette Ferrari n’avait pas grand-chose à craindre des modèles V12 !
0510 M
Ce châssis « 0510 M » fût vendu neuf au Texas à Allen Guiberson, habitué à engager des Ferrari en compétition. Peint dans une combinaison de couleurs alternant le bleu et le blanc, cet exemplaire fût rapidement engagé aux 12 heures de Sebring 1955 avec au volant, ni plus ni moins que les légendes Phill Hill et Carroll Shelby ! La Ferrari fût d’abord créditée de la victoire, avant d’être finalement reléguée à la seconde place, la Jaguar étant manifestement arrivée un fifrelin plus tôt !
La course suivante fût une plus grande réussite : en effet, cette 750 Monza remporta la première place du « Del Monte Trophy », une course se déroulant sur les routes de Pebble Beach. Enfin, le 3 décembre 1955, la voiture signa une deuxième place à Palm Springs avec Phil Hill derrière le volant, une fois de plus. Ainsi s’arrête la carrière de la voiture sous la propriété de Guiberson. La voiture fût ensuite revendue à Richard « Dick » Hall et à son frère Jim. Il ne le savait probablement pas encore à cette époque, mais la voiture restera sous sa propriété pendant quelque 60 années !
Shelby, de retour au volant
1956. La voiture retrouve le chemin de la victoire à Pebble Beach pour la première course de la saison, avec Carroll Shelby derrière le volant. Ce cher Monsieur Shelby semble dans une forme olympique, car la voiture truste les victoires dans les semaines suivantes. Jim Hall, le copropriétaire, en prend le volant à Monza, la même année. Il s’agit non seulement de la première fois qu’il court au volant de cette voiture, mais il s’agit également de sa première victoire !
Il a livré ses impressions il y a peu : « J’ai été stupéfait par cette voiture. Elle avait beaucoup de couple et il fallait changer de rapports très rapidement. Les freins étaient fantastiques, même s’il ne s’agissait que de tambours. Je pensais que c’était une voiture de course fabuleuse ! ».
Remise à neuf
Lors de la course suivante, le moteur fût endommagé par quelques débris et la voiture fût dès lors renvoyée à Maranello. Le constructeur profita de l’occasion pour remettre la voiture en conformité avec la législation en vigueur et l’équipa d’un pare-brise courant sur toute la largeur de la voiture, ainsi que d’une portière à gauche. Et tant qu’à faire, la belle fût repeinte en rouge !
Une retraite paisible
En 1957 et 1958, la voiture continua sa carrière sportive, Jim Hall rachetant cette voiture à son frère. Cette dernière connût quelques succès complémentaires avant d’être retirée de la course. Préservant sa voiture fétiche, Jim Hall décida dans le milieu des années 90 de redonner à sa voiture toute sa gloire d’époque. Tout en gardant son originalité, la voiture fût remise à niveau.
Depuis, elle a collectionné les représentations modernes, tout en roulant régulièrement et à vitesse modérée pour préserver sa forme. Jim Hall possédait d’ailleurs, son propre circuit d’essai !
Pour vous ?
Peu importe le nombre de cylindres, cette Ferrari doit rejoindre votre collection ? C’est tout-à-fait possible ! Elle sera proposée par RM Sotheby’s à sa vente de Monterey, en Californie, le 19 août 2016. Sachez tout de même que la voiture est estimée environ 4 millions d’euros…