François Piette

28 FÉV 2017

Coûts à l’usage : Peugeot 205 Rallye

Dans la catégorie des petites bombinettes, il y a les voitures polyvalentes et… les autres. Cette 205 Rallye, elle offre une expérience de conduite pour le moins radicale !

Dans les années 1980, l’offre en petites voitures sportives ne cesse d’exploser ! Le phénomène Golf GTI aura fait école et de nombreux constructeurs plongent dans ce segment aussi valorisant pour l’image que lucratif. Peugeot, lui, arrive sur le tard mais fait sensation avec sa 205 GTI qui accède immédiatement au rang de référence à battre. En 1987, le constructeur sochalien lance une deuxième salve, avec un modèle nettement plus radical.

Less is more

Désirant proposer un produit plus accessible à une génération de jeunes pilotes en herbe, Peugeot dénude sa 205. Les équipements de confort et les insonorisants sont relégués aux oubliettes. Sous le capot, Peugeot délaisse le 1.6 l à injection de la GTI pour un plus petit moteur, de 1,3 litre, mais demande au préparateur Danielson de l’ensorceler. Et ce dernier s’y met à cœur-joie, avec des méthodes plus qu’éprouvées : arbre à cames pointu, grosses soupapes, rampe de gros carburateurs Weber et j’en passe… De cette vieux chaudron sortent quelque 103 chevaux à 6.800 tr/min ! Une puissance plutôt coquette si l’on considère la masse sérieusement revue à la baisse : 790 kg seulement !

Pour le reste…

La boîte manuelle à 5 rapports voit sa démultiplication finale raccourcie, la direction se débarrasse de l’assistance et les freins avant profitent de disques ventilés. Curieusement, le train arrière se contente encore de tambours… Côté carrosserie, Peugeot s’est simplifié la vie : c’est blanc ou c’est rien du tout ! Quelques stickers et des jantes de 13 pouces peintes en blanc finiront l’ensemble. Dans l’habitacle, c’est tout aussi simple : des sièges de type baquet, des moquettes rouges, un compte-tours et c’est tout. La radio ? Une option bien inutile, vu la charivari du moteur Danielson…

A conduire

Pas de doute, la 205 Rallye a été étudiée pour briller en rallye : son efficacité est aussi épatante que son confort est nul ! Rageur, le moteur est du genre caractériel : les redémarrages à chaud sont un enfer, mais une fois en route, il envoûte l’équipage avec des montées en régimes fulgurantes et fortement sonores ! La zone rouge dans un œil, la route dans l’autre, la 205 Rallye affiche un entrain sidérant, virevoltant d’un virage à l’autre grâce à son train avant précis et… à son train arrière baladeur. En revanche, évitez tout ce qui ne ressemble pas à une petite route sinueuse : la 205 Rallye devient alors un vrai calvaire.

A l’achat

Vous êtes convaincus ? Bonne nouvelle, la 205 Rallye a été largement produite, avec plus de 30.000 exemplaires sortis d’usine entre 1987 et 1992 ! Mauvaise nouvelle, une immense majorité de ces dernières a été bidouillée pour les courses de province. Après tout, c’est à cela qu’elle se destinait. Deuxième nouvelle : ce qui n’a pas été bidouillé a généralement fini dans un fossé.

Bref, il reste peu de voitures en configuration d’origine sur le marché. Et les rares modèles en parfait état sont très convoités ! Comptez de 7.000 à 10.000 € pour un bel exemplaire. Un modèle en état concours peut prétendre à une valeur un peu supérieure…

A vérifier

Première chose à vérifier avant achat : l’état de la carrosserie ! Son comportement plutôt vivant aura incité de nombreux conducteurs a titillé leurs limites et la voiture a souvent fini au tas ! Assurez-vous également que la voiture soit bien une « Rallye » authentique et non une 205 1.4 essence bidouillée… La corrosion fait parfois des dégâts, notamment au niveau du bac de batterie, des longerons et des passages de roues.

Côté moteur, le petit bloc vitaminé est solide, s’il est bien entretenu. Les moteurs kilométrés demandent généralement une réfection de la culasse et une nouvelle segmentation. Attention au réglage des carbus, qui ne peut être confiés à n’importe qui ! Du côté de la boîte, sachez que les synchros souffrent rapidement. Enfin, n’oubliez pas que cette voiture approche les 20 ans, ce qui signifie des trains roulants fatigués, des joints à remplacer et une sellerie à refaire entièrement.

A l’usage

L’entretien est celui d’une voiture ancienne : vidange tous les 5.000 km, réglages des carbus tous les ans ou tous les deux ans, remplacement des bougies tous les 15.000 km et vidange du circuit de refroidissement tous les deux ans. La fiabilité est à ce prix ! Côté consommation, un pied léger vous permettra d’ingurgiter moins de 10 l/100 km… Dans le cas contraire, doublez votre mise !

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