Pour la première fois de son histoire, Honda associe son célèbre système de distribution variable VTEC avec un turbocompresseur. Une alliance étonnante qui donne des résultats impressionnants : ce 2 litres délivre 310 chevaux à 6.500 tr/min, un couple de 400 Nm à 2.500 tr/min et un régime maximal épatant (pour un turbo) de 7.000 tr/min ! Pourtant, le célèbre pilote Gabriele Tarquini nous le confie : « Il s’agit de la partie la plus simple du boulot. Sortir tous ces chevaux du moteur, c’est facile ! Mais le plus dur, c’est de faire passer le tout sur le sol. ».

Un look un brin explicite…

Si les Civic Type R des premières générations préservaient une relative sobriété de style, il en va tout autrement avec ce modèle : aileron démesuré à l’arrière, rouge à lèvre dispersé sur toute la carrosserie, prises d’air explicites et quadruple sortie d’échappement sont là pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’une prolétaire version 1.6 l diesel. Toute cette parure de guerre peut sembler tapageuse, mais elle a un noble but : plaquer la voiture au sol via l’appui aérodynamique, tout en peaufinant la finesse de l’ensemble.

Les performances

L’aérodynamique peaufinée et le moteur herculéen donnent des résultats intéressants face au chronomètre : 5,7 secondes au 0 à 100 km/h et une vitesse de pointe de… 270 km/h ! Ne cherchez pas ailleurs, on ne fait pas mieux. Des performances qui claquent au travers d’une boîte manuelle à 6 rapports, dont l’étagement et le guidage sont bien dans la tradition maison : au milli-poil ! Si toutes les voitures avaient une boîte manuelle comme celle-là, il y aurait nettement moins de boîte auto !

Le tour de force

Comme nous le répète l’ami Gabriele, c’est le châssis qui mérite vraiment le détour. Car ces 310 chevaux ne transitent que via les seules roues avant ! Pour éviter que tout cela ne parte en fumée, Honda a mis les petits plats dans les grands en dotant sa belle d’un autobloquant mécanique et d’un train avant à pivot découplé. Les freins sont confiés à Brembo (qui dote la belle de généreux disques de 350 mm) et tant qu’à faire, une suspension pilotée optimise la polyvalence de l’ensemble.

Ambiance typée !

Type R ou pas, une Civic reste une Civic avec tout ce que cela comprend en terme de fonctionnalité et d’habitabilité ! Ouf ! Mais dans l’habitacle, il est difficile de confondre cette version avec une autre : les inserts rouges sont omniprésents, les sièges baquets rappellent le pedigree de la bête et le petit levier en aluminium donne envie de taquiner le chrono.

Un petit tour en ville ?

Difficile de longer les murs avec pareils appendices aérodynamiques… Mais pourtant, la Civic Type R se prête de bonne grâce à l’exercice urbain : les commandes impeccablement calibrées facilitent la prise en main, le moteur affiche une agréable rondeur et la direction se veut suffisamment douce. Mais en dépit de l’amortissement piloté, on aurait aimé un peu plus de souplesse dans les suspensions.

Bouton magique

L’horizon se dégage, la route tournicote, il est donc temps de passer aux choses sérieuses ! Pour donner un petit coup de pouce aux événements, le bouton « +R » répond présent : avec lui, l’instrumentation passe au rouge, la direction devient plus ferme, le moteur est plus prompt et surtout, l’amortissement se durcit de 30 % ! Entre nous, réservez ce bouton à un usage sur piste, car sur revêtement même légèrement dégradé, la suspension raffermie nuit au plaisir.

Fureur de vivre

Très précise, la Civic Type R plonge dans les virages avec enthousiasme et en ressort comme une fusée grâce à son autobloquant qui fait passer toute la furie sur le sol. Les conditions de ce premier essai étaient certes idéales (routes bien revêtues et sèches), mais le résultat n’en est pas moins stupéfiant ! Le volant n’est que peu soumis aux effets de couple et sa précision est à citer en exemple.

Toujours plus fort !

Ultra efficace, la Type R donne l’impression de pouvoir entrer toujours plus vite en virage, tout en permettant d’accélérer toujours plus tôt ! Sidérant. Pendant ce temps, le train arrière suit, ne bronche pas, et lorsque vous lui tirez l’oreille par un sauvage « lever de pied » en virage, il ne consent qu’à légèrement enrouler, ce qui est suffisant pour resserrer la trajectoire. Sage, inébranlable, la Civic Type R n’a donc pas le côté « guilleret » d’une Ford Focus ST.

Sur circuit

Quelques tours sur le Slovakia Ring nous ont confortés dans nos ressentis. L’équilibre est excellent pour une routière et la facilité de conduite, épatante. Pilotée sur un tempo des plus soutenus, la Type R finit par révéler une nature assez sous-vireuse et manque d’un peu de stabilité sur les violents freinages dégressifs. Il s'agit des rares griefs que l’on peut lui adresser et encore, seuls les « pistards » les plus aguerris le remarqueront. Sur la route, la Civic Type R reste une arme absolue. Et quels freins : puissants et inépuisables !

Et ce moteur ?

Formidablement souple en utilisation « tranquille », il dévoile un caractère rageur dès que le conducteur essore le compte-tours ! Avec un pied droit plombé, son temps de réponse sous 2.500 tr/min est sensible, mais au-delà, quelle verve ! Hélas, les nostalgiques des précédentes Type R qui vrillaient les tympans à hauts régimes avec une musicalité stridente devront se faire une raison : la Type R actuelle ne sait pas chanter. Son bourdonnement sourd à basse vitesse est sympathique, mais au-delà, le moteur grogne fort, très fort, mais sans harmonie et en résonnant désagréablement.

Tarif

Ici, c’est simple : Honda réclame 34.000 €. Le Pack GT qui rajoute la climatisation bizone, une stéréo évoluée, les jantes de 19 pouces, la navigation, les capteurs de parking… demande quant à lui, 2.500 €. Un prix concurrentiel, si l’on tient compte de la puissance ! Au niveau des émissions de CO2, la Type R annonce 170 g CO2/km, ce qui est une grosse bouffée !

Conclusion

Au terme de cette première prise en main, la Type R nous a dévoilé un sacré potentiel. Rageuse et ultra efficace, elle n’est donc pas une voiture pour frimeur avide d’ailerons exubérants, mais bien une sportive pour authentique passionné qui n’hésite pas à fouler l’asphalte des circuits de temps à autre. On l’aura attendue longtemps, mais cela valait le coup ! En voilà une qui redonne des couleurs sportives à la marque. Reste à voir ce que Ford avec sa toute dernière Focus RS (4x4, 320 ch) réserve comme réponse… Un duel au sommet semble inévitable !