Le haut du panier !
A sa sortie, la Z4 a vite enchanté les foules : sa robe élégante et sportive n’évoquait plus un machisme démonstratif, mais bien un dynamisme endimanché. Il en allait de même avec le châssis, autrement plus confortable que le bout de bois auquel la précédente Z4 nous avait habitués ! Sportive, élégante et enfin confortable, la Z4 avait réussi l’improbable pari : mettre tout le monde d’accord !
Ou presque… Car si les Z3 et précédentes Z4 profitaient d’une sulfureuse variante M, les cols blancs de BMW cassaient de suite l’ambiance annonçant que cette variante-ci de la Z4 ne serait pas revue par le département Motorsport ! Voilà qui paraissait d’autant plus regrettable que le potentiel sportif de la belle semblait évident, la version sDrive35i avec ses 306 chevaux mettant déjà l’eau à la bouche !
Un petit « s » de plus…
C’est alors que survint cette sDrive35is ! Un petit « s » de plus à la fin du patronyme qui laisse supposer beaucoup de choses… A vrai dire, beaucoup la considèrent aujourd’hui comme la pièce manquante du puzzle, une variante « M » qui n’ose s’afficher. Certes, le « M » n’est pas dans le titre, le look général n’est en rien hypertrophié, on ne compte toujours que deux sorties d’échappement, mais les dessous de la belle profitent d’un traitement digne des grandes sportives de la marque !
La pièce maitresse !
Une « M » qui s’ignore ? Il suffit de regarder sous le capot pour en être convaincu ! Le moteur présente les mêmes spécifications que la Série 1 M Coupé ! Voilà qui en dit long… Ce 6 cylindres en ligne de 3 litres se voit suralimenté par deux turbos. La puissance est annoncée à 340 chevaux et le couple, à 450 Nm dès 1.400 tr/min, voire, en mode overboost, à 500 Nm ! Et puis il y a l’échappement, doté de clapets pour mettre le tout en musique… Nous y reviendrons !
Du « M » à tous les étages
Cette Z4 survitaminée reçoit le renfort du « M Sports Package » et la suspension adaptative « M », pour aider la puissance à passer sur le sol. Rabaissée de 10 mm, la suspension optimise l’efficacité sans pour autant dénaturer le confort. Le beurre et l’argent du beurre, en somme. Et avec même, le sourire de la crémière : le pack M ajoute un diffuseur et modifie l’aéro pour une meilleure efficience… Et, bien entendu, un look plus distinctif !
Jaune !
Il n’y a pas à dire, avec une couleur pareille, on a du mal à distinguer le côté viril de la bête… Jaune comme un pissenlit au printemps, notre Z4 ! Que l’on aime ou non, il faut tout de même admettre que cette couleur met les courbes musclées de la belle, particulièrement en valeur !
Euh… Trop jaune, peut-être…
Dans l’habitacle, l’univers est tout aussi pittoresque. Le jaune s’invite sur les contre-portes, les surpiqûres du tableau de bord et même sur… les plastiques ! Faut aimer… Ambiance confinée de rigueur, roadster oblige et d’emblée, on se demande où va-t-on bien pouvoir vider ses poches : les espaces de rangement sont plutôt maigres !
Si la Z4 présente un équipement assez sophistiqué, on ne peut en dire autant de la qualité de finition. Certains plastiques paraissent presque indignes du prix et une Mercedes SLK, à ce niveau, semble nettement plus valorisante !
Grondement sourd !
Bon, ce n’est pas tout ça, il est temps de démarrer le canari. Et là, s’il est bien un domaine où une SLK 350 (pourtant fort enivrante, elle aussi) ne peut rivaliser, c’est en terme de symphonie ! Le démarrage à froid provoque un grondement sourd, puissant et éminemment évocateur… Il n’est dès lors plus question de petit oisillon chétif, mais plutôt de gros carnivore affamé ! Voilà qui met en appétit ! La boîte est obligatoirement automatique et compte un double embrayage et sept rapports.
En route !
Les premiers mètres demandent simplement une petite adaptation au long capot masquant un peu la vue… Pour le reste, c’est aussi simple qu’à bord d’une Série 1 de base. Le temps où les voitures de sport demandaient un effort physique proportionnel à la cavalerie présente sous le capot est bien révolu !
Seul le bruit sourd de l’échappement incite à oublier la radio, tant cette sonorité est enivrante… Et au lever de pied, quelques sourdes détonations se font entendre ! Extase ! Trois modes de conduite sont proposés : Normal, Sport et Sport+. Le premier mode préserve un étonnant confort de suspension et permet d’envisager de longues étapes.
Misez sur les bonnes chaussures…
Avec une température ambiante dépassant les 10 degrés, les pneus hiver de notre exemplaire semblaient peu à leur aise. Motricité défaillante et grip vite absent calment les ardeurs des plus effrontés ! La conduite dynamique est donc à proscrire : l’ESP clignote alors à la manière d’une lampe stroboscopique, ce qui donne rapidement un gros coup de fatigue aux freins, épuisés dans leurs tentatives de remettre l’engin sur le droit chemin.
Pourtant, à en juger, le châssis semble bien né. Nul doute qu’avec des pneus adaptés, la première route sinueuse venue donne des picotements dans le pied droit ! Le mode normal semble définitivement trop souple, les amples mouvements de suspension nuisant à la précision de conduite. Le mode Sport+ est quant à lui, bien trop raide pour nos routes. Reste le mode Sport, bien ferme lui aussi, mais qui garantit une certaine efficacité sur le billard. Et l’équilibre est un régal ! Sur routes bosselées, en revanche, l’efficacité semble perdre quelques plumes. Rien d’affolant, car le plaisir est toujours de mise !
Moteur d’enfer !
Un 6 en ligne BMW, Môssieur, ça se conduit dans les tours ! Du moins, c’est ce que j’ai toujours appris. Faux ! Désormais, aidé par ses deux turbos, ce gros 6 cylindres s’exprime avec force dès les plus basses rotations. Pour avancer prestement, inutile donc de dépasser les 3.500 tr/min ! Pourtant, la grimpette à 7.000 tr/min ne lui fait pas peur, son grondement sourd devenant alors étonnement plus feutré, mais plus strident également.
La boîte apparaît une belle complice : rapidité, douceur, relative intelligence, tout y est ! Les palettes de sélection sont fort pratiques à l'usage et se voient doublées d'un levier à la sélection "logique" : comprenez qu'il faut le tirer pour passer au rapport suivant ! Notre exemplaire présentait cependant quelques réticences à l'usage des palettes, ces dernières refusant de temps à autres d'obtempérer !
Budget !
Ça y est, vous craquez pour cette Z4 M qui ne se l’avoue pas ! Prévoyez 58.750 € tout de même… Un prix copieux, mais un équipement qui, une fois n’est pas coutume, l’est tout autant : climatisation électronique, sièges sport chauffant, pare-vent, régulateur de vitesse, cuir, jantes de 18 pouces en alliage, phares au Xénon… On ne peut regretter que l’absence de rétroviseurs électrochromes sur l’équipement de série (mais disponibles en option) ainsi que quelques broutilles.
Une Porsche Boxster S demande environ 3.000 euros supplémentaires et surtout, ne propose qu’un équipement de série indigent ! Mais elle offre un blason prestigieux et un équilibre routier fabuleux… Vient enfin l’éternel challenger, la Nissan 370Z Roadster, quasiment aussi puissante mais 10.000 € moins chère ! Mais comme il est principalement question de coup de cœur, sur ce segment…
La consommation reste raisonnable : environ 12 l/100 km sur un mode assez dynamique, une valeur qui peut retomber plus bas encore si votre pied droit se fait léger.
Conclusion
Longtemps encore après avoir remis les clés, le chant du 6 cylindres a hanté mes nuits. Une mélodie puissante, charismatique, qui participe pour beaucoup à la personnalité attachante de ce roadster. On l’aurait peut-être aimée plus tranchante sur la route et avec une boîte manuelle pour faire joujou, mais telle quelle, cette Z4 sait se faire parfaitement utilisable au quotidien.
Si l’efficacité est pour vous le maître-mot, voyez du côté de la nouvelle Porsche Boxster. Mais si vous n’êtes pas insensible à la nostalgie des roadsters britanniques, avec un long capot abritant un grondant 6 cylindres en ligne, alors cette Z4 saura vous charmer. La balade, cheveux au vent, c’est sympa et c’est bien dans l’air du temps !