VROOOAW !!
Rien que la mise en marche est déjà un pur bonheur ! Le V8 s'ébroue dans un grondement sourd en faisant vibrer toute la carrosserie avec lui. Les ingénieurs d'outre-Atlantique sont partis du V8 de 6 litres de la C6, appelé "small block" (une vision toute américaine des choses…), et l'ont réalésé à 7011 cm³. Le vilebrequin est maintenant en acier forgé ; les bielles, tiges et ressorts de soupapes sont en titane, tout comme les soupapes d'admission. Celles d'échappement sont, quant à elles, refroidies au sodium. Le résultat est époustouflant : 512 chevaux à 6.300 tours/minute et 637 Nm à 4.800 tours/minute ! Toutefois, en terme de puissance et de couple spécifiques, cela n'a rien d'extraordinaire… Mais comme les chevaux sont bien là, on aurait vraiment tort de se plaindre ! Et comme disent nos amis Yankee, rien ne remplace les centimètres cube…
Peu importe si les italiennes offrent une motorisation dite "noble", façon château Petrus, avec des arbres à cames en tête et des régimes de folie ; ici, c'est du gros rouge qui tache ! Pas spécialement raffiné dans sa conception (arbre à cames central, 2 soupapes par cylindre, pas de calage variable,…), mais tellement grisant à l'usage ! Le V8 de cette Corvette nous en a mis plein la vue et les oreilles ! L'échappement actif est doté de deux clapets qui s'ouvrent à pleine charge pour laisser un hurlement de type NASCAR s'échapper des 4 sorties. L'accélération est très physique, une simple pression sur l'accélérateur suffit en effet à dynamiter les 1.418 kilos de l'engin, en le catapultant droit vers l'horizon dans une clameur très "course", surtout passé 5.000 tours/minute. Rageur et incroyablement vif dans les tours (au vu de la cylindrée), ce V8 est également d'une souplesse peu commune. Capable de reprendre dès les régimes les plus bas, il offre une rondeur très appréciable en circulation urbaine. Une perle !
Le punch du moteur à tous les régimes est réellement bien venu, car l'étagement de la boîte de vitesses est vraiment farce ! Avec une première montant à 96 km/h et une deuxième grimpant à plus de 140 km/h, l'utilisateur de cette Corvette n'aura légalement pas le plaisir de pousser les 2 premiers rapports à fond… Reste que le "cruising" sur l'autoroute, à 120 km/h et 1.500 tours/minute en sixième n'est pas désagréable non plus. Il reste toujours suffisamment de couple pour oublier tous les obstacles se présentant sur la route… La commande du levier de vitesses est ferme, avec un rendu très mécanique. L'embrayage se montre quant à lui très progressif et léger, vu le couple à faire passer.
Attention, ça glisse !
Avec autant de puissance sur les seules roues arrière, pas besoin de faire un dessin, on comprend aisément que l'engin se dérobe assez vite du postérieur. L'antipatinage et le contrôle de stabilité ne sont, de plus, pas toujours là pour rattraper les quelques écarts, leur logique de fonctionnement étant assez tolérante... Deux modes sont prévus : ON (qui n'empêche nullement la voiture de glisser joyeusement si le pied droit se fait vraiment lourd ou par temps humide), sport (encore plus tolérant) et OFF. De tout cela, on retiendra que la Corvette se conduit en connaissance de cause et qu'une sollicitation abusive des 512 chevaux pourrait entraîner des situations fort délicates, où le conducteur se retrouverait seul face à ses talents d'équilibriste. Une voiture pour grands garçons responsables donc, qui doivent redoubler de vigilance par temps de pluie.
Une fois cette logique bien acquise, on trouvera dans la Corvette une voiture extrêmement fun à conduire, où le pied droit dirige autant la voiture que les mains ! Le châssis se montre très équilibré, avec des réactions immédiates face aux injonctions de conduite. La direction offre un très bon rendu mais est peut-être trop démultipliée, avec près de trois tours de volant d'une butée à l'autre. Les freins sont réellement impressionnants : faciles à doser, ils se montrent de surcroît très efficaces et inépuisables. Une véritable voiture pour aller limer les circuits le dimanche !
Finition américaine
Si la ligne de la Corvette affiche une belle agressivité (difficile de passer inaperçu…), l'intérieur est beaucoup moins enchanteur… Plastiques bon marché, finition bâclée, présentation quelconque et ajustements aléatoires, on retombe là dans des caractéristiques typiques aux voitures de l'oncle Sam ! Cela dit, l'équipement de série est tout à fait complet, seuls le GPS et la peinture métallisée restant en option. Air conditionné automatique bi-zone (bien utile mais pas toujours suffisant pour échapper aux calories diffusées à profusion par le tunnel central), projecteurs au xénon, chaîne hi-fi Bose avec chargeur 6 CD, surveillance de la pression des pneus, sièges en cuir électriques,… tout y est ! Vendue à 83.450 €, cette mouture spéciale est de 19.000 € plus chère que la Corvette "normale", la C6. Ferrari, Lamborghini et Porsche pratiquent des tarifs nettement supérieurs. Les 490 chevaux d'une Ferrari F430 sont disponibles à 158.220 €, les 520 ch d'une Lamborghini Gallardo à 154.880 € et les 415 ch d'une 911 GT3 à 113.740 €. La Corvette ne dispose sans doute pas de la renommée des badges de ces dernières, mais en terme de puissance pure, elle n'a rien à leur envier !
Une fois assis au volant, on y est plutôt bien, même si les sièges se révèlent trop glissants et offrent un maintien latéral assez insuffisant. Les gabarits les plus grands regretteront par ailleurs de ne pouvoir abaisser davantage leur position de conduite. La garde au toit n'est pas un problème, mais le pavillon descend fort bas au niveau du pare-brise, ce qui gêne quelque peu la visibilité. Le head-up display est fort pratique, projetant au-delà du pare-brise le régime moteur, la température d'eau, le nombre de G encaissés latéralement (et littéralement) et la vitesse. Toutefois, seules ces deux dernières informations pourront être aperçues par les personnes mesurant plus d' 1 mètre 85.
Le coffre affiche une belle contenance, mais un problème pratique assez original se pose avec ce dernier. En effet, aucune séparation ne vient empêcher les objets déposés dans le coffre de glisser tout droit vers l'habitacle au premier freinage. Ce qui est d'autant plus gênant que le plancher de celui-ci se situe à bonne hauteur ! Jamais un filet d'arrimage n'aura été aussi utile !
Le confort reste parfaitement acceptable, au vu de la définition assez radicale de cette version. Grâce à son amortissement très correct, les vertèbres resteront en place, même après un trajet sur routes bosselées. Le moteur tournant à de faibles vitesses de rotations, le niveau sonore reste assez faible. L'esthète profitera quant à lui des montées en régime très expressives, donnant une atmosphère très "course" à l'habitacle.
En conclusion
La Corvette Z06 est vraiment un engin fabuleux, destiné à pimenter la vie de celui qui écume les circuits. Peu importe la finition bâclée, le manque de noblesse dans l'architecture moteur et les bip-bips horripilants, cette version procure un immense plaisir de conduite pour un prix défiant réellement toute concurrence. Une telle puissance oblige naturellement à faire quelques concessions, en particulier par temps de pluie, mais les ingénieurs américains ont réussi le pari de la rendre exploitable, par l'intermédiaire d'un châssis réussi. Pas de sophistications à outrance ici, seulement une excellente voiture de sport, simple, logique et efficace. On a encore rien trouvé de mieux pour procurer du plaisir à un tel prix…