Pour rappel, la Streetfighter "S" hérite du 1099cc de la défunte 1098. Le twin à 90° refroidi par eau possède quatre soupapes par cylindre et développe la coquette somme de 155 chevaux à 9500 trs/min, avec un couple de 115 Nm au même régime. Le châssis Superbike bénéficie de quelques aménagements classiques dans ce cas de figure, à savoir un empattement qui passe de 1430 à 1475 mm et un angle de chasse qui augmente de 24,5° à 25,6°, par la grâce d'un bras oscillant rallongé et d'un ancrage de fourche modifié. Les échappements, spécifiques à la Streetfighter, impressionnent par leur section et se terminent par deux pots superposés du côté droit de la machine. Les bracelets sont remplacés par un cintre plat plutôt bas et étroit. La bête en jette un maximum et ne manque ni d'élégance, ni d'agressivité.
Héritage Superbike
Une très belle réussite, qui s'affranchit complètement de l'héritage "Monster". Le pari pouvait paraître osé, il semble pourtant réussi! L'héritage "Superbike" induit de facto une position de conduite exigeante. La selle est haute, trop haute pour les gabarits moyens, et le guidon bas et très en avant donne au pilote l'impression d'être posé sur la roue avant. Les poignets dégustent, à porter tout le poids du buste basculé sur l'avant. Les commodos minuscules et le bloc instruments bas et compact contribuent à complètement dégager le champ de vision, où même les rétroviseurs n'interfèrent guère. Curieuse impression! A propos du compteur, entièrement digital, signalons qu'il dispose d'une foultitude de fonctions et de réglages plus ou moins utiles, mais toujours fastidieux, plus "Microsoft" que "Apple"… Par contre il fait l'impasse sur un deuxième trip ou une jauge à essence. Allez comprendre…
"S"
Notre Streetfighter arborait le célèbre "S", synonyme de suspensions Öhlins, le top dans ce domaine, complétées de diverses pièces d'habillage en carbone. La Streetfighter "S" dispose aussi du Traction Control et du "Ducati data Analysis" en dotation standard. Les roues forgées Marchesini s'ajoutent au package. Tout cet équipement se paie au prix fort, puisque la Streetfighter s'échange contre un solide chèque de 18 890 € (gloups!), alors que la Streetfighter se contente (!?) de 14 990 €. Les chromosomes "Superbike" ne mettent pas ces belles à portée de toutes les bourses, c'est le moins qu'on puisse dire! Les premiers tours de roue laissent entrevoir un solide caractère, et un usage plutôt pointu. Avec la "SF", oubliez la ville, oubliez le rythme "balade".
Fighting!
Cette moto est née pour l'attaque, et n'exprime toutes ses qualités que dans l'attaque. Certes, son poids plume de 167 kg à sec rassurent, le martèlement du twin enivre, mais impossible d'avancer sur un filet de gaz, le moteur s'y montre rugueux, cogne à qui mieux mieux pour ne s'exprimer avec plaisir qu'à partir des mi-régimes. Le rayon de braquage ferait mourir de rire un taximan londonien, la selle qui culmine à 840 mm descend en pente raide vers le réservoir, les suspensions sont visiblement plus pensées pour le circuit que pour la promenade bucolique. Vivement que le rythme s'accélère! Le twin fait alors parler la poudre, peut-être pas de façon spectaculaire au niveau des sensations, mais de manière drôlement efficace au niveau des performances obtenues! Le châssis, d'un bloc, avec ses suspensions d'une précision extrême, donne le meilleur de lui-même sur un revêtement sans reproche, mais demande à se cracher sérieusement dans les mains dès que le bitume se dégrade. Les coudes d'échappement et leur plaque de protection gênent l'emplacement du pied droit, perturbant une position qui se montre par ailleurs plus adaptée à l'attaque qu'à la flânerie. Un dix sur dix pour les freins, à mouler les "coglioni" dans le réservoir, tant leur puissance et leur feeling permettent des freinages extrêmes.
Pauvre pécheur…
Sentiments mélangés au moment de rendre la Ducati. Vraiment inconfortable, sans la moindre protection au vent, elle fait preuve sur bon revêtement d'une efficacité extrême, est dotée d'un moteur qui lui offre des performances ébouriffantes, compensées par un freinage hors pair. En même temps, une vraie moto d'homme, exigeante et parfois difficile, qui ne se donne qu'à un rythme inavouable. Santa Madonna, priez pour nous, pauvres pécheurs!