Comme on pouvait s’y attendre, c’est sous le signe d’un duel italo-américain que devrait s’écrire le scénario de la 61e édition des Total 24 Hours of Spa. A l’affiche de ce thriller toujours aussi alléchant, Maserati, tenante du titre, alignera trois redoutables MC 12 aux couleurs Vitaphone Racing team. En face, Corvette, auréolée de ses multiples succès au Mans et en American Le Mans Series, engagera une triplette de Z06 réparties entre trois équipes différentes (Selleslagh Racing Team, Pekaracing et Sangari Team Brazil).
En principe, c’est dans une de ces six machines que se relaieront les membres de l’équipage qui montera dimanche sur la plus haute marche du podium. Et comme on pouvait s’y attendre, ce sont ces six voitures qui ont monopolisé le sommet des classements lors des essais libres préalables aux séances qualificatives qui se sont disputeront ce jeudi soir.
Le matin, sous une météo capricieuse, c’est Corvette qui a tiré les marrons du feu. Le redoutable Britannique Oliver Gavin, pilote officiel de la marque, se jouait le mieux des gouttes et chaussait les pneus slicks au bon moment pour assommer la concurrence… reléguée à plus de deux secondes ! Derrière la Z06 SRT, la Maserati n° 1 de Bartels-Bertolini-Sarrazin-Negrao pointait le bout du nez, un souffle devant la Corvette du Pekaracing. Les deux autres Maserati et la Corvette brésilienne apparaissaient quant à elles aux 5e, 6e et 7e rangs. Elles étaient devancées par l’invitée-surprise de la matinée, la Nissan GT-R engagée sous la bannière officielle de Nissan Motorsports. Répondant aux spécifications de la réglementation 2010 - et donc a priori un peu moins performante que les GT1 de la première génération -, la japonaise, confiée aux excellents Anthony Davidson, Darren Turner et Michael Krumm, profitait des conditions délicates pour se hisser en 4e place et semer le trouble dans le peloton des favorites.
L’après-midi, sur une piste s’asséchant progressivement, les chronos s’amélioraient nettement. Longtemps, Oliver Gavin, décidément très en verve, paraissait tenir le bon bout en étant le seul à descendre sous la barrière des 2’18". Mais en fin de séance, l’Allemand Alex Müller hissait la Maserati n° 2 - qu’il partage notamment avec le recordman des victoires de l’épreuve, Eric van de Poele - en haut des tablettes.
Dans le sillage des deux artificiers de service, les Maserati Vitaphone n° 33 et 1 et les Corvette 4 et 8 étaient groupées en moins de huit dixièmes de seconde. A faible distance, la Ford GT du Marc VDS Racing Team – qui, comme la Nissan, préfigure le GT1 de demain - démontrait qu’elle tenait parfaitement son rôle d’outsider, juste devant une Nissan GT-R un petit peu moins en verve que le matin sur une piste parfaitement sèche.
Même si on imaginait qu’elle ferait rapidement parler d’elle, la redoutable Audi R8 LMS du Phoenix Racing créait pour sa part la sensation de l’après-midi en s’immisçant dans le peloton des GT1 et en s’installant gaillardement au 9e rang, loin devant les autres machines de la catégorie G2. Quant à la Saleen S7 du Full Speed Racing, elle clôturait le top 10.
Derrière les machines de pointe, la meute des GT2 faisait plaisir à voir, Placée sous le signe d’un affrontement acharné entre les Porsche 911 GT3 RS et les Ferrari F430, cette catégorie est peuplée de véritables artistes du volant qui s’en donneront à cœur joie durant tout le week-end. Dans ce contexte tumultueux, c’est la Porsche Imsa Performance Matmut de Pilet-Long-Narac qui décrochait la timbale et précédait les Ferrari n° 50 (AF Corse) et n° 77 (BMS Scuderia Italia).
Dans la classe G3, c’est une autre Porsche qui plaçait les premières banderilles, la 911 GT3 Cup S Mühlner Motorsport n° 123 de François Verbist précédant la Ford GT n° 121 du Matech GT Racing - pourtant vue à la faute en fin de séance – et l’Aston Martin DBRS 9 du Barwell Motorsport.
Quant à la star de l’épreuve, l’ancien champion du monde de Formule 1 Jacques Villeneuve, il figurait pour sa part au 20e rang, au volant de la Mosler MT 900 qu’il partage avec le Chinois Ho-Pin Tung et nos compatriotes Vincent Radermeker et Loris de Sordi.
Au terme de ces deux séances disputées « pour du beurre » et exemptes d’incidents majeurs, les choses sérieuses pouvaient commencer pour les trente-sept voitures appelées à affronter les essais qualificatifs. Par rapport à la liste des trente-neuf voitures habilitées à prendre part au meeting, les organisateurs avaient en effet dû enregistrer le forfait de dernière minute des deux Porsche alignées dans la catégorie G2 par le team PMB Motorsport.
A l’approche de la chasse à la « pole », la question qui se posait sur toutes les lèvres portait sur le chrono qui s’afficherait ce jeudi à 23.30 heures en regard de l’équipage de pointe. Le fabuleux 2.13.923 réalisé l’an dernier par Pedro Lamy et sa Saleen Larbre Compétition sera-t-il jeté aux oubliettes ? « Pas sûr », analysait Eric van de Poele en cours de matinée. « Cette année, la réglementation relative aux pneumatiques a changé et les gommes mises à notre disposition sont un petit peu moins performantes que l’an dernier. Ceci dit, s’il fait sec, je table quand même sur un 2.14 ». On tient les paris ?