En 1989, Honda déboulait dans le marché des coupés sportifs avec un véritable O.R.N.I. : la NSX. Un engin destiné à rivaliser avec les prestigieuses sportives européennes. Pour y parvenir, la marque japonaise n’avait pas lésiné sur les solutions techniques innovantes pour l’époque. Disparue en 2005 du catalogue Honda, la NSX renaît enfin après moult péripéties. Fidèle à sa devancière, elle se démarque toujours de ses rivales sur le plan technologique. La NSX du troisième millénaire s’équipe ainsi, outre de son moteur V6 essence 3.5l bi-turbo (507 ch), de trois moteurs électriques. Si le premier se couple directement au moteur thermique pour booster les performances (+49 ch), les deux autres se couplent directement à chacune des roues avant (+37 ch). Ils permettent alors à la NSX de jouir d’un système de répartition vectorielle du couple particulièrement efficace. Contrairement à sa nouvelle rivale, l’Audi R8 préfère quant à elle le charme des vieilles marmites. Des grosses marmites plutôt : sur le plan mécanique, la sportive d’Audi n’accueille en effet toujours pour le moment qu’un bon vieux gros V10 5.2l atmosphérique sous son capot arrière.
Finition, équipement : avantage Audi
Devant ses yeux, le conducteur de l’Audi R8 retrouve le dorénavant bien connu grand écran TFT à la résolution admirable du « Virtual Cockpit ». Audi positionne également toutes les commandes nécessaires à la conduite sur le volant. Notamment la configuration des différents modes de conduite. Depuis le démarrage du V10 jusqu’à son extinction, le « pilote » n’a donc plus aucune raison de quitter le cerceau du bout des doigts. On soulignera également la finition de la R8, parfaite en tous points et les nombreux espaces de rangement. Sur ces deux points, la Honda se montre moins convaincante. Bien sûr, la finition reste soignée. Mais la qualité des plastiques n’atteint pas celle des matériaux utilisés chez Audi. On notera également que Honda relègue certains équipements au rayon des options alors qu’ils répondent présents en série sur la R8 V10 Plus. C’est le cas du système de freinage carbone-céramique. Mais aussi, et ça paraît plus mesquin à ce niveau de prix, du système de navigation…
Confort : avantage Honda
Opter pour la variante étiquetée « Plus » de l’Audi R8 V10 permet de recevoir une petite cure de vitamine en sus (la puissance passe de 540 à 610 ch) et quelques attirails spécifiques (aileron, freins en carbone, réglage de suspension…) permettant de se rendre plus sereinement à l’assaut des circuits. Mais il faut bien le reconnaître : en route, la R8 Plus devient alors plus figée et assure un confort de marche assez ferme. En outre, le gros bloc atmosphérique produit un niveau sonore assez élevé dans l’habitacle (mais quel son !). Bref, au chapitre confort, la Honda surclasse clairement l’Audi. Son amortissement, qui fonctionne selon deux modes, reste toujours relativement filtrant. Et puis, le mode « Quiet » permet de puiser dans la petite batterie lithium-ion pour traverser les villages ou évoluer dans les embouteillages en mode 100% électrique (sur une courte distance). Voilà un super-car particulièrement bien élevée…
Moteur : égalité
Difficile de départager les deux groupes motopropulseurs ici présents. Comment ne pas fondre devant la célérité avec laquelle le V10 Audi (d’origine Lamborghini…) grimpe vers des régimes himalayens ? Une caractéristique que les moteurs turbocompressés concurrents ne connaissent plus. Cravaché, le V10 délivre tout son potentiel au-delà de 6.500 tr/min pour exploser jusqu’à son régime maximal fixé à 8.700tr/min. Le tout dans une sonorité métallique enthousiasmante. Un vrai régal ! Cela dit, une fois configurée en mode « Sport+ » ou « Race », la Honda NSX ne fait pas non plus dans la dentelle. La sonorité du V6 3.5l change radicalement et les performances deviennent quasiment aussi stratosphériques. Au total, quand tous ses moteurs fonctionnent de concert, la Honda développe 581 ch mais surtout 646 Nm de couple contre 560 Nm pour le V10 de la R8 Plus.
Comportement routier : avantage Honda
L’Audi R8 V10 Plus faisait déjà partie de la caste des super-sportives qu’un enfant pourrait conduire (c’est une image bien sûr…), mais ce n’était finalement encore rien à côté de la nouvelle Honda NSX ! Dans les enchainements serrés, la japonaise profite de la répartition variable du couple sur ses deux moteurs électrique avant pour pivoter avec l’allégresse d’une ballerine. Il n’y a que dans les grandes courbes très rapides que l’avantage du système fond par rapport à la transmission intégrale plus classique de la R8 (les moteurs électriques de la Honda ne tournent alors plus assez vite…). Plus la vitesse augmente, plus le rendu de la direction de la Honda perd, en outre, en naturel et en précision. Sur ce point, la direction Audi semble meilleure. Mais pour le reste, la NSX assure un comportement dynamique époustouflant.
Budget : avantage Honda
Comptez environ 190.000€ de base pour ces deux modèles. Par contre, même si l’équipement est globalement complet sur la Honda, il faudra ajouter en sus 11.700€ si l’on veut repartir avec les freins céramiques et encore 2.300€ pour jouir du système de navigation comme sur l’Audi R8. Mais, ce qui s’avèrera finalement le plus contraignant avec la NSX, c’est d’arriver à en trouver une ; Honda ne compte en effet n’en livrer que 500 exemplaires pour toute l’Europe ; et de parvenir à l’entretenir. Sur les 8 points de service prévus en Europe, il n’y en aura ni en Belgique ni au Luxembourg. Par contre, en Flandre, la Honda NSX imposera un régime fiscal plus avantageux grâce à ses plus faibles émissions de CO2/km et sa cylindrée plus modeste. Le malus wallon baisse également de 2.500€ pour la R8 V10 Plus à 1.200€ pour la NSX.
Conclusion : avantage Honda
Le blason NSX reste synonyme de machine technologique hyper-efficace. Sur le plan dynamique, la Japonaise rivalise sans peine avec les modèles qui sortent la grosse artillerie, comme l’Audi R8 V10 dans sa variante musclée « Plus ». Certes, la présentation de l’habitacle et les aspects pratiques déçoivent un peu (presque pas d’espace de rangement, coffre rikiki…) par rapport à ceux de l’Audi. Mais, en optant pour une NSX, les clients sont certains de jouir d’une certaine exclusivité vu la production, au compte-goutte, annoncée… Et puis, quel plaisir de cravacher la mécanique sur des routes sinueuses et, ensuite, traverser un village au pas sans le moindre bruit !