Barcelone reste indubitablement une ville passionnante et un terrain de jeu rêvé pour découvrir le MBK Oceo 125, frère jumeau du Yamaha Xenter. Conçu en Italie et fabriqué en Chine, l'Oceo ne manque pas, sur le papier, d'arguments. Pensé spécifiquement pour la ville, il cible principalement les plus de trente ans, à raison de deux hommes pour une femme, venant pour moitié d'un petit scooter ou, pour le reste, carrément sans expérience du deux-roues motorisé. On le devine, ce sera un choix rationnel où priment confort, prix et coût à l'usage, un usage par ailleurs quotidien avec pour objectif principal une volonté d'échapper aux embouteillages quelle que soit la météo. Une fois la clientèle ciblée, restait à analyser les attentes de celle ci. Les utilisateurs de ce genre de véhicules attendent un comportement routier rassurant sur les pavés, rails de trams et autres nids de poule qui agrémentent les artères des villes. Ils veulent aussi pouvoir se garer facilement: pas un réel problème chez nous, mais avez vous déjà essayé à Rome, Paris ou Madrid? Un autre atout? Un plancher plat suffisamment vaste que pour accueillir un gros sac voir un pack de six bouteilles d'eau! De bonnes accélérations et un freinage efficace complètent les exigences de ceux qui affrontent tous les jours les difficultés d'un trafic intense.

Pas d'angoisse de la page blanche

MBK est donc parti d'une page blanche pour concevoir moteur, suspension et châssis. Le moteur, refroidi par eau, compte quatre soupapes et est alimenté par injection électronique. La chasse aux vibrations est particulièrement soignée, avec piston en alu forgé, cylindre enduit de céramique et balancier à axe unique. Le châssis a fait lui aussi l'objet de toutes les attentions. Pour la première fois sur un "petit scooter" il reçoit une suspension monocross, une technologie très "T-Max", on a vu pire comme référence! L'amortisseur progressif procure en théorie un meilleur confort et un comportement plus rigoureux. Le cadre tubulaire forme, de la poupe à la colonne de direction, un double berceau. Il ménage un espace remarquable pour le plancher plat, sans préjudice de la rigidité. Le radiateur astucieusement monté latéralement amincit encore le tablier. Le freinage combiné comporte un disque à l'avant, mais se contente d'un tambour à l'arrière.

Un objectif: facile!

Le levier de gauche commande hydrauliquement l'étrier avant et, par le biais d'un classique câble, le tambour arrière. Plus surprenant, le levier de droite commande le maître cylindre du disque avant situé à gauche par l'intermédiaire d'un câble. Le système procure à l'usage un freinage très facile et rassurant. Seul un utilisateur expérimenté pourra lui reprocher un certain manque de mordant, un choix clairement dicté par le public cible visé. L'Oceo veille a faciliter la vie de son utilisateur avec une selle amincie vers l'avant pour permettre de mettre pied à terre plus aisément, le pivot de la béquille centrale est éloigné du centre de gravité pour faciliter le mouvement. Le tableau de bord digital affiche l'heure et la température extérieure en plus de la vitesse, de la jauge à essence et des deux trips journaliers.

Que demander de plus?

Malgré le temps un peu frisquet qui sévit à Barcelone pendant notre essai, nous avons pris énormément de plaisir à sillonner la ville au guidon de l'Oceo. La position de conduite très confortable, assis "chaise", les genoux pliés à 90° et le buste bien droit, permet de bien anticiper, les pieds posent facilement à plat à l'arrêt grâce au profil d'une selle à laquelle on ne reprochera peut être qu'un revêtement trop glissant à notre goût. Le plancher plat libère entre la selle et le tablier une surface d'une longueur d'un pied, de quoi changer un minimum la position de ceux-ci, puisque le tablier vertical ne permet pas de les rejeter vers l'avant. Le tableau de bord, joli, n'est guère lisible en plein jour, perturbé par les reflets. Nous apprécions la nervosité de l'Oceo qui "s'arrache" avec beaucoup d'allant à chaque feu rouge, la largeur réduite du tablier et le rayon de braquage qui nous permettent de nous faufiler à bon rythme. La suspension arrière monoshock procure un comportement et un confort remarquable. Arrivés devant la Casa Batlló, nous béquillons l'Oceo sans effort, un vrai "plus", d'autant que la béquille latérale est aux abonnés absents.

Alors, convaincus?

 

Oublions le vide poche sous le tableau de bord et l'espace sous la selle à la contenance désespérément ridicule, pour apprécier le top case, une option à 165€ (182€ en couleur carrosserie) qui accueille notre intégral et nos gants d'hiver. Nous en profitons pour détailler la finition, sans reproche apparent. Pas de doute, l'Oceo répond parfaitement aux attentes du public ciblé, une clientèle urbaine, sans grande expérience du deux-roues motorisé. Avec l'excellent comportement de son châssis et la vivacité du petit bloc 125, l'Oceo se montre à l'aise partout et rassure en toutes circonstances, que ce soit pour le béquillage ou un freinage appuyé. Des défauts? Honnêtement, pas vraiment, à part quelques broutilles, mais le possesseur d'un Oceo payé 3.190€ ne pourra faire l'impasse sur le pare-brise (108€) et le top case, qui trouve astucieusement sa place sur le porte-paquet joliment intégré d'origine. Il pourra encore compléter l'équipement avec le tablier souple (112€) pour affronter les embouteillages en toutes saisons. Alors, vous le prenez en blanc, ou en noir?