Paresseusement installé dans le fauteuil d’une confortable limousine, je me délecte des sonorités suaves distillées par la stéréo. Soudain, le volant se met à vibrer : regain d’attention et je rectifie la trajectoire, la voiture ayant en effet dévié de sa bande… Plus loin, un camion déboîte brutalement ! Passablement assoupi, je ne réalise pas tout de suite mais la voiture freine d’elle-même et évite l’horreur d’un crash à haute vitesse. Ouf, j’ai eu chaud…
Un petit somme ?
Sous prétexte d’une sécurité optimale, les constructeurs bardent nos voitures de béquilles électroniques : ABS, contrôle de trajectoire, antipatinage,… On retrouve même des dispositifs qui freinent d’autorité le véhicule lorsqu’un danger est imminent, voire qui rectifient la trajectoire de la voiture lorsque cette dernière dévie de sa bande de circulation. Dans la pratique, cet arsenal sécuritaire pourra se montrer au choix, frustrant ou rassurant, selon votre nature. On ne peut nier les bienfaits de ces systèmes mais ces derniers ont également pour effet de déresponsabiliser l’humanoïde derrière le volant. La voiture qui tourne et qui freine toute seule ? On y est presque… Bien sûr, le conducteur sera toujours (quoique…) juridiquement responsable de son bolide, mais le simple fait de savoir qu’un gros filet électronique assure ses arrières suffit déjà à le rendre plus optimiste... ou moins attentif…
Attention, ça chahute !
Comme voiture personnelle, je possède une vieille Anglaise de 40 ans d’âge, dénuée de tout ce que l’on peut imaginer comme électronique : pas d’ABS, ni d’ESP, ni même de suspensions évoluées : juste une bonne vieille propulsion avec essieu arrière rigide. C’est certain, à 120 km/h avec elle, on sent la machine qui vit et on n’est pas prêt de s’assoupir ! Conséquence : on conduit avec prudence et les limites de l’engin sont d’autant plus faciles à cerner qu’elles sont proches. Le simple fait de savoir qu’un geste maladroit peut vous emmener droit au fossé incite à une conduite vigilante et éveillée. D’autant qu’en cas de crash, ce n’est pas le tableau de bord subtilement rembourré qui aidera à me garder intact ! Résultat : courtoisie, anticipation et conduite coulée au programme. Et je ne parle même pas du plaisir de conduire une machine qui réagit au doigt et à l’œil, sans intermédiaire électronique, ni même d'assistance !
Et si le mieux était l’ennemi du bien ?
La voiture à la place du conducteur…
Loin de moi l’envie d’un immobilisme technique, mais il ne s’agit tout de même pas de voir la voiture diriger les débats à la place du conducteur ! Certes, le trafic n’est plus le même que jadis, les conditions de roulage non plus, mais seriez-vous enclin à rester passif dans une boîte fermée se déplaçant de A à B ? Ce serait sans doute la solution à bien des tracas, mais quid des responsabilités en cas d’accident ou tout simplement… de la passion ?