François Piette

13 MAR 2015

Essai Volvo XC90 : Vent de fraicheur

Ils sont souvent arrogants, patauds, énormes et gourmands. Si les SUV ont la cote, les pachydermes du genre se voient aujourd’hui délaissés pour des modèles plus compacts. Pourtant, chez Volvo, on y croit encore et ce XC90 apporte un véritable vent de fraicheur, tant à la marque qu’au segment.

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Avec ce XC90, Volvo entame sa révolution. Nouvelle plateforme, nouveaux moteurs, nouveau système multimédia, tout est revu, repensé, remodelé. Le Suédois parle aussi d’une refonte stylistique mais, à ce sujet, il faut bien avouer que le XC90 ne bouleverse pas vraiment les codes de la maison. On s’attendait à une rupture brutale et… ce n’est pas tout à fait ce qui est arrivé !

Un très gros bébé

Bien sûr, il y a les phares intégrant un T lumineux (aux dires de la marque, cela représente le marteau du Dieu Thor…) qui rajoutent une petite dose de fantaisie sur la face avant, mais pour le reste, on se retrouve face à un SUV très généreux (4,95 m de long !), costaud et aux larges épaules. Les dimensions impressionnent, mais n’intimident pas, grâce à un dessin finalement très sobre. Et sachez que s’il paraît pantagruélique, il économise quelque 125 kg, grâce notamment à une toute nouvelle plateforme, d’une flexibilité quasi-totale.

Volvo, le chantre de la sécurité…

Volvo et la sécurité, c’est une longue histoire passionnée : l’arsenal sécuritaire présent le prouve ! Et celui-ci est si large qu’il fait du Volvo XC90, l’une des voitures les mieux armées du marché ! On y retrouve les dispositifs habituels (alerte de changement de bande, régulateur de vitesse adaptatif, alerte de trafic arrière), auxquels Volvo rajoute le système de freinage automatique en cas de détection de piéton/voiture/cycliste, de jour comme de nuit, et même, de voiture roulant en sens inverse en virage. Et ça, c’est nouveau ! La conduite autonome est bien entendu de mise…

Une ambiance de Spa scandinave

Le clou du spectacle, c’est incontestablement l’habitacle. Un univers calme et reposant qui incite à la conduite détendue… Sur ce plan, le XC90 se révèle infiniment plus chaleureux que ses concurrents, tout en affichant une finition au meilleur niveau. Du cuir à tous les étages, du bois véritable, quelques inserts métalliques : le plastique ne fait que quelques très rares intrusions ! On est presque surpris de ne pas trouver un jacuzzi dans le coffre !

Généreux

Avec une longueur tutoyant les 5 mètres, le XC90 affiche naturellement une copieuse habitabilité. Les familles nombreuses seront aux anges : quand Volvo annonce 7 places, ce n’est pas du pipeau ! Très généreux aux cinq premières places, la XC90 sait également accueillir avec élégance deux personnes supplémentaires, à la condition que ces dernières ne dépassent pas 1m70-1m75. Une autre bonne nouvelle ? Le coffre, somptueux et parvenant à garder un espace honorable avec les 7 sièges en place.

Multimédia

Le Volvo XC90 se met, lui aussi, à la tablette tactile, avec un écran géant et particulièrement intuitif. Le système est capable d’intégrer et de jouer les miroirs avec votre smartphone, possède bien évidemment une connexion Internet, télécharge des applications et surtout, peut distiller vos morceaux musicaux préférés via une flamboyante installation Bowers & Wilkins de 1400 Watts et aux 19 haut-parleurs ! Le XC90 se mue alors en salle de concert !

Confort assuré

Lors de cette première prise en main, nous avons pu essayer les D5, T6 et, dans une version encore non définitive, la redoutable T8. Dans tous les cas, le superbe confort de suspension ne compromet jamais l’agilité du mastodonte. D’un filtrage parfait, le XC90 parvient malgré tout à contenir ses mouvement de caisse grâce à sa suspension pneumatique adaptative (en option) ! Un sacrément bon boulot. Si ce n’est évidemment pas sa tasse de thé, il parvient même à distiller un certain plaisir de conduite sur routes de montagne. Seuls les freins, T8 exceptée, hisseront rapidement le drapeau blanc pour calmer vos ardeurs…

Sous le capot

Côté motorisations, et quand la concurrence se gargarise de V6 et de V8, le XC90 ne s’en remet qu’à des 4 cylindres de 2 litres, tant en essence qu’en diesel. La gamme présente actuellement les D4 (4x2 ou 4x4, 190 ch, 400 Nm), D5 (4x4, 225 ch, 470 Nm, 152 g CO2/km), T5 (4x4, 254 ch, 350 Nm), T6 (4x4, 320 ch, 400 Nm) et T8 (4x4, 400 ch, 640 Nm, 59 ou 64 g CO2/km). Dans tous les cas, la boîte automatique à 8 rapports est imposée.

En dépit d’une gestion de boîte automatique manquant de piquant, le D5 nous a épatés par son allonge et sa disponibilité à tous les régimes ! Difficile de croire qu’il ne s’agit que d’un petit 2 litres ! Bien isolé, ce moteur biturbo assure d’excellentes prestations au XC90. Reste à vérifier si la consommation profite réellement de ce petit moteur, notre moyenne s’étant élevée au-delà des 11 l/100 km sur ce parcours il est vrai tourmenté, de l’arrière-pays catalan.

En T6, le voyage est naturellement encore plus musclé, à l’instar de la consommation, d’ailleurs. Bardé d’un compresseur et d’un turbo, ce moteur essence de 320 chevaux affiche une santé étonnante, tout en restant relativement discret. Il mériterait cependant une sonorité plus soignée, plus « prestigieuse » !

T8 Twin Engine

La T8 est un cas particulier. Son moteur essence de 320 ch (identique à celui de la T6) n’anime que les roues avant, ce qui se ressent dans le comportement routier : le train avant suffoque rapidement sous les coups de boutoir du moteur essence ! Les roues arrière, elles, se voient entrainées par un moteur électrique de 80 chevaux. Hybride de type plug-in, elle annonce une autonomie de 40 km sur le mode électrique, ce qui lui permet de n’afficher que 59 g CO2/km lorsqu’elle est montée sur des jantes de 19 pouces. Avis aux indépendants : cela signifie une déductibilité à 100% !

Au total, avec 400 chevaux et 640 Nm, les prestations de cette T8 sont réellement dignes d’une concurrente motorisée par un V8 biturbo ! Bluffant, époustouflant même, mais pas encore tout à fait au point, notamment au niveau du ressenti des commandes. Les ingénieurs nous promettent que la version de série, commercialisée à la fin de cette année, sera parfaitement aboutie.

Tarif

Nettement plus haut de gamme que la version précédente, le XC90 gonfle ses prix. Disponible à partir de 51.400 € (D4, 5 sièges, 2 roues motrices), il calque ses prix sur celui de ses concurrents germaniques, à qui il n’envie pas grand-chose, à vrai dire… Si l’équipement sécuritaire est au meilleur niveau, la liste d’options est malheureusement, elle aussi calquée sur ses rivaux teutons ! En clair, c’est vraiment long, et pas forcément bon marché…

Pourtant, le XC90 est déjà un grand succès : en Belgique, et avant même que la voiture n’arrive en concessions ou ne soit disponible pour les essais, il s’en est vendu 633 exemplaires, dont 60 % de T8 ! A terme, le D5 prendra sans doute le rôle de locomotive en terme de ventes.

Conclusion

Outsider de longue date des marques germaniques, Volvo les regarde aujourd’hui droit dans les yeux avec un produit bluffant. Le XC90 est une réussite, bouscule les traditions, y compris celles de la maison, et a l’intelligence de concurrencer les Mercedes ML, Audi Q7 et autres BMW X5 avec une personnalité tout à fait atypique. Le prix à payer est costaud, mais justifié.

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