Le prestige traditionnel
La gamme DS, elle chamboule le genre Citroën. Finies les tribulations haut-de-gamme aux spécifications techniques à assimiler avec aspirine, c’est un style BCBG qui s’installe dans la gamme. DS3, 4 et 5, c’est l’apothéose d’un design tortueux, mais dynamique et premium. En revanche, au niveau des dessous, rien de flamboyant. On y retrouve des plateformes partagées dans le groupe PSA, aux trains roulants affûtés pour les rendre plus sportifs…
La C6, elle, s’impose en tant qu’héritière d’une longue tradition de paquebots frappés des chevrons ! En clair, reprenez tout ce que l’on a dit au sujet des DS et comprenez l’exact opposé ! La C6, c’est le vaisseau amiral au confort nostalgique et à la suspension hydraulique traditionnelle. La C6, c’est aussi la réincarnation du haut de gamme, tel de que le conçoivent les Citroënistes patentés. Une limousine déroutante, tant dans son style que dans son comportement et ses manières. Serait-ce elle, dès lors, la véritable DS, la digne héritière de la mythique berline des années 50, 60 et 70 ?
Plutôt charentaise que basket !
Alors que la gamme DS enfile le survêt’ de sport, la C6, ne serait-ce que par son style, laisse déjà suggérer d’un tempérament plus confortable que dynamique. Bien dans ses pantoufles, la C6 ne peut toutefois cacher son âge, surtout dans sa partie avant : les lignes molles descendantes et les phares sans personnalité n’ont plus rien de suggestif en 2012. La poupe, en revanche, intrigue toujours : les feux démarqués et l’immense lunette arrière galbée confèrent toute la personnalité au modèle…
Grandeur et décadence…
Ouvrez la porte et, forcément, c’est la déception. D’autant plus grande que les DS actuelles font du style intérieur, une originale marque de fabrique ! Ici, point de délire stylistique, d’ambiance cocon ou de lounge branché, mais un habitacle fade et sans personnalité. Un thème de demi-lune repris un peu partout, des plastiques omniprésents et une instrumentation digitale très datée finissent ce tableau peu appétissant. Enfin, épinglons la position de conduite, trop haute et au volant trop bas pour les grands gabarits… La C6 accuse ici, violemment son âge.
Des relents de Traction 15/6 H
Suspension hydraulique et moteur 6 cylindres devenu obligatoire, voilà de quoi faire chavirer le cœur de tout Citroëniste qui se respecte. Car sous le capot, Citroën impose le V6 diesel de 3 litres et 240 chevaux, avec la boîte automatique à 6 rapports qui va avec ! Pourtant, la C6 a connu d’autres motorisations (un V6 essence et un 4 cylindres diesel), mais n’a finalement retenu que la plus valeureuse.
Larguez les amarres !
Les présentations sont faites, en route ! Coup de clé (Hé non, le démarrage sur bouton est indisponible avec la C6…) et le V6 s’ébroue. De la soie, du véritable velours, ce 6 cylindres… Avec la politique actuelle de downsizing, on avait presque oublié l’agrément d’un V6. Quasi inaudible, onctueux, plein et puissant à tous les régimes et avec une sonorité délicate mais soyeuse, le moteur récolte tous les suffrages ! La boîte aussi, d’ailleurs ! Outre une fonction séquentielle, elle propose également des modes « sport » et « hiver ». Mais dans la pratique, on ne retiendra que le mode normal, qui fait évoluer la C6 avec beaucoup d’élégance et de raffinement. Rien à redire à ce niveau, le couple moteur/boîte est d’une rare éducation…
Ça chaloupe, mon commandant !
Reste à aborder le sujet du confort… Là, ça devient tout particulier ! Le moins que l’on puisse dire est que la C6 dénote clairement avec le reste de la production actuelle… Difficile de trouver plus polarisant comme comportement : on adore ou on déteste !
Essayons de faire simple : héritière d’une longue lignée de berlines à suspension hydraulique, la C6 en reprend les tics… La caisse tangue, chaloupe, ondule et finira vite par donner le mal de mer aux habitués des fermes berlines teutonnes ! Oubliez tout ce que vous avez connu, vous n’évoluez plus sur du bitume, mais sur une mer subtilement agitée… La C6 avale les ornières, dos d’âne et autres irrégularités avec une désarmante facilité et ne retransmet que des vagues légères et ondulantes… C’est absolument unique ! Un mode sport « raffermit » le tout et tente d’endiguer un tant soit peu les étonnantes réactions de cette suspension. Au final, retenons que les habitués de la marque adoreront ! Quant aux autres, on leur conseille de faire un essai avant…
Du sport ? Sûrement pas !
240 chevaux sous le capot, modes séquentiel et sport pour la boîte, mode sport également pour la suspension, la C6 se donnerait-elle des velléités de sportive ? Que nenni ! Le moins que l’on puisse dire est que l’on retrouve difficilement le dynamisme des berlines germaniques… Parler de sportivité avec la C6 n’a absolument aucun sens, pas plus qu’une rave Party dans la cour de l’Elysée.
Pourtant, en dépit d’un maintien de caisse spongieux, la C6 tient le parquet. Oubliez les sensations ressenties dans vos fesses, les roues, elles, sont fermement accrochées au bitume ! En ligne droite et en longues courbes, la C6 est rivée au plancher. Inébranlable. Ça penche, certes, mais ça tient. En virage serré, en revanche, c’est une autre histoire… Le V6 accroché au train avant ne favorise pas la répartition des masses et le museau aura vite tendance à tirer tout droit ! Mais de toutes manières, la C6 incite surtout à oublier les Sparco pour de confortables chaussures…
Les prix !
Le summum de la gamme DS5, c’est l’Hybrid4, affichée à près de 45.000 €. Avec la C6, on évolue dans une sphère encore supérieure : 54.915 € pour la finition Lignage et 59.335 € pour l’Exclusive ! Certes, à ce niveau de prix, il ne manque rien : cuir, sièges électriques, chargeur 6 CD, climatisation bizone, sono JBL à 8 haut-parleurs, affichage tête haute, sièges avant et arrière chauffants, phares au Bi-Xénon, GPS, jantes alliage de 18 pouces… Tout cela peut paraître impressionnant, mais une réflexion plus approfondie amènera deux problèmes…
Tout d’abord, l’équipement peut certes impressionner, mais aujourd’hui, on fait mieux : le radar actif, la carte mains libres, la connexion Bluetooth avec téléchargement du répertoire téléphonique, la connexion Internet avec recherche Google… Tous des équipements que l’on ne retrouve pas sur cette C6. De plus, il convient d’admettre que sa présentation est datée, ne serait-ce qu’au niveau de l’affichage du GPS. Quant au système de téléphonie, il impose d’intégrer la carte SIM dans la console !
Enfin, se pose également la question de la valeur résiduelle, réputée fondre comme neige au soleil. Si vous comptez revendre votre véhicule après 3 ans, la C6 n’est sans doute pas la solution la plus économique !
Toutefois, sachez que Citroën, fidèle à sa réputation, saura vous mijoter une remise canon ! Et que la consommation n’a rien d’effrayant : moins de 9 l/100 km, sans chercher la conduite éco, pour une berline à 6 cylindres, c’est correct.
Conclusion
Avec sa gamme DS, Citroën dispose de modèles modernes, misant sur un côté branché et jeune. Des voitures destinées à attirer une clientèle jusque là, inconnue. La C6, elle, reste fidèle aux traditions de la maison et s’adresse surtout aux habitués de la marque. Certes, elle a vieilli dans sa présentation, sa valeur résiduelle peut faire fuir, son équipement n’est plus à la page, mais son touché de route unique et son moteur soyeux suffiront largement à séduire les fervents défenseurs d’un confort « à la française »…