Audi, ce ne sont pas seulement des berlines grises mazoutées pour les représentants de commerce. C’est aussi un sacré palmarès en compétition, depuis les 24 Heures du Mans jusqu’au championnat GT3 où une certaine R8 truste les places d’honneur. Et quoi de mieux qu’un bolide extrême pour rappeler ce beau pedigree ? Voici donc la R8 nouvelle mouture, dans sa version la plus extrême, la V10 Plus !

Lamborghaudi ?

Depuis qu’Audi dirige d’une main de fer la destinée de Lamborghini, les gênes se partagent. Ainsi, la précédente R8 était intimement liée à la Lamborghini Gallardo. Aujourd’hui, ces modèles se voient remplacés par les R8 (Audi n’a pas cherché l’originalité pour l’appellation de ce nouveau modèle) et l’Huracán. Alors bien sûr, sur le porteclé, le blason aux 4 anneaux a moins la classe que le taureau furieux… Mais dans les faits, les deux bolides sont extrêmement proches, avec une mécanique et une architecture quasi identiques !

Avant de démarrer…

Faisons le tour de la bête. Certes, son regard agressif, sa calandre béante, l’aileron fixe de cette version « Plus » et les sorties d’échappement carrées impressionnent le quidam. Mais dans cette teinte foncée, vue de loin, la R8 ne s’impose pas à la vue et pourrait presque longer les murs sans – trop – se faire remarquer.

Aspects pratiques ? Euh…

Continuons le tour du propriétaire : à l’avant, nous retrouvons un semblant de coffre parfaitement ridicule : 113 litres à peine ! Pour déposer vos menues affaires, il faudra donc s’armer d’une certaine ingéniosité, notamment en exploitant l’espace situé derrière les sièges. Les espaces de rangement à bord sont, on s’en doute, pour le moins limités. A l’arrière, le V10 s’expose sous vitrine et s’impose en excluant tout autre coffre.

Grimpons à bord !

Avec ses portes à ouverture classique, la R8 ne demande pas une expérience d’acrobate distingué pour s’installer à bord ! Tout au plus, rappelez-vous que le modèle ne culmine pas à la même altitude que votre break familial… Une fois à bord, vous avez la furieuse impression d’être aux commandes d’une navette spatiale !

Geeks bienvenus

Au sein d’une ambiance sombre tendue de cuir et d’Alcantara, la R8 vous expose un fantastique panel d’instrumentation digital et personnalisable. Le tout rappelle évidemment la TT et… la VW Passat, mais se complète ici d’un volant multifonction qui outre le volume de la radio (quelle idée !) et les menus le démarrage, commande le timbre de l’échappement, le mode de conduite, le degré de sportivité voulu…

Bref, comme on dit, « il n’y a plus qu’à »… Sauf que si tout ceci est diablement complet, l’ergonomie n’est pas follement évidente et vous ne pourrez pas compter sur l’aide du passager car : a) vous avez votre fierté vu qu’il s’agit d’une R8 et b) il ne voit de toute façon absolument rien à votre écran et ne dispose pas de rappel…

Quelques chiffres

Avant de démarrer le monstre, penchons-nous sur ses caractéristiques : ce V10 de 5,2 litres délivre 610 chevaux (contre 540 à la version « normale »), débite 560 Nm de couple, titille les 9.000 tr/min et distribue sa force sur les 4 roues via une boîte automatique à double embrayage et 7 vitesses. De quoi garantir un 0 à 100 km/h en 3,2 secondes et une vitesse de pointe de 330 km/h ! Eh oui, tout ça !

Go !

Au démarrage, le V10 s’ébroue dans un grondement rauque à faire trembler les murs ! Mais c’est pour mieux se calmer par la suite et se caler sur un ralenti imperturbable et presque inaudible. Levier sur « D », le fauve se déplace calmement, le V10 barbotant en sourdine et la garde au sol respectable avalant les obstacles du quotidien. Un dos d’âne ? Même pas peur… La visibilité est correcte (pour un engin de ce genre), l’amortissement filtre remarquablement et la stéréo affiche une très belle qualité sonore ! Bref, la R8 V10 Plus, ce serait presque un bonheur au quotidien s’il n’y avait pas ce satané coffre étriqué et… ces regards souvent envieux.

Fuyons et mettons gaz !

Donc oui, la R8 est parfaitement fréquentable pour un trajet calme et reposant. Mais après tout, avec une telle fiche technique, comment ne pas titiller la pédale de droite et quelques boutons ? Mode Sport enclenché, mettons plein gaz ! Et là… On n’est pas déçu ! Corps plaqué contre le siège, regard fixé vers l’horizon, on savoure le V10 qui vocifère sa rage en hurlant vers les aigus rageurs !

La poussée devient de plus en plus physique au fur et à mesure de la montée en régime. La symphonie rappelle les anciennes Formule 1, le voisinage tremble sur son passage et le compteur s’envole vers des sommets parfaitement illégaux à une vitesse démentielle ! Un V10 atmosphérique qui prend près de 9.000 tr/min, cher lecteur, c’est tout de même quelque chose !

Comportement sain et facile

Montée sur des pneus hiver, notre monture s’est montrée remarquablement facile à manier. Les 4 roues motrices assurent une motricité exemplaire et, aides déconnectées, il est possible de faire gentiment dériver l’arrière. L’ensemble n’en reste pas moins d’une stabilité impressionnante, la R8 acceptant les remises de gaz musclées en sortie de virage quasiment sans broncher.

Freinages ultra-tardifs grâce aux disques en carbone céramique, direction directe et précise, adhérence hallucinante et remises en vitesse foudroyantes grâce à la rage du V10 sont au programme de cette fusée routière. A ce tempo-là, soyez-en sûrs, vous serez plus vite épuisé que votre destrier mécanique et si ce n’est pas le cas, votre permis sautera très rapidement !

Budget

Eh bien, au risque de vous surprendre, c’est probablement le plus gros atout de cette R8 ! Affichée à 164.800 € dans sa version « de base » et à 186.500 € dans cette exécution « Plus », la R8 annonce des performances dignes de Ferrari, Lamborghini et autres McLaren, mais à un prix inférieur ! Bon, d’accord, elle se rattrape sur la consommation en ingurgitant en moyenne 14,5 l/100 km. Si vous avez le pied lourd, multipliez par deux ! Autre facteur à prendre en considération : sa très rapide décote. Le manque d’image passe hélas, par là aussi…

Conclusion

Plus discrète et moins prestigieuse que ses rivales de renom, la R8 n’a cependant rien à leur envier, hormis l’image de marque. Diabolique, elle est en effet capable de regarder quelques monstres sacrés italiens dans les phares, tout en permettant au simple amateur de « claquer » des chronos dignes de grands pilotes. Sa facilité de conduite est l’un de ses plus grands atouts et, assez paradoxalement, sa discrétion aussi. Ce qui ne veut pas dire que la belle Allemande manque de caractère, bien au contraire ! Bref, on a eu du mal à la rendre…